La chambre des dames

Jeanne se disait que l'amour est mouvant ,que le coeur n'est pas sûr, qu'il faut être bien naïve pour croire que les créatures de Dieu sont blanches ou noires, alors que tout le monde est gris !

Parmi ceux qui étaient revenus, beaucoup avaient déjà tenté de faire revivre pour leur plaisir et celui de leurs auditeurs les sortilèges de la Terre Sainte. Ils y parvenaient plus ou moins. Philippe, lui, s'exprimait en poète. Il avait regardé, rêvé, compris, aimé, métamorphosé, à travers son art, cette région originelle où l'ombre de la Croix et celle du Croissant s'étendaient sur un sol fécond en miracles.

"Tenez-moi bien, belle amie, ne craignez point de me serrer fort, nous allons galoper bon train, dit le jeune pelletier à sa compagne sans élever la voix afin de n'être entendu que d'elle seule. Que ne puis-je vous emporter ainsi au plus profond des bois où Tristan se réfugia avec Yseult !"

La nuit, en silence, enveloppait la ville aux portes closes, ses projets, ses joies, ses souffrances, tandis que les veilleurs du guet s'apprêtaient, une fois encore, à surveiller son repos.

Telle Pénélope, vous vous penchez avecapplication sur un de ces éternels travaux fémininsqui vous servent si bien d'échappatoires.

Jeanne se disait que l’amour est mouvant, que le cœur n’est pas sûr, qu’il faut être bien naïve pour croire que les créatures de Dieu sont blanches ou noires, alors que tout le monde est gris !

Ce ne fut, ensuite, que tourbillon, envahissement, frénésie, déferlement, jouissance, anéantissement.

Jeanne se disait que l'amour est mouvant ,que le coeur n'est pas sûr, qu'il faut être bien naïve pour croire que les créatures de Dieu sont blanches ou noires, alors que tout le monde est gris !

Ils étaient une centaine, partis quatre jours plus tôt de Paris, à pied, à cheval, à dos d'âne ou de mulet, qui cheminaient ainsi vers le tombeau de Saint Martin pour implorer un miracle, accomplir un voeu, ou rendre grâce d'un bienfait. Ils avaient déjà vu se succéder le soleil, la pluie, les brumes du matin, les crépuscules fauves, la tiède chaleur des derniers jours d'automne précédée et suivie de l'aigre haleine des aubes et des soirs.

Sur les longues tables étroites, simples planches supportées par des tétreaux pour la durée du repas, disposées en U et recouvertes de nappes blanches, Florie reconnaissait l'orfèvrerie qui étincelait. A chaque occasion tant soit peu importante, et c'était là, ce soir, une délicate attention de la part de ses parents envahi eux deux, on sortait la nef personnelle du maître de maison, en argenterie, ainsi que la crédence, les couteaux à manches d'ivoire, les cuillers et les écuelles en argent, les hanaps de cristal cerclés d'or. Tous ces objets ciselés dans les ateliers paternels lui rappelaient des réceptions situées dans un passé qui se détachait d'elle déjà et dont elle découvrait que son mariage, comme une barrière, la séparait.
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