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sur 1185 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
3 semaines? Un mois? J'ai parfois tenté de l'oublier au fond de mon sac. Je l'y laissais pour les attentes, les trajets en bus - pour ne rien avoir d'autre à lire mais dès que je m'y plongeais, j'y étais si entièrement qu'il m'est arrivé de rater le bus, même plusieurs, de rester là, toute bête, prise dans les batailles, dans les tranchées boueuses, dans l'action sordide mais fascinée de manière morbide, choquée.

Ce n'est pas de gaieté de coeur que je lis un roman sur la guerre - la sale guerre et ses atrocités. Ce n'est pas non plus pour m'informer, j'en ai à peu près fait le tour sous toutes ses formes et ces amerindiens volontaires qui se sont engagés ajoutent un peu au tableau, mais c'est surtout le parcours à faire qui m'a retenue. le chemin des âmes. Pour savoir ce que c'est, connaitre la révélation après cette traversée? Ou juste pour accompagner jusqu'au bout car si Xavier veut rentrer, il ne peut pas et moi, je ne veux plus lire, mais s'il reste, je reste aussi.

Ce n'est pas de la solidarité, c'est un cheminement, en serrant les dents, aller jusqu'au bout, de bataille en bataille, de meurtre en meurtre, d'horreur en horreur et de voir l'un y trouver du plaisir, se sentir enfin lui-même (ou devenir fou comme le pense Xavier) et l'autre souffrir, autant de la situation que de son sentiment de non-appartenance et peut-être aussi, de jalousie. Ce qui laisse songeur puisqu'on voit la guerre de son point de vue uniquement. L'indien trop indien, l'autre pas assez.

C'est insoutenable. Une ordalie. Absurde. le moins que l'on puisse dire, c'est que ce texte ne laisse pas indifférent, même si le reprendre, le finir, tient du masochisme. Ou d'une épreuve. Mais laquelle? Et quel chemin a fait l'âme du lecteur au côté de ces deux amis partis se battre dans la guerre des autres?
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Cher Isi,


Je suis bien rentrée sous mon tipi, et t'écris en fumant le calumet que nous n'avons pas eu le temps de partager. J'espère que tu es bien remis de notre chevauchée de trois jours où nous avons raccompagné, sur nos appaloosas, Xavier et la tante qui remontaient la rivière en canoë jusqu'à chez eux.


J'ai trouvé impressionnant d'accompagner tante Niska jusqu'au train pour récupérer Xavier. Ou plutôt son fantôme... Car Isi, dans quel état ils nous l'ont rendu ? Je ne sais pas si j'ai eu plus de peine en croisant son regard sans vie sur son visage cadavérique, ou en m'apercevant qu'il lui manquait une jambe. J'aurais voulu lui poser tant de questions alors, mais la tante a eu raison de nous enjoindre de lui laisser reprendre des forces. D'ailleurs peut-être est-ce un grand mot. J'ai l'impression qu'il tirait ses dernières ressources de sa médecine à aiguille qu'il a ramené de cette guerre entre la France et l'Allemagne… Et en même temps, la tante a raison, peut-être que ce venin qu'il s'infiltrait faisait ressortir le poison qui hantait ses rêves, lui permettant comme une fièvre d'expulser toute la noirceur accumulée.


C'était terrible d'entendre ses psalmodies, ses cauchemars, ses peurs à ciel ouvert… Trois longues journées à chevaucher sous ses souvenirs de la guerre, les horreurs qu'il a vues et celles qu'il a commises au nom et pour le compte d'un peuple qui le voyait à peine, et pour un combat qui n'était pas le sien, ni celui de notre peuple. La tante a bien fait, dans les moments où il s'apaisait, de lui raconter sa propre histoire d'indienne, elle qui s'est toujours battue pour sa liberté que les blancs appelle sauvagerie. Je crois que ses récits faisaient beaucoup de bien à Xavier, à son esprit et à son corps. Cette voix apaisante qui nous ramène aux sources, aux choses simples et au sens de la vie, dans un monde où la vie a un sens, un monde où on ne tue que pour la conserver et sauver la sienne. Un monde où creuser des tranchées pour exploser la gueule du plus d'humains possible n'est même pas envisageable, et n'a aucun sens. « Chacun se bat sur deux fronts à la fois, l'un contre l'ennemi, l'autre contre ce que nous faisons à l'ennemi ».


Les récits que la tante intercalait entre deux réminiscences de scènes de guerre sont ceux qui m'ont le plus émerveillée, car même lorsqu'ils parlaient de famine ou de descentes de blanc pour les civiliser, les mater, les martyriser et les parquer dans des réserves, ça me faisait du bien d'entendre que les nôtres s'attachaient au sens des choses. Et puis cette romance, sous la tente de sudation, avec le beau chasseur blanc… Ça commençait si bien ! Indispensable chasseuse de wendigo, la tante est une passeuse formidable, qui continue de se battre pour transmettre ses dons et perpétuer les traditions. Pour autant, j'apprécie quand même d'avoir pu entendre les cauchemars éveillés de Xavier. J'ai trouvé ça long, pourtant, et parfois répétitif, souvent trop violent pour moi lorsque ses souvenirs s'intensifiaient au rythme des combats dans lesquels son esprit replongeait. Mais ça m'a aidé à le comprendre, car jamais il n'aurait raconté tout cela consciemment. Comme la plupart des nôtres, il est plutôt silencieux sur ses « exploits ». Sauf Elijah, mais toi et moi savons ce que ça lui a valu, n'est-ce pas ? Deux guerriers Crees se servant de leur expérience silencieuse de la chasse pour décimer les lignes allemandes… L'un d'entre eux qui commence à aimer ça ; Au bout du compte, comme disait Elijah, « nous faisons le sale boulot à leur place : Quand nous rentrerons chez nous, rien d'autre n'aura changé, on nous traitera toujours comme des merdes. Mais tant que nous sommes ici, il n'y a qu'à faire ce que nous savons si bien faire ».


Sais-tu ce que j'ai préféré, Isi ? La fin de cette aventure. Encore une fois, c'est elle qui donne son relief à l'histoire, sa rondeur, qui boucle la boucle, referme le cercle, celui de la vie éternelle ou de l'éternel recommencement, de la renaissance. Lorsque leurs deux voix se rejoignent, lorsque le passé et le présent ne forment plus qu'un. Car alors tout s'éclaire, le job a été fait et bien fait, tout a finalement un sens. « Je suis devenu ce que tu es, Niska », a marmonné Xavier, tu te souviens ? Et c'était tellement vrai. Paix à leurs âmes pleines de vie, puissent-elles trouver le chemin de futurs lecteurs. En attendant, je te remercie infiniment d'avoir accepté de parcourir ce chemin avec moi. Ça restera un souvenir éprouvant, mais beau, aussi.


Amicalement,
Onee-qui-est-devenue-fan-de-ton-ragout-d'orignal-aux-racines.


L'avis d'Isidoreinthedark :
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Voilà un vibrant hommage à ces Indiens partis se battre en France, en Belgique, enrôlés dans un conflit qui les dépasse. Des membres de tribus déjà bien éprouvées par un manque de tolérance et de respect. L'auteur en profite pour nous décrire avec force détails les atrocités et les aberrations de la guerre. Ces gamins, faut-il le rappeler, étaient exposés sans merci à une véritable boucherie. Il insiste aussi sur les traumatismes qu'ils soient physiques ou psychologiques. Alors, comme certains hommages, c'est parfois un peu long, un peu lourd, un peu chargé et j'ai souvent eu envie de décrocher. L'atmosphère, comme une sorte de huis clos est souvent insoutenable. Heureusement, la vieille Indienne est là , avec sa sagesse, sa volonté, ses souvenirs. Les histoires qu'elle raconte à son neveu pour le guérir sont comme une bouffée d'oxygène. Ce roman est aussi une description de l' amitié profonde qui unissait les 2 garçons. Les dernières pages sont sublimes , elles font oublier la noirceur de certains passages et témoignent de la puissance d'un amour vrai, sincère, salvateur.
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J'ai aimé ce récit sur une guerre qu'on a tant de facilité à oublier.
Les descriptions des combats, leurs monstruosités vous prends aux tripes.

C'est aussi une histoire d'Indiens, Niska (la tante) qui conte ses souvenirs et ses coutumes indiennes (windigo), Xavier le neveu, partit à la guerre en France et ne parlant que sa langue maternelle le Cree, avec son ami Elijah, pris dans une folie meurtrière.

Une histoire de héros, de perte de repère, d'âme perdue par le poison de la médecine, d'un peuple amérindien décimé et éduqué à coup de bâton par une soi-disant civilisation…

Un chemin des âmes hors du commun qui vous mènera dans des terres oubliées, trois jours, un combat, une vie à sauver !

Bonne lecture !
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Le chemin des âmes est un roman bouleversant.
Le récit d'une amitié sur le front et l'horreur de la guerre. L'auteur s'est particulièrement documenté pour nous faire vivre pleinement la vie dans les tranchées, les techniques d'approche de l'ennemi et la folie de ses snippers, invisibles sur le terrain et attendant patiemment le bon moment pour tuer. Après ce chaos, cette perte d'identité et des valeurs, le retour à la vie est impossible.
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C'est un roman à 2 voix, 2 chemins et 3 âmes principales !
Un chemin en clair obscur : celui de Niska la vieille indienne Cree qui nous transporte au loin dans ses forêts, sa rivière, ses ancêtres et leurs coutumes en voie de disparition et d'un autre coté dans l'enfer de la Grande guerre !
Niska est allée récupérer son neveu Xavier à la gare, il est moribond et amputé d'une jambe . Et, Niska veut le ramener chez eux à Moose Factory en remontant le cours du fleuve ! Pendant ce trajet qui dure plusieurs jours, Xavier sous morphine se remémore ses combats en Belgique avec son frère d'adoption Elijha , celui à qui il a appris la chasse, le tir et la vie naturelle des" Cree" avec Niska. Il revoit les tranchées boueuses, la pluie incessante, le froid, les poux qui les dévorent, la faim, les bombes, les gaz, les flammes, les morts et les " boches "qui les pilonnent ! Il revoit Elijah : son ami, son frère qui a pris de plus en plus de plaisir à tuer, à scalper les allemands et, qui pour être reconnu en tant que tireur d'élite indien, pour faire face à la peur se drogue jusqu'à la folie ! Dans le canoë qui les ramène ramène à Moose Factory, Niska pense à sa vie passée toute seule et rebelle dans la forêt, en survivant avec les fourrures qu'elle obtient avec les pièges , sa dévotion au Manitou, ses dons de Medium et son refus de rejoindre les réserves ou s'en vont inexorablement les indiens !
Mais, c'est sur : elle va cueillir les bonnes plantes pour Neveu, le faire revenir à la vie en lui faisant oublier les horreurs de la guerre et en lui réapprenant la nature, les traditions ancestrales en espérant que leur lignée pourra perdurer avec celui qu'elle a élevé comme un fils, comme un véritable algonquien !
Un roman lumineux du coté des territoires sauvages et merveilleux du Canada et , très sombre du coté de la mort de tous ces jeunes soldats dans des conditions inhumaines et vaines !
Joseph Boyden en opposant les 2 cotés des chemins et les âmes errantes qui se sont perdues sur le sentier de la guerre nous propose une réflexion sur l'inutilité et l'insignifiance des combats humains !
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Témoignage glaçant des guerres de tranchées de 2 indiens engagés volontaires dans l'armée canadienne en 1917. Si ces récits de guerre nous sont familiers par l'ampleur des sources littéraires, journalistiques, cinématographiques...on en reste toujours estomaqués : comment l'homme a-t-il pu créer et supporter une monstruosité pareille?! Elijah et Xavier sont deux amis d'enfance ayant grandi dans la tradition indienne, élevés au rang de tireurs d'élite et de héros de guerre, mais à quel prix? Rien ne pouvait les préparer à ce qu'ils vécurent, à cette pure folie qui n'épargnera aucun d'eux... Bien que certains passages dans les tranchées auraient mérité d'être plus courts, c'est un roman qui nous touche en plein cœur.
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Voilà un moment que j'entendais parler de l'auteur canadien Joseph Boyden. J'ai eu l'occasion de le rencontrer l'an passé, à l'occasion d'une conférence sur les minorités aux Etats-Unis et j'avais beaucoup aimé son univers. Je me suis donc lancée dans la découverte de sa plume en cette fin d'année grâce à ma cousine et à nos lectures communes. Celle-ci portait sur le thème « immersion dans la culture indienne ». Même si cette dernière n'est pas au coeur de l'intrigue, on en apprend un peu plus sur certaines pratiques et on découvre, surtout, la première guerre mondiale vue des tranchées.

Nous faisons ici connaissance avec Niska, une indienne âgée qui reçoit, un jour, une lettre lui indiquant que son neveu Xavier est mort au front mais que son ami Elijah est vivant. Elle se rend donc en ville pour aller le chercher mais là, surprise, c'est bel et bien son neveu, comme elle aime l'appeler, qui descend du train. Mais que s'est-il donc passé en France ? Pourquoi cette méprise ? Pourquoi Xavier semble-t-il encore si loin ? Qu'a-t-il vécu sur le front ?

Niska est une indienne qui vit en toute liberté, loin de la ville et des réserves qu'elle fuit. Elle n'a pas eu une enfance facile et s'est plus ou moins construite seule. Attachée à son indépendance et à sa liberté, elle pratique la magie et le respect des traditions est primordial pour elle. On apprend qu'elle a recueilli son neveu Xavier qui, comme elle, ne s'acclimatait pas à la civilisation « blanche » et semblait épris de nature et de liberté. A son côté, il va devenir un chasseur et affuter ses réflexes, ce qui sera un réel avantage une fois sur le front. Très solitaire, il a toujours vécu avec sa tante puis avec son ami Elijah. En rejoignant l'armée, il est un peu déboussolé, que ce soit à cause de la barrière de la langue ou de son mutisme naturel. Très discret, il va toujours essayer d'accomplir sa mission du mieux qu'il peut, dans l'intérêt du groupe. A l'inverse, Elijah va vite s'acclimater à l'armée et aux coutumes de ses compagnons d'arme. Tireur d'élite avec son ami, il va chercher la lumière et la reconnaissance des siens et de ses supérieurs. La guerre va avoir de graves conséquences sur lui et sur l'amitié qui le liait à Xavier…

Comme je le disais en introduction, ce voyage en canoë avec Niska et Xavier va nous permettre de découvrir des coutumes indiennes mais une grande part du récit concerne la vie dans les tranchées. L'auteur décrit avec précision ce qu'on appelle « l'enfer des tranchées », les angoisses des combats, les rudes conditions de vie et le quotidien des soldats. Même si c'est un sujet qui m'intéresse beaucoup et sur lequel j'avais déjà beaucoup lu, j'ai énormément appris, notamment sur la prise des tranchées ou les relations entre les armées alliées. Néanmoins, trop de détails tuent les détails et honnêtement, certains passages m'ont paru un peu long ou répétitifs. L'auteur a, je pense, été un peu trop perfectionniste et il m'a, par moment, perdu. En revanche, sa plume est très précise et elle nous plonge totalement dans les ambiances décrites. le lecteur est ainsi en totale immersion dans les tranchées et on se surprend parfois à baisser la tête, de peur que quelque chose nous tombe dessus. C'est une découverte intéressante, qui me donne envie de poursuivre ma découverte des écrits de Joseph Boyden.

Pour conclure, « le chemin des âmes » est un roman exigeant mais captivant. L'auteur nous embarque dans une histoire poignante qui nous permet de découvrir le quotidien des tranchées et des soldats partis au front. Un roman puissant, marquant qui ne laissera aucun lecteur indifférent.
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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Avec le Chemin des âmes, Boyden fait ce qu'il sait faire de mieux : des romans à plusieurs voix qui se répondent et tissent ensemble le grand fil du monde. Un livre beau, émouvant, fort, mais aussi instructif sur une part de la première guerre mondiale méconnue : la participation des Canadiens, notamment des Amérindiens.

Si vous avez déjà lu les autres tomes de la saga "Bird", vous savez déjà que Joseph Boyden, écrit toujours à la 1ere personne, en mêlant les témoignages de plusieurs personnages. Ici ce sont un jeune homme parti presque par hasard en France sur les sentiers de l'horrible guerre ; et sa tante, restée dans les forêts sauvages du Canada, qui se plonge dans ses souvenirs. Les deux sont Cree, un peuple amérindien du Nord des Amériques.

L'histoire, finalement, n'a ni véritablement suspense ni plan facile d'accès. Il s'agit simplement des témoignages mélés des deux protagonistes : l'horreur et l'absurdité de la guerre européenne d'un coté, vu par les yeux d'un jeune Amérindien déboussolé, et les souvenirs de vie dans les bois d'une vieille femme triste.

C'est simple, mais c'est brillant. Comme toujours avec Boyden, j'ai envie de dire. Cet auteur a un talent incroyable pour faire surgir du beau de ses témoignages. Un très chouette roman.
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Deux Amérindiens plongés dans l'enfer de la Grande Guerre: l'idée est surprenante, le résultat réussi et les personnages atypiques (of course !) et attachants. On croyait tout savoir sur la guerre 14-18, la littérature étant si foisonnante sur le sujet, mais non...
Écriture/traduction simple.
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