AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,35

sur 1174 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cher Isi,


Je suis bien rentrée sous mon tipi, et t'écris en fumant le calumet que nous n'avons pas eu le temps de partager. J'espère que tu es bien remis de notre chevauchée de trois jours où nous avons raccompagné, sur nos appaloosas, Xavier et la tante qui remontaient la rivière en canoë jusqu'à chez eux.


J'ai trouvé impressionnant d'accompagner tante Niska jusqu'au train pour récupérer Xavier. Ou plutôt son fantôme... Car Isi, dans quel état ils nous l'ont rendu ? Je ne sais pas si j'ai eu plus de peine en croisant son regard sans vie sur son visage cadavérique, ou en m'apercevant qu'il lui manquait une jambe. J'aurais voulu lui poser tant de questions alors, mais la tante a eu raison de nous enjoindre de lui laisser reprendre des forces. D'ailleurs peut-être est-ce un grand mot. J'ai l'impression qu'il tirait ses dernières ressources de sa médecine à aiguille qu'il a ramené de cette guerre entre la France et l'Allemagne… Et en même temps, la tante a raison, peut-être que ce venin qu'il s'infiltrait faisait ressortir le poison qui hantait ses rêves, lui permettant comme une fièvre d'expulser toute la noirceur accumulée.


C'était terrible d'entendre ses psalmodies, ses cauchemars, ses peurs à ciel ouvert… Trois longues journées à chevaucher sous ses souvenirs de la guerre, les horreurs qu'il a vues et celles qu'il a commises au nom et pour le compte d'un peuple qui le voyait à peine, et pour un combat qui n'était pas le sien, ni celui de notre peuple. La tante a bien fait, dans les moments où il s'apaisait, de lui raconter sa propre histoire d'indienne, elle qui s'est toujours battue pour sa liberté que les blancs appelle sauvagerie. Je crois que ses récits faisaient beaucoup de bien à Xavier, à son esprit et à son corps. Cette voix apaisante qui nous ramène aux sources, aux choses simples et au sens de la vie, dans un monde où la vie a un sens, un monde où on ne tue que pour la conserver et sauver la sienne. Un monde où creuser des tranchées pour exploser la gueule du plus d'humains possible n'est même pas envisageable, et n'a aucun sens. « Chacun se bat sur deux fronts à la fois, l'un contre l'ennemi, l'autre contre ce que nous faisons à l'ennemi ».


Les récits que la tante intercalait entre deux réminiscences de scènes de guerre sont ceux qui m'ont le plus émerveillée, car même lorsqu'ils parlaient de famine ou de descentes de blanc pour les civiliser, les mater, les martyriser et les parquer dans des réserves, ça me faisait du bien d'entendre que les nôtres s'attachaient au sens des choses. Et puis cette romance, sous la tente de sudation, avec le beau chasseur blanc… Ça commençait si bien ! Indispensable chasseuse de wendigo, la tante est une passeuse formidable, qui continue de se battre pour transmettre ses dons et perpétuer les traditions. Pour autant, j'apprécie quand même d'avoir pu entendre les cauchemars éveillés de Xavier. J'ai trouvé ça long, pourtant, et parfois répétitif, souvent trop violent pour moi lorsque ses souvenirs s'intensifiaient au rythme des combats dans lesquels son esprit replongeait. Mais ça m'a aidé à le comprendre, car jamais il n'aurait raconté tout cela consciemment. Comme la plupart des nôtres, il est plutôt silencieux sur ses « exploits ». Sauf Elijah, mais toi et moi savons ce que ça lui a valu, n'est-ce pas ? Deux guerriers Crees se servant de leur expérience silencieuse de la chasse pour décimer les lignes allemandes… L'un d'entre eux qui commence à aimer ça ; Au bout du compte, comme disait Elijah, « nous faisons le sale boulot à leur place : Quand nous rentrerons chez nous, rien d'autre n'aura changé, on nous traitera toujours comme des merdes. Mais tant que nous sommes ici, il n'y a qu'à faire ce que nous savons si bien faire ».


Sais-tu ce que j'ai préféré, Isi ? La fin de cette aventure. Encore une fois, c'est elle qui donne son relief à l'histoire, sa rondeur, qui boucle la boucle, referme le cercle, celui de la vie éternelle ou de l'éternel recommencement, de la renaissance. Lorsque leurs deux voix se rejoignent, lorsque le passé et le présent ne forment plus qu'un. Car alors tout s'éclaire, le job a été fait et bien fait, tout a finalement un sens. « Je suis devenu ce que tu es, Niska », a marmonné Xavier, tu te souviens ? Et c'était tellement vrai. Paix à leurs âmes pleines de vie, puissent-elles trouver le chemin de futurs lecteurs. En attendant, je te remercie infiniment d'avoir accepté de parcourir ce chemin avec moi. Ça restera un souvenir éprouvant, mais beau, aussi.


Amicalement,
Onee-qui-est-devenue-fan-de-ton-ragout-d'orignal-aux-racines.


L'avis d'Isidoreinthedark :
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          7531
Ce livre campe dans plusieurs iles desertes. Petite nature, influencable et malleable a souhait, je me suis mis a le lire moi aussi.
Je n'ai pas ete decu. Je ne l'emporterais pas dans mon ile, mais c'est decidement une belle lecture.

Deux recits s'entrecoupent, se completent et s'unissent. J'ai beaucoup aime l'un, un peu moins l'autre.
Deux indiens du Canada partent a la guerre de 14 en Europe. Un seul revient, mutile physique et moralement. La tante qui le recueille essaye de le remettre sur pied en lui racontant le passé, le vecu et les croyances de son people, les Cree.

Je commence par le moins (moins ne veut pas dire pas!). J'ai moins aime le recit guerrier. Je l'ai trouve trop hollywoodien, trop porte par les hauts faits d'armes des heros. Je n'ai pu m'empecher de revoir en memoire les classiques ecrits par les combattants d'alors, ou l'horreur etait presente aussi dans les moments de calme, dans les blague des soldats, jusque dans les permissions a l'arriere. Ou l'accent etait beaucoup plus mis sur la camaraderie, la solidarite, la fraternite qui liaient ces appeles. le feu, de Barbusse, La main coupee, de Cendrars, A l'ouest rien de nouveau, de Remarque.
J'ai beacoup plus aime les chapitres ou la tante fait revivre les indiens Cree, leurs tratitions, leur symbiose avec la nature. Peut-etre parce que c'etait une lecture plus depaysante pour moi, plus neuve. En tous cas elle m'a plus emue.

Le tout fait quand meme un tres beau livre. Traverse par un grand souffle epique et empreint de beaucoup d'empathie.Il atteint pour moi le firmament des quatre etoiles.
Commenter  J’apprécie          684
J'aime la marche dont je ne saurais me passer, elle m'offre un espace temps et géographique en guise d'évasion, produit quantité d'émotions à la vue des tableaux paysagers, et me procure des douleurs dues à l'effort que je trouve réjouissantes lorsqu'elles sont ressenties une fois le chemin arpenté. C'est un peu raccourci mais l'essentiel se tient dans ces quelques bienfaits qui libèrent une quantité non négligeable d'endorphines dans mon corps et mon esprit.

J'ai parcouru de nombreux sentiers, très beaux pour beaucoup, difficiles pour certains, récréatifs pour d'autres.

J'aime aussi la lecture dont je ne pourrais me passer pour des raisons qui s'apparentent à celles de la marche, effort physique en moins. Elle me procure également de très belles évasions avec parfois un flot d'émotions, entraîne mon esprit vers d'autres horizons et me fait vivre des expériences par personnages fictifs interposés.

C'est donc parfaitement préparée que je me suis lancée sur ce chemin des âmes, aussi motivée que lors d'un départ de randonnée dont on sait qu'elle sera ardue. J'y ai suivi Xavier et Elijah, deux indiens Cree qui se sont engagés dans l'armée canadienne et combattu contre les allemands en Belgique et en France pendant la première guerre mondiale, ainsi que la tante Niska, une vieille indienne chamane qui leur a appris à survivre en forêt.

La trame du livre est parfaitement construite, avec une alternance entre les cauchemars de Xavier se remémorant les horreurs vécues pendant cette guerre avec Elijah, les tranchées, les obus, les tirs, les morts, les rats, les poux, la morphine... et les évocations de Niska, ses mémoires, sa tribu... Ces évocations viennent alléger la tonalité générale du roman et m'ont autant intéressée que les souvenirs de guerre descriptifs, immersifs. Ils prennent aux entrailles. Les souvenirs de chasse avec Elijah enfants/adolescents le sont tout autant. Mais j'ai eu beaucoup de mal avec la scène d'ouverture du livre, la martre tuée et écorchée uniquement pour sa fourrure. du coup, j'ai lu les autres scènes de chasse en diagonale, elles évoquent un orignal, je ne sais même pas ce qu'il est devenu, pas lu ! Cela a légèrement gâté ma lecture. Un peu comme si l'on débute une belle randonnée par quelque chose qui nous rebute, dans mon cas c'est par exemple la présence d'un serpent sur le chemin. Cela nuit à mon plaisir ensuite, car je garde les yeux fixés sur le sentier par crainte de tomber sur un autre rampant détesté au détour d'une courbe. Cette martre m'a fait le même effet. J'ai craint d'autres détails de même nature dans les passages liés aux souvenirs de chasse. le plaisir de lecture en a été altéré :(

Mais mis à part ce bémol conjugué à des longueurs relatives à des souvenirs de guerre parfois répétés et longs, ce chemin qui se parcourt au moyen d'un canot pendant 3 jours est de toute beauté en dépit de sa nature très sombre. J'ai trouvé cette histoire touchante, triste, très triste. Elle nous entraîne aux tréfonds d'un être torturé par son passé, souhaitons qu'il parvienne à se libérer durant ce voyage non seulement de son addiction à la morphine mais aussi de ses démons, ses cauchemars. Il pourra compter sur l'aide de Niska, aura-t-elle le pouvoir de le faire renaître ?
Commenter  J’apprécie          6528
Dans le chemin des âmes, Joseph Boyden décide d'utiliser la puissance évocatrice de la guerre, de la terre, de la famille et de l'amitié.

Certains faits historiques ont un impact si fort qu'on ne cesse d'y revenir, comme par nécessité, en les interrogeant encore à des décennies de distance.
Qu'est-ce qui nous y pousse réellement?

Chez Boyden c'est peut-être l'envie de raconter un peu de sa propre histoire. Canadien aux racines indiennes, il porte en lui un peu de ces deux jeunes hommes pris dans les horreurs de la Première Guerre Mondiale, partis attirés par l'aventure et la reconnaissance, amputés à leur terre, à leurs racines, à la magie de leurs descendance.

Parfois son récit pourrait croiser celui de A l'ouest rien de nouveau d'Erich Maria Remarque, tant les histoires finissent par se ressembler dans l'épouvante des saignées de terre, de briques et des boue des tranchées.

Le chemin des âmes est de ces romans qui vous broient les tripes, vous retourne le cerveau et vous arrache le coeur.
Il est construit comme une descente en pirogue au cours d'un fleuve, au travers des sensations et des souvenirs.
Puissants, monstrueux, innommables.
Les moments heureux et les tragédies se côtoient dans une construction polyphonique qui maîtrise parfaitement les sauts intemporels.

Un premier roman étonnant de maîtrise, une écriture au scalpel, évocatrice, imagée, rythmée et quasi clinique, qui transcende et rend hommage à tous ces jeunes gens tombés dans le front, comme un exercice de mémoire, pour ne jamais oublier.

Commenter  J’apprécie          520
Une écriture envoutante qui rend justice aux peuples autochtones canadiens qui ont combattu en Europe pendant la 1er guerre mondiale.
Dans des chapitres alternants temps et espace, nous allons suivre Niska vieille indienne cree, son neveu Xavier et son meilleur ami Elijah.
Ce roman aborde l'horreur des tranchées ; on ressent la boue, la pluie, la chaleur, la crasse, la vermine et la peur.
Nous est également conté la vie autochtone, les traditions, les coutumes qui se délitent, la chasse et les paysages.
Il est aussi questions de folie des hommes, de traumatismes, de choix impossibles de racisme et d'amitié malgré tout.
C'est un voyage initiatique, un chemin de guérison.
C'est magnifiquement écrit, poétique avec un rythme quasi hypnotique qui n'est pas exempt de quelques longueurs.
Un roman marquant.
Commenter  J’apprécie          480
Frères d'âme de David Diop et/ou Le chemin des âmes. A quelque chose près, la même histoire, celle-ci en version longue. Deux amis indiens, élevés comme des frères, dans les tranchées de la guerre 14-18. La folie habitera l'un des deux qui scalpera ‘ses' morts pour en faire des trophées. Dans cette version, un peu longue je trouve surtout celle des tueries, celui qui survivra sera recueilli par sa tante qui racontera son enfance indienne. Un roman fort mais que j'aurai sans doute mieux apprécié si je l'avais lu avant celui qui lui ressemble étrangement.
Commenter  J’apprécie          475
Pour les Cris, l'âme d'un défunt est conduite par un esprit au pays des morts. Ce voyage sur le chemin des âmes est d'une durée de trois jours. Trois jours, c'est le temps qu'il faudra à Niska et à son neveu Xavier pour rentrer chez eux en canoë, vers la Baie d'Hudson, où se trouve leur campement. Xavier a servi plusieurs années dans l'armée canadienne et a combattu sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. S'il y a perdu une jambe, ses principales blessures sont psychologiques, tant il se trouve tourmenté par de profonds traumatismes. Sur le chemin du retour, de nombreux souvenirs vont resurgir impulsés par les rêves, un état fiévreux et la morphine qui lui permet d'apaiser ses souffrances. Dans son esprit, il est beaucoup question de son meilleur ami Elijah, avec qui il a grandi et avec qui il a traversé ces terribles épreuves. Sa tante lui fera aussi le récit de leurs existences erratiques "d'Indiens des bois". Ce voyage et les soins chamaniques de Niska permettront-ils à Xavier de purifier son âme et de - peut-être - trouver une rédemption?

Dans ce roman, il est question de la Première Guerre mondiale sous le prisme - trop méconnu pour un lecteur français - de la participation héroïque des troupes canadiennes. Les deux protagonistes de ce roman ont pour particularité d'être Amérindiens et d'utiliser leurs talents de chasseurs pour effectuer des missions dangereuses d'éclaireurs et de tireurs d'élite. Joseph Boyden livre un éclairage sur les croyances et les traditions des indiens Cris qu'il utilise avec pertinence pour donner du sens à son récit. Il évoque les windigos, ces créatures maléfiques et anthropophages, la divination, les matatosowin, ces sueries purificatrices et l'art de la chasse. J'ai trouvé la description de l'évolution psychologique d'Elijah très réussie. Dans le récit de Niska, nous découvrons également la politique d'assimilation des Indiens menée par le gouvernement canadien. Leurs enfants étaient envoyés dans des pensionnats autochtones censés les "civiliser" et les familles trouvaient refuge dans des réserves ou dans des villes où ils perdaient tout lien avec leur identité. Une histoire envoutante doublée d'un hommage poignant aux soldats de la Grande Guerre et à la culture amérindienne.

{Merci à Mimeko. J'ai choisi ce livre car il figurait dans son Top 6, "livres pour une île déserte".}
Commenter  J’apprécie          471
14/18. La grande boucherie.
Chaque mère, chaque épouse de partout dans le monde attend le retour des siens sans aucune idée de l'enfer d'où ils reviendront, s'ils reviennent… Et même s'il a cette chance, aucun pourtant ne rentrera chez lui indemne, soit physiquement soit mentalement voire les deux à la fois.
Niska la vieille Indienne qui elle le sait, son neveu est mort, attend sur le quai de la gare Elijah son ami de misère qui lui apportera peut-être un peu de réconfort. Pourtant divine surprise, c'est Xavier son neveu qui descend du train mais comme tant d'autre pas indemne non, mutilé pour le restant de ses jours.
Mais lui au moins est revenu, pas Elijah qui a perdu la vie dans des conditions effroyables que Xavier révélera inconsciemment à Niska.
Alors que tous les deux engagés en 1914 étaient partis certains qu'ils allaient vivre une grande aventure.

Un magnifique et poignant roman dans lequel Joseph Boyden sait tantôt nous promener dans les paysages superbes du pays de Niska et Xavier tantôt nous plonger dans les abîmes de l'horreur dont les hommes sont capables.



Commenter  J’apprécie          452
Je me retrouve nu, couvert d'un simple "pagne", deux rectangles de peau de loutre tannée attachés à une lanière de cuir, au milieu des érables, des chênes et des hêtres, à portée de l'orignal. Le vent est mon allié, il souffle contre moi, je sais que c'est pour m'aider. Chaussé de mocassins, qui me permettent de m'approcher encore plus près sans bruit je lui décoche une seule flèche, j'entends son sifflement, déjà elle lui perce le cou, un peu de sang, le voilà qui fléchit et s'affaisse dans un dernier râle. Je sors mon couteau mais avant de le dépecer, je me penche et chuchote à l'oreille de l'animal, je le réconforte, le remercie du don qu'il fait à notre clan, l'assure que rien ne sera perdu, nous prendrons soin du moindre tendon. Aujourd'hui je suis très fier, je me dépêche d'embarquer le plus de morceaux sur ma pirogue, c'est à peine si elle dépasse encore de l'eau, je me résous à mettre le reste bien à l'abri sous les fougères. Moi aussi je serai un grand chasseur, pas aussi bon que Xavier qui m'a tout appris, si il savait comme je l'admire, comme je vénère l'amitié qu'il m'a offerte ; encore aujourd'hui, je me demande pourquoi il est venu me chercher, pourquoi il m'a choisi. Ce soir je vais en faire un maximum à la veillée j'aimerais tant que Xavier soit fier de l'exploit que je lui dois, le taquiner c'est ma façon de lui prouver mon admiration, autrement je suis trop gêné. Ma légende s'ajoutera aux légendes de la tribu que l'on raconte de générations et de générations. Je m'appelle Elijah Wiskeyjack tout ce que je sais de la sagesse des Crees, je le dois à Xavier Bird et sa tante Niska. Mais Niska dit que nous sommes les trois derniers ! Alors pour ma légende, je pourrai seulement devenir le plus grand des guerriers.

C'est le funeste cri du Cree qui s'évanouit dans la nuit... des temps. Je suis mort à la guerre à 23 ans en demandant pourquoi ? Pourquoi ? Xavier, pourquoi es-tu venu me chercher ? Je n'ai pas su être l'ami que tu méritais. Pourquoi t'ai-je entraîné dans cette folie : la guerre dans les tranchées ? La guerre de ceux qui nous ont détruits, qui ont détruit notre peuple, qui ont brisé l'harmonie. Ils ont brisé les cercles et ce sont des fous qui se prétendent maintenant être le centre de la création. Ils prétendent nous apporter la Religion et la Civilisation, deux de leur mots pour cacher Abomination !!! Ils ne savent pas mettre leur oreille pour écouter la terre, ils ne savent pas entourer les arbres de leurs bras pour entendre la vie de leurs ancêtres, ils ne savent pas danser et chanter pour faire vibrer les nuages... Ce n'est pas ce que je rêvais. Ô Xavier, les Crees, mon ami, se sont envolés. Avec eux a disparu cette vibration, ce respect de la vie. Un génocide, et des mieux réussis, dont on ne parle jamais. Un continent éradiqué, une manière de vivre hommes, bêtes et plantes à égalité, en complémentarité, anéantie ... à jamais.

Je ne sais pas pourquoi je prétends être Elijah, est-ce d'avoir lu Corentin chez les peaux-rouges de Paul Cuvelier, tout jeune ? Est-ce le grand Manitou qui influence mon esprit ? J'aurais pu te dire que mon nom était Xavier Bird, il est revenu de cette boucherie de Vimy, des tranchées de la Somme, on dit qu'il a survécu, moi je te dis qu'il n'y a pas de différence, il est mort à 23 ans, lui aussi. le meilleur de lui-même lui a été enlevé... par la guerre. Eh, je ne parle pas de sa jambe ! Je parle de cette chose qui s'est perdue en chemin. C'est à devenir fou ! La folie, le seul moyen d'échapper à la guerre, vaincre le mal par le mal ? Dis cela marche, docteur ??? Allez, soyons fous ! J'enlève le "pagne" : me voici nu devant vous. Je croyais en l'amitié indéfectible, je suis ... Bon, faire attention à mes couilles sur le clavier. Les couilles que je n'aurais vraisemblablement pas eues pour charger hors des tranchées. Encore moins me porter volontaire pour des sorties de nuit dans le no man's land. J'ai honte mais je me serais probablement débrouillé pour être au moins capitaine où choisir l'aviation, sûrement pas l'infanterie. Le combat corps à corps, à mon premier mort, je serais devenu fou, j'aurais commencé à aimer cela. Et j'en aurais voulu encore et encore, c'est de cela dont j'ai honte et de cela dont j'ai peur, je regarde mes mains: elles tremblent. Voilà pourquoi je t'ai dis m'appeler Elijah. Par peur je chierais dans mon froc, pfff .... heureusement que je me suis mis à poil.^^

La guerre est une saloperie finie. Une folie collective manipulée par quelques uns. La der des der, mon cul ! Et je reste poli. Que puis-je faire ? Je chante comme une casserole, alors même d'amour pour faire taire un tambour ! Tu rigoles où quoi ? Il reste l'humour pour masquer le manque d'amour. Alors je vais te raconter l'histoire d'un mec qui est mort, il y a juste 30 ans ... et un jour. Ce mec tu l'aurais pris pour un comique, il avait écrit un jeu de mots en forme d'aphorisme qui s'applique bien à la guerre, et ce qu'il valait naguère il le vaut encore aujourd'hui : " L'horreur est humaine." Alors je ne saurais pas mieux dire. Il disait aussi dans un sketch sur les anciens combattants : " On lui a crevé les deux yeux, pour qu'il voit pas sa misère."
Un jour ce mec est arrivé à la TV avec une guitare, et moi j'ai bien vu qu'il se mettait à nu pour chanter :

"Misère, misère !
C'est toujours sur les pauvres gens
Que tu t'acharnes obstinément
Misère, misère !
ça sera donc toujours les salauds qui nous bouff'ront
L'caviar sur l'dos
Misère, misère !

Tu te fais l'ennemie des petits
Tu te fais l'alliée des pourris
L'argent ne fait pas le bonheur des pauvres
Ce qui est la moindre des choses
Convenons-en
Convenons-en !"

Ni la chanson, ni l'humour n'y feront rien. L'Europe nous a protégé pendant 70 ans, souvenons-nous en, souvenons-nous en. Je suis profondément heureux que l'auteur aie choisi comme titre le chemin des âmes et non des ânes ou le sentier de la guerre pour ce roman émouvant qui est une ode à l'amitié. L'amitié qu'à 22 ans, je croyais encore indéfectible. Pourquoi ...
Magnifique et poignant, je le recommande chaudement ce chemin des âmes.
Commenter  J’apprécie          446
A mon grand-père,
Le chemin des âmes ou le chemin emprunté par celui qui trépasse.sous la houlette de ce dieu qu'implore Niska l'indienne aux talents surnaturels,

Niska vient chercher Elijah Whiskeyjack, à la gare , son neveu est mort mais Elijah est comme son fils , elle doit s'en occuper l'aider à surmonter les souvenirs ,l'amputation de sa jambe,elle a la surprise de trouver descendant du train son neveu , surprise partagée car lui la croyait morte,Le mystère est épais, le silence pesant mais Niska saura attendre ,Pendant les trois jours qu'il faut en canoë pour remonter la rivière jusqu'à chez eux, Xavier est plongé dans ses souvenirs et Niska essaye par la parole de le ramener dans le monde des vivants,Seul moyen à sa disposition lui raconter sa vie de jeune indienne, lui expliquer les tenants et aboutissants de ses dons, comment le neveu en a hérité,comment il doit vivre pour aider son peuple à survivre,
Xavier Bird( Neveu ou X) et Elijah Whiskeyjack, sont partis ensemble pour s'enrôler comme soldats dans un bataillon des forces de l'Ontario et ces amis d'enfance, inséparables , vont découvrir l'un à côté de l'autre les tranchées qui se font face séparées par ces no-man's lands bourrés de cratères où s'entassent les corps d échiquetés des fantassins des deux camps,
Avec eux nous partageons ces journées, ces nuits, leurs ratas , nous apprenons à repérer la lourde au loin, les bruits sifflants des bombes .,Le froid, l'eau ,la peur, les copains qui tombent, et la bascule des esprits,Il ya ceux qui découvrent la morphine et ces vertus d'oublis , Elijah devient accroc et surtout accompagné par X il devient le meilleur tireur de la compagnie ,Elijah la parole facile, le charme , le seul sur les deux qui parle couramment l'anglais , le seul qui se verra proposé un grade, le seul qui sera décoré ,X commence à le jalouser parfois à le détester mais il l'aime et c'est son frère de sang alors il le protège il le surveille quand le regard part dans le flou , quand il sent que la raison lui échappe et que la folie meurtrière s'en empare,
Ce texte croise donc le destin de ces femmes et hommes « indigènes », de leurs cultures , face à l'anglais conquérant et colonisateur qui veut les endoctriner , leur faire adopter une nouvelle religion, extirper le diable de leurs esprits et qui les envoie mourir pour le Roi!
Et quelle boucherie , pour qui pour quoi je vous le demande si les armes de guerre ont évoluées le schéma reste le même et il n'y a qu'à ouvrir le journal pour se convaincre chaque jour que l'homme ,seule espèce de ce type, est bien son seul prédateur!!!!
temps fort de mes lectures de cette année sans aucun doute

Commenter  J’apprécie          360




Lecteurs (2768) Voir plus



Quiz Voir plus

C'est la guerre !

Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu

de Corée
de Troie
des sexes
des mondes

8 questions
1125 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , batailles , armeeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..