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Citations sur Parle-moi (6)

Si Sam possédait un quelconque savoir, il restait muet. De ce point de vue, un jour, l’homme à la robe noire avait été la raison pour laquelle il avait eu droit à un gâteau au chocolat, une raison qui lui semblait suffisante pour lui prêter attention. Ils buvaient du thé à la table de la cuisine, mangeaient les biscuits aux flocons d’avoine que le Père ne manquait jamais d’apporter. Un après-midi, après un échange sur le temps, les lézards, les plaques de roches sur le plateau, les épines de cactus et autres preuves du monde matériel, le Père Curran demanda « Qui est Dieu ? » et Sam signa « Dieu ». Aimee trouva la réponse plutôt intéressante puisque Dieu était ineffable. Le Père Curran tenta à nouveau sa chance : « Où est Dieu ? » Sam, après voir adressé à Aimee un regard complice, pointa son long index vers le ciel.
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Le lendemain ou, peut-être, un autre jour, peut-être le surlendemain, Brenda est venue au mobil-home, raide et froide. Elle ne l’a pas salué, elle ne lui a pas caressé les oreilles ou offert une gâterie. Aimee lui a servi du thé, comme quand Sans-Jambes venait. Il n’a pas eu le droit à s’asseoir à table avec elles mais sur le canapé, à regarder les magazines, Playboy surtout, son préféré et il n’y avait que des femelles qui, parfois, ressemblaient à Aimee.
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Comme tout être vivant, il savait ce qu’était le temps : l’aube, le crépuscule, la lente dérive cyclique des saisons, il connaissait le temps qu’indiquaient le four et le tableau de bord de la VOITURE de Guy, il connaissait l’HEURE DU PETIT DEJEUNER, L’HEURE DU GINTONIC, L’HEURE DE RACONTER UNE HISTOIRE, L’HEURE DE SE COUCHER, mais il ne connaissait pas le temps d’ici. Ici, le temps était un néant abruptement déchiré par les cris et la violence, par le GEANT et son bâton piqueur, mais d’une façon stupéfiante et inexplicable, soudain c’était l’heure pour elle d’être ici, dans cet endroit avec les BESTIOLES NOIRES aux mêmes pieds que lui – ici avec lui et pas eux, jamais eux. Et puis, soudain, alors que sa vie reprenait, voilà que Guy, lui aussi, était de retour.
Sam entendit un très léger filet de voix provenant du dehors, du dehors glacial, la voix de Guy, et il bondit comme s’il avait été propulsé, hululant tant que les autres l’imitèrent, que la grande devint un tohubohu de hurlements et de hululements, et voici qu’à la porte apparurent les visages de Guy et d’Aimee à son côté.
Alors Sam signa si vite qu’il savait à peine ce qu’il disait, VIENS CALIN, TEMPS DE PARTIR, TOI MOI ELLE DEHORS
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Dieu était là-haut dans le ciel. Dieu était bon. Dieu aimait tout le monde. Sans-Jambes était l’ami spécial et le messager de Dieu, il apportait des biscuits quand il venait lui rendre visite, et tel était le goût de Dieu ou, plutôt, c’est ce qu’on pouvait en déduire. Sans-Jambes était inoffensif, il était faible, il ne représentait aucune menace pour Aimee, lui-même ou qui que ce soit. Sans-Jambes apprenait à faire des mots avec les mains pour qu’ils puissent parler de ce qui était visible et de ce que ni l’était pas ; parfois, Sam comprenait ce que cet homme voulait dire, en partie du moins, parce que, lorsqu’il fermait les yeux, il voyait encore des choses et dans ses rêves aussi il les voyait. Et DIEU avait un PENIS comme lui. Dieu durcissait-il comme il le faisait lui-même parfois ? Dieu connaissait-il Aimee ? Dieu descendait-il parfois du ciel ? Dieu était-il un oiseau ?
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Aimée est une étudiante timide et solitaire. Lorsque l'occasion se présente de travailler auprès de Guy Schermerhorn, professeur médiatisé de son université, elle se porte candidate, intéressée par son sujet de recherche : l'enseignant apprend le langage des signes à Sam, un jeune chimpanzé. Le courant passe aussitôt entre Aimée et Sam, et Aimée devient une assistante parfaite pour Guy. Le programme de recherche est double : il s'agit d'apprendre le langage à des chimpanzés, enlevés très jeunes à leur mère et de les élever comme des humains. La chute est donc d'autant plus rude à l'arrêt du programme, lorsque Sam se retrouve dans une cage glaciale, lui qui a toujours dormi dans un lit tout confort qu'il partageait avec Aimée...
Comme toujours chez T.C. Boyle, le ton est caustique, et les personnages jusqu'au-boutistes. Leurs points de vue alternent au fil des chapitres, y compris celui de Sam : arraché à son foyer douillet Sam souffre physiquement et psychologiquement de sa captivité. L'injustice de sa situation, sa conscience et son intelligence suscitent une forte empathie chez le lecteur.
Le roman illustre très bien l'éthique des rapports homme/animal. Si Sam était resté dans sa forêt natale sa vie aurait été autre.
J'avoue être ressortie bouleversée par cette lecture captivante ; T.C. Boyle emporte systématiquement mon adhésion dans ses romans !
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Il était tellement humain, mais en même temps il ne l’était pas, comme si sa mission en ce monde était d’ébranler l’espèce humaine. Toute sa vie, elle s’était retrouvée à reculer mentalement aux moments les plus surprenants, elle voyait les gens dans un éclair comme de gros animaux déguisés, les vieux, surtout, avec leurs oreilles allongées, leurs narines grêlées et leur peau fripée comme celle d’un lézard. Or voici que la réalité venait à elle.
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