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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Drôle de titre et drôle de livre!
L'histoire d' Amédée Gourd, un ouvrier d'usine qui vit avec sa mémé qu'il chérit .
Un matin, il sort, plutôt pressé, insulte et bouscule " une rougeaude ".
Alors sa vie prend un autre tour et se complique sérieusement ....
Les "peaux rouges " ne sont pas des indiens dans cet ouvrage, juste des personnes arrivées en nombre dans le pays imaginaire (, non cité ), suite à des massacres chez eux .
Amedée Gourd est un raciste assumé .
Il pense comme il parle, mal, très mal.....
La société entreprend de le rééduquer ....
Dans ce premier roman, au sein d'une société factice, à l'écriture orale, inventive: (bouc eviscére) au langage familier, à la cohorte de gros mots qui dénaturent le début, ( à dessein) , on se demande si la violence verbale, l'appauvrissement du vocabulaire jusqu'à l'absurde ne nuisent pas au développement d'une pensée complexe ? Non caricaturale, ne la banalisent pas?
Cette narration déjantée, une sorte de fable étrange, à l'humour un peu désespéré , noir, parfois loufoque dégage un certain malaise .....
Je n'ai pas compris la fin mais ce livre posséde le grand mérite de nous faire réfléchir intensément. .
Traiter ce sujet explosif, délicat il fallait oser tout de même !
Rappelons nous que c'est une Fiction !
Emprunté à cause du titre .....
Attendons le deuxième ouvrage de cet auteur .....
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Je remercie Babélio et les éditions Grasset pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse critique.

Ce livre se démarque, dans cette rentrée littéraire, en attaquant presque de front, grâce aux ressorts de la fiction, le thème du racisme.

Amédée Gourd est un manutentionnaire menant une existence monotone et paisible en compagnie de sa grand-mère. le récit est entièrement conté à la première personne. D'entrée de jeu, le ton est donné : il se trouve accusé, jugé et condamné pour insultes racistes envers une Rouge. Tout le long du livre, le lecteur évolue du point de vue d'Amédée avec son flux de pensées : il écorche les expressions d'une façon comique et montre bien son niveau culturel bas.

Il est traîné sous le feu des projecteurs et livré au défoulement de la meute. On peut facilement voir un parallèle établi avec notre société, sauf que quelques points sont très différents. Ces peaux rouges sont une population d'un pays voisin victime de génocide ; ils ont fui massivement, ça se comprend. Leur nombre augmente donc considérablement dans le pays où se déroule cette histoire.

Je n'ai pas pu m'empêcher de m'attarder sur le nom attribué au protagoniste :
Amédée : un nom pas très jeune ;
Gourd : comme pas très doué, pas dégourdi, maladroit, voire inadapté.

Que dire de cette thérapie de groupe, sorte de cure de désintox au racisme par laquelle la société entreprend de le rééduquer ? Tout doit y être sympa. On doit s'extasier de tout, ambiance bisounours et négation des différences. La question est même soulevée que, derrière tout conflit avec un Rouge, il y aurait du racisme déguisé.

Emmanuel Brault exprime bien à travers les réflexions de son anti-héros le comportement des Blancs qui fait penser à de la repentance à l'égard des Rouges, une sorte d'admiration d'eux-mêmes (les Blancs) dans leur attitude de bienveillance et de commisération. Parmi les remarques intéressantes à relever, p.70 : « […] société de dégénérés qu'ose plus se regarder en face alors elle regarde les autres et elle fait semblant de les aimer. » Je rapproche cette réflexion d'une phrase qu'avait prononcée Alain Finkielkraut dans ONPC en 2013 (en parlant de l'affaire Léonarda) lorsqu'il y était venu présenter « L'identité malheureuse » : « Ils aiment leur amour de l'Autre ». C'est comme un moyen de se donner bonne conscience en payant son tribut au sacro-saint « vivre-ensemble ».

Ce livre est étrange, loufoque, assez baroque et la lecture en devient pénible à force. Une sorte de malaise s'installe. On sent qu'il touche un point névralgique. Il montre cette crispation hystérique d'une société lancée dans une chasse aux sorcières. Et plus elle traque le racisme, plus elle le nourrit.

Dans ce livre, la société traite le symptôme plutôt que sa cause. A.G. se présente comme raciste et explique pourquoi : l'État privilégie les Rouges au détriment des autochtones. Il soulève des questions très sensibles. Au stade où en est la société dans ce livre, ceux qui sont définis comme racistes sont considérés comme des malades mentaux. La question n'est même pas sujette à débat. Il y a d'une part ceux qui se conforment au dogme pour ne pas se retrouver exclus du groupe et pointés du doigt ; et les autres sur lesquels la horde déverse toute sa fureur. On voit bien comment l'antiracisme, dans sa dérive, devient un fanatisme en tendant vers l'absolutisme et une « pureté » intolérante envers toute opinion n'entrant pas exactement dans le moule simpliste de son dogme essentialisé. La réflexion et le doute mêmes sont dangereux pour l'antiracisme.

Comment en vient-on à pervertir une chose aussi noble que l'antiracisme ? Cette question dépasse le sujet du livre qui nous immerge simplement dans cette situation très concrète et un peu exiguë. Je trouve qu'elle ne permet pas de prendre du recul. Il manque une partie du décor : qui a commis le génocide en question ? L'État dont A.G. est citoyen ? Ce sont ces petits détails auxquels il est régulièrement (mais très brièvement, en passant) fait allusion, qui à la fois éclairent un peu le propos tout en le brouillant et créent ainsi une impression de flottement et engendrent un malaise. La mise en perspective est intéressante mais elle est très bancale.

Une citation d'un de ces moments ambigus, p.167 : « Histoire de se regarder en face et de se dire les choses. T'as pas d'amis rouges, tu fais comme tout le monde, tu les fréquentes pour être la bonne fifille bien ouverte qui fréquente les rouges. Histoire d'arrêter de les sucer sous prétexte qu'on se sent coupable de quoi je vous le demande. J'ai rien à voir avec nos voisins moi, sauf que je suis blanc. S'ils sont assez cons pour s'être laissé faire à l'époque, qu'est-ce que j'y peux. C'est pas moi ou toi qu'ils doivent bassiner c'était à l'époque. Là, tout le monde est clamsé, fallait se réveiller avant les rouges. Histoire d'arrêter de traiter tout le monde comme des gosses sous prétexte que tu as la science infusée. Tu me fais chier, c'est quoi ton monde de cons où on se dit tout, un monde de merde avec des rideaux mauves et des culs rouges, vous vous chiez tous dessus, vous avez peur de tout, vous dites il faut parler mais vous parlez pas, vous blablatez, vous faites semblant comme les acteurs, vous jouez un rôle, mais toi et tous les autres vous en avez rien à foutre des rouges […] »

Il vide son sac en étant totalement emporté par sa rage, excédé par cette façon binaire de traiter la question. C'est une réaction fréquente à quoi mène cette réduction au racisme (et la marginalisation qui s'ensuit) de bien des gens : ils sont poussés à la faute verbale et tombent dans le piège. Pour la liberté d'expression, l'espace public est devenu un terrain miné avec dévoiement du sens des mots, amalgame, procès d'intention et autres stratégies sournoises visant à salir le discours, à jeter le soupçon. Si l'expression par l'échange raisonné et respectueux n'est plus possible, c'est par la violence verbale (dépourvue de nuances et catégorique) puis physique que les gens se défendent car ils n'ont pas l'intention de se laisser écraser. Évidemment, il est difficile de distinguer les vrais racistes des gens simplement exaspérés et à bout de nerfs. Et il suffit bien souvent de tenir une seule fois un propos raciste devant témoin pour être étiqueté « raciste » à vie. Avec l'appauvrissement du vocabulaire et de l'expression qui caractérise notre époque, la tendance est à la simplification de toutes les idées, à l'élimination des nuances, à l'empêchement de développer une pensée critique permettant de saisir la complexité des situations et leurs subtilités. Cela renforce une conception binaire de la vie, alimente la superstition et la bêtise.

Face à cette incompréhension qu'il entretient, A.G. se retrouve acculé et semble basculer dans la paranoïa et la détestation totale. Cependant il réclame le débat, il veut maintenir le dialogue et déplore l'unilatéralisme des politiques et des médias qui ne cherchent même pas à le comprendre. Pour eux, il n'est qu'un malade mental.

C'est étrange d'avoir présenté ce personnage comme un raciste. Un vrai raciste propose-t-il le débat et la discussion ? Pour lui, tout est clair et tranché : la couleur de peau veut tout dire. A.G. est un personnage étrange parce qu'il semble hybride. Il paraît se soumettre de son plein gré à ce jeu d'étiquetage tout en entretenant des réflexions sur le conditionnement de la société vis-à-vis des questions sur le racisme. C'est un personnage contradictoire qui ne me semble pas crédible.

C'est un livre étonnant qui suscite beaucoup d'interrogations mais qui, par l'étrangeté de la composition de ce personnage d'Amédée Gourd et le flou du contexte, me fait penser à un mélange d'idées pas franchement vraisemblable. L'auteur a peut-être été dépassé par son histoire et son sujet. Ce livre a le mérite de susciter des réflexions. Je le trouve bancal et cependant intéressant.
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Les Peaux rouges ce ne sont pas des indiens. Juste des gens qui sont arrivés dans ce pays, suite à des massacres chez eux..Dans ce pays, non cité on est viscéralement anti-raciste alors lorsque Amédée Gourd, raciste assumé insulte une "rougeaude", sa vie va se compliquer très sérieusement.
Un sujet étonnant, pris à contre-pied et traité avec un sorte d'humour désespéré.
Histoire qui veut dénoncer le racisme mais qui met mal à l'aise. Je n'ai pas vraiment compris où l'auteur voulait en venir. Amédée est borné et certainement antipathique mais il arrive à nous toucher.
L'histoire est intéressante, je me suis amusée des expressions détournées, j'ai attendu un retournement de situation et surtout je n'ai pas compris la fin mais l'auteur nous le dit " je m'en fous de ce que vous pensez" ...
Dommage l'idée était intéressante mais la fable est sans doute énorme, alors on n'y croit plus à un moment.
Un premier roman maitrisé malgré tout, original, nauséeux et sans vraiment d'espoir.
Malgré les thérapies ( ou la prison) le racisme a des racines profondes.
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Amédée Gourd est manutentionnaire, peu cultivé, et vit avec sa Mémé qui l'a élevé et pour qui il ferait tout. Brut de décoffrage, il parle mal, jure, déteste les Rouges, peuple voisin qui pour fuir l'extermination s'est réfugié dans son pays.

Un matin où il est en retard pour aller travailler, il bouscule une femme enceinte avec ses enfants et la traite de rougeaude. C'est le début des ennuis : jugement, prison puis stage de rééducation, à la mode Bisounours.

Ce livre est court et écrit gros.

J'ai failli arrêter à la 2ème page après avoir lu 2 fois le mot "chier".

J'ai continué pour voir qui étaient ces Peaux Rouges, comment le héros allait se transformer

Mais je suis restée sur ma faim.

Je n'ai pas compris où voulait en venir l'auteur : dénoncer le racisme, ou pas, puisque dans ce pays imaginaire une insulte raciste est aussi mal vue que "le viol d'un gamin".

Ce livre m'a rappelé un sketch de Coluche, avec ses expressions revisitées : fier comme un bar-tabac. Amédée, le narrateur, en sort de bonnes...



- A chaque jour suffit sa veine...

- Mon coeur bat la charade

- Je peux dire haut et fort : j'aime pas les vieux, mais si j'aime pas les rouges, là rien ne va plus, les voeux sont faits.

- le bouc éviscère
Lien : http://www.unebonnenouvellep..
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Un antihéros dont la naïveté et la haine parviennent tout à la fois à nous offusquer, nous faire rie ou nous émouvoir.
Dans une société où le racisme se soigne en thérapie, Amédée, nous agace. Pourtant, sa "simplicité" nous le rend tendre, et nous amène évidemment à réfléchir sur les moments où nous simplifions aussi la réalité, par mauvaise foi. Un acte injustifiable peut-il s'argumenter?
Une agréable découverte
SP
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L'idée de départ du roman est intéressante ( "mettre le lecteur dans la tête d'un raciste") mais la réalisation un peu moins. L'idée de la cure de "dé-racisation" dans un établissement donne des passages comiques. Il y a un style d'écriture qui se dessine mais qui à certains moments donne l'impression d'un travail d'exercices de styles. J'ai plutôt été quelque peu désorientée pendant la lecture du livre et j'ai ressenti tout le long un certain malaise que je ne m'explique pas vraiment.
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Un livre qui se lit facilement, simple mais qui donne envie d'être lu!

Ce n'est pas le meilleur livre du mois, pas un chef d'oeuvre.
Il ne me laissera pas un souvenir brillant.
Mais je suis content de l'avoir lu...

Bref, il fallait que je fasse une critique pour le challenge 2022 de lecture..
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Amédée es raciste mais il ne sait pas bien pourquoi. Un jour, il bouscule une rouge et c'est le début des ennuis pour lui : tribunal, prison et peut-être si tout va bien, prise de conscience…
C'est clairement le genre de récit qui met mal à l'aise. Au début, je ne peux m'empêcher d'imaginer que c'est un peu biographique. Puis, petit à petit, j'arrive à entrer dans l'histoire et me dis qu'il s'agit d'une morale. Quoique… trop facile… Je ne sais pas sur quel pied danser : témoignage, conte moderne, anti héros ?
Le narrateur est assez limité et il le sait, tout le prouve, il se trompe d'expressions, pense de façon très linéaire, même son nom nous l'indique : Amédée Gourd.
La fin me laisse tout aussi dubitative… Je ne sais vraiment pas quoi penser de cet ovni. Un avis à partager ?
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Amédée Gourd est raciste et le revendique. Cet anti héros se livre ici dans un roman dérangeant mais percutant. L'oralisation et la brutalité des propos sont parfois heurtant mais on lit ce roman avec intérêt.
Cet homme est un monsieur tout le monde comme on en trouve plein dans notre société qui ne se pose pas forcément de questions qui est raciste presque par habitude sans réel argument. La différence le dérange. Il a été éduqué par sa mémé, intolérante certainement par habitude et misère sociale comme intellectuelle, elle aussi, mais il n'a qu'elle alors il ne se pose pas de question. Autant il aime ce qui lui est proche autant il rejette ce qu'il ne comprend pas.
Anti héros du quotidien, peu souvent représenté dans la littérature, ce roman ne se veut pas moralisateur. Il se pose la, comme constat, à chacun d'y voir et d'y trouver ce qu'il y souhaite.
Je le conseille pour la réflexion presque sociologique qu'il apporte, pour les jeux de mots et l'écriture pressante qu'on y découvre. Ce roman sera surement sujet à controverse, il m'a un peu rebuté au départ mais j'ai tout de même apprécié sa lecture.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération masse critique de Babelio. le sujet du racisme m'a tout de suite plu et surtout la façon d'en parler : avec un raciste comme personnage principal.

L'auteur a choisi ici un pays imaginaire, qui ressemble beaucoup au nôtre. le peuple des « Peaux Rouges » a été victime d'un génocide dans un Etat voisin et est venu, en grande partie, se réfugier dans le pays d'Amédée. Vu leur passé malheureux, la société ne laisse plus rien passer en matière de racisme.

Le livre est écrit du point de vue d'Amédée, qui parle comme il pense : mal. du coup le langage n'est pas soutenu et le texte est rempli d'expressions mal comprises et donc mal exprimées qui m'ont fait sourire, comme par exemple « Jamais nerveuse pour un fou » au lieu de « Jamais nerveuse pour un sou ».

Le livre est divisé en 4 parties :

Dans la première partie on découvre Amédée, sa vie, sa mère absente, sa mémé adorée, son racisme que lui-même ne peut expliquer. Puis la scène de l'insulte et le procès où l'on voit clairement qu'il est mal parti n'ayant pas les moyens de payer un bon avocat et dans le contexte anti-raciste poussé au maximum de la société. Dans la deuxième partie, Amédée découvre la prison puis une cure « anti racisme » proposée en échange d'une réduction de peine.

Ces deux parties sont les plus intéressantes! C'est un peu le « Vis ma vie de raciste » : on en viendrait presque à le plaindre tellement les conséquences de cette insulte semblent disproportionnées. Mais en même temps, faut-il laisser passer certaines choses même « minimes »? Ces pages nous donnent matière à réflexion sur le racisme : le cycle infernal de la violence, la façon de gérer le racisme entre la liberté d'expression et la lutte pour l'égalité, y-a-t-il une façon de faire voir les choses différemment aux racistes ?….

C'est un peu dommage que l'auteur ait choisi un anti-héro qui est le cliché parfait du raciste: un homme blanc, ouvrier, peu éduqué, des parents absents, …

Après ces deux premières parties, je me suis demandée où allait ce livre ? Les deux dernières parties qui font 55 pages (donc beaucoup plus courtes que les deux premières), parlent de la vie d'Amédée après et m'ont laissée perplexe. Je n'ai d'ailleurs pas aimé la fin du livre car je ne l'ai pas comprise. C'est surement fait exprès, l'auteur terminant le roman par ces phrases : » Je me fous de ce que vous pensez ».

Pour finir, après deux parties prometteuses et un sujet intéressant, j'ai été déçue par la fin qui me laisse un goût d'inachevé. Comme si l'auteur n'avait pas été clairement au bout de sa réflexion…
Lien : https://www.leslecturesdevi...
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