Agrippine - Intégrale BD

France Culture propose dans son émission Fictions/Le Feuilleton des adaptations radiophoniques d'un grand nombres d'oeuvres du patrimoine classique et contemporain. C'est, naturellement, accessible en podcasts.
Dernièrement, j'ai ainsi découvert cinq épisodes consacrés à la BD Agrippine de Claire Bretécher :
agrippine-de-claire-bretecher

Personnellement, je connais mal la série d'albums sur cette adolescente particulièrement brute de décoffrage. Cette série date de la fin des années 1980 et j'ai surtout découvert l'univers déjanté et corrosif de Claire Bretécher dans les années 1970 avec le personnage de Cellulite, princesse médiévale et féministe avant l'heure et, surtout, avec les planches mettant en scène Les Frustrés dans des journaux hebdomadaires que lisait ma mère…
J'appréciais énormément, le regard aiguisé porté sur la société et ses travers.

J'avoue avoir eu beaucoup de mal à saisir la portée du travail d'adaptation fait ici, accès sur les ambiances et les dialogues, plus que sur une narration à partir des dessins et j'ai vite été dépassée par un ensemble de tonalités un peu trop envahissantes à mon goût.
Sans doute ai-je besoin du dessin pour me faire ma propre appropriation du quotidien de cette adolescente égocentrée qui ne mâche ni ses mots ni ses attitudes que ce soit vis à vis de sa grand-mère, de son « AGM » (arrière-grand-mère), de sa famille haute en couleur, de ses copines, etc.

Cette écoute m'aura au moins donné l'envie de redécouvrir dès que possible les albums de Claire Bretécher, son trait et ses dialogues sans concession, pleins d'humour et d'autodérision.

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#lesglosesdelapiratedespal

Adolescente dans les années 1990, je dévorais chaque épisode d'Agrippine. Au passage, sans doute une de mes premières bandes dessinées peaufinée de A à Z par une femme.
Adolescente parisienne issue d'un milieu aisé, Agrippine nous fait suivre son trépidant quotidient ponctué de mal être récurrent.
En particulier avec les cruciales et essentielles voire existentielles questions de l'"amûûûr", des "gnolguis" et de l'argent de poche.
Comprenons bien les révoltes d'Agrippinne. Ce n'est pas de sa faute si elle travaille mal à l'école, tout la "faiche".
En plus avec des parents non divorcés, un père obsédé par la littérature des huîtres, une mère qui fait ce qu'elle peut autant que possible sous tranquilisants pour la comprendre et un petit frère même pas demi et encore moi "double demi", elle se diffère un peu trop de sa bande de potes. Eux sont normaux avec leurs familles recomposées à l'extrème.

Alors oui Agrippine "prend vapeur". Elle chasse le gnolgui baveux, foire ses babysitting (en laissant le bambin en bas d'un immeuble "cause" panne d'ascenseur). Surtout Agrippine dénonce tous les travers de notre époque. Jeunes et adultes sont obsédés par l'apparence, la réussite, l'argent. Antidépresseurs, lifting et gourous font partis du paysage quotidien.
"Meuh" attention Agrippine suit le groupe mais sait rester lucide. Elle reste la voix de la raison face aux hystéries de ses comparses. Pour conclure cette BD "troue grave" ne serait-ce que pour les dialogues absurdes et acides de l'auteur et dessinateur, la "giga" Claire Bretécher.

Ah ! Agrippine…. J'ai lu avec grand plaisir cette intégrale (248 pages de bonheur !).
Je connaissais vaguement le personnage, de nom bien sûr, comme l'auteur, mais je n'avais jamais rien lu (il n'est jamais trop tard pour se rattraper !).
Et bien j'ai été conquise par cette ado qui cherche l'amour, qui se plaint toujours, auprès de sa mère et de son père (trop nul, y sont même po divorcés…) et de son petit frère trop chiant, sa grand-mère branchée et l'arrière…
Le meilleur pour moi c'est le vocabulaire. L'auteur invente des mots mais on comprend quand même le sens la majeur partie du temps – j'avoue… j'ai un peu triché en allant sur la page Wikipédia recensant son vocabulaire (http://fr.wikipedia.org/wiki/Vocabulaire_d%27Agrippine) car certains mots restaient obscurs pour moi…Mais une fois qu'on a compris et qu'on est comme copine avec Agrippine, on la suit sans problème !
Bien que ce personnage ait été connu à la fin du siècle dernier (truc de vioq'…), ses préoccupations sont toujours actuelles : la bande de potes du lycée, les relations parents/enfants, la mauvaise compréhension homme/femme (tous des gnolguis !)… Et tout ceci sans téléphone portable ni tablette !! Les ados savaient s'occuper et avaient le temps de se poser des questions existentielles !
A (re)lire donc !