Les amours écologiques du bolot occidental

Le bolot occidental voudrait bien faire partie des animaux en voie d'extinction ( car on s'occupe vraiment bien d'eux) plutôt que d'avoir à gérer sa femelle et sa propension à mettre bas sans discontinuer. Mais le bolot ne s'arrête pas en si bon chemin, dès qu'il rencontre une femelle d'autres espèces, celles-ci, contre toute attente et surtout sans l'intervention de leur mâle se retrouvent avec une portée qui a des ressemblances avec notre bolot.
Un conte écologique pour ceux qui, tout en respectant leur environnement, ne se prennent pas au sérieux.

Claire Brétecher a un génie très particulier. Elle a su décrire avec finesse et sans indulgence la micro-société "bobo" et politiquement correcte, dans la France des années '70 et '80, notamment avec l'excellente série des « Frustrés ». Dans cet album, son ironie mordante vise plus particulièrement les obsédés d'écologie. L'auteure invente le personnage de Georges, un "bolot occidental": c'est un animal qui, loin d'être en voie d'extinction, se reproduit à un rythme effréné, allant jusqu'à mettre enceintes des femelles d'autres races. Georges est jaloux des espèces supposées en danger de disparition, qui sont bichonnées par deux écolos scrupuleux à l'intérieur d'une réserve spéciale. Il y a là des animaux dont les noms (délicieux) ont été inventés par Brétecher, par exemple la "badigoince de Zélande". le comique vient des rapports entre ces animaux (dans des situations opposées en apparence !) et aussi du comportement ridicule des gardiens de la réserve.
L'auteure a une tranquille férocité pour croquer les obsédés d'écologie. Elle suggère aussi que Georges représente le Tiers-Monde laissé à l'abandon, et elle stigmatise les "chochottes" qui profitent de la naïveté politiquement correcte des écolos. Dans les années '80, j'ai ricané sans retenue devant les planches de Brétecher, et ça m'a fait beaucoup de bien ! Bien des années plus tard, je continue à être un inconditionnel. Il faut d'ailleurs remarquer que l'album n'a pas vieilli, car le prototype de "l'écolo bon teint" reste très conforme à l'esprit de notre époque.

J'avais envie de retrouver Bretecher dans un autre album que celui des Frustrés en empruntant ce curieux petit conte du Bolot Occidental. C'est une satire grinçante et drôle des écologistes bien pensants et bêbêtes qui se font avoir par un animal imaginaire évoquant le monde pauvre qui se reproduit comme des lapins en profitant des bienfaits de la réserve pour animaux en voie d'extinction. Les dessins sont vifs, enlevés, barbouillés de couleurs bonbons acidulés. C'est politiquement incorrect, on voit que les temps ont changé pour le rire.

C'est toujours la mort dans l'âme que j'abandonne un livre et ça arrive rarement… encore plus quand il s'agit d'une BD : en général, je m'accroche parce que ça n'est « pas bien long à lire » et que le calvaire ne durera pas trop longtemps. Mais là… je n'ai pas pu dépasser la page 12…

Toutes mes excuses aux fans de Claire Brétecher mais je ne suis pas du tout sensible à ce genre d'humour. A petite dose, la caricature, ça passe mais ici c'est trop. Parce que le bolot occidental, espèce de chien lubrique et vulgaire qui veut absolument se faire reconnaître comme espèce en voie de disparition pour profiter des papouilles et du confort qu'on lui offrirait dans la réserve naturelle, c'est une caricature beaucoup trop réaliste du « beauf » que je croise malheureusement trop souvent et qui ne me fait plus du tout rire... encore moins quand il s'agit d'écologie. Sans parler du dessin, qui ne correspond du tout à mes goûts.

Bref, je passe mon tour…

(Découverte n°2 du Sac Mystère n°25 - BD « Ecolos » de la Bibliothèque publique de Huy)

La bande dessinée était un monde surtout réservé aux hommes. Mais Claire Bretécher a su y faire sa place grâce à l'impertinence percutante de ses messages. En 1973, "Les amours écologiques du bolot occidental" sont publiés dans le magazine "Le Sauvage". D'un trait vif et expressif qui ressemble à celui de Reiser la couleur en plus, elle dresse une satire de la société sous l'angle écologique. Son personnage principal, un bolot, est un chien, obèse, vulgaire et vicieux. Il passe à mettre enceinte sa partenaire qui n'arrête pas de mettre bas. Et en plus, il va même mettre son pénis dans les espèces en voie de disparition. Monsieur doit satisfaire son besoin. Parfois, sa partenaire n'en peut plus et doit interrompre ces multiples grossesses. Mais c'est le dernier des soucis car entre la monté du désert, la pollution des sols, le manque de nourriture... ils ont à faire. le changement de société conduit à de nouveaux comportements et conséquences non négligeables. Il faut arrêter d'être un écolo naïf et timoré. Parfois, les désordres ne s'opèrent pas à côté de chez nous. Toutefois, cela ne veut pas dire qu'ils n'existent pas pour autant. Pour faire passer le message, l'artiste fait usage d'humour et de dérision pour inciter à rire et réfléchir. Une oeuvre singulière dans l'ère du temps après mai 68. Néanmoins, on peut se demander si beaucoup de choses décriés ont changé de nos jours?
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