Citations sur Phalaina (23)
L'homme a sur les autres animaux cette supériorité du langage articulé, mais cela l'a rendu sourd au monde qui l'entoure. De ses précieux mots, il s'est construit des tours de croyances et de mythes et en a oublié la simple raison.
Le langage des animaux nous fascine comme une langue très ancienne et un peu magique… Des savants étudient les couleurs extraordinaires des papillons, le vol des abeilles, le chant des baleines… Autant de codes, de canaux, d’univers , autant de barrières. Mais est-là le vrai problème ? Ne serait-ce pas plutôt que nous n’avons pas envie d’entendre ? Il est évident que le cochon qu’on égorge souffre et que le cerf traqué est terrorisé ; un cri, un regard, nous le dit. L’homme a sur les animaux cette supériorité du langage articulé, mais cela l’a rendu sourd au monde qui l’entoure.
p. 95
Au fond, elle n'était pas trop sûre de vouloir connaître la vérité. Elle s'y était attachée, à cette gamine, et elle semblait heureuse chez elle... Elle qui se réjouissait d'une patate crue, qu'est-ce qui lui assurait qu'elle serait plus heureuse chez les bourges? Est-ce qu'une patate terreuse est meilleure dans de la porcelaine, servie avec des couverts d'argent?
L'homme a sur les autres animaux cette supériorité du langage articulé, mais cela l'a rendu sourd au monde qui l'entoure.
Bérengère nourrissait une sorte de haine pour tout ce qui était gosse, marmot, gamin et autres nains. Elle n'avait pu en avoir et avait donc décrété qu'il s'agissait de bêtes domestiques parfaitement inutiles puisque ne donnant pas de lait et ne pouvant être mangées.
Une gosse à la maison ? Pas question ! (p.27)
Le chien serait donc un ami universel ? Gardien du foyer, chien de berger, chien sauveteur ou chien chasseur... Le chien rend tant de services à l'homme... Mais c'est bien plus que cela. Le chien, sur tant de points, est plus humain que l'homme. Tes mots resteront à jamais gravés dans ma mémoire : "Le chien est le seul être sur terre qui vous aime plus qu'il ne s'aime lui-même..."
[Les humains] étaient, après tout, des animaux comme les autres. Ils faisaient ce qu'ils pouvaient pour le cacher, mais n'étaient pas très doués. Au moindre sentiment -amour, colère, envie-, le vernis craquait.
Il avait compris qu'une vie n'a de sens que si on lui en donne un.
Notre société rattache l'enfance à la notion d'innocence, mais en réalité l'enfance est surtout le moment de l'inconscience : les normes de la société n'ont pas encore entravé sa liberté d'agir, et c'est avec ses instincts primaire que l'enfant fonctionne. Il est sans méchanceté, mais sans bonté non plus, et peut sans arrière-pensée se rendre coupable des pires cruautés.
Comme à chaque équinoxe, le père Bertrand avait sorti sa collection de grigris et l'astiquait patiemment d'un petit chiffon doux imbibé d'une potion magique transmise par sa grand-mère : huile, vinaigre et sel, une recette qui avait l'avantage non négligeable de pouvoir finir en vinaigrette. La sorcellerie est une branche de la cuisine, disait d'ailleurs sa mère qui, elle, était plus douée en tourtes qu'en philtres. Le père Bertrand, comme chaque fois que ses figures féminines se rappelaient à son souvenir, se tourna pour saluer le petit autel familial qu'il avait installé près de la cheminée. Une simple boîte ornée de minuscules stèles de marbre, d'une bougie et de quelques fleurs fraîches. Une tradition qu'il avait découverte lors d'un voyage au Japon et qu'il avait adoptée. Depuis, chaque jour, il leur gardait quelques miettes de son repas en offrande et veillait à ce que la bougie soit toujours allumée. Aussi fut-il fort surpris de la trouver éteinte.
Quelque chose allait arriver.