"Ira Dei" est une bande dessinée réalisée sous la conduite de
Vincent Brugeas et
Ronan Toulhoat, lesquels avaient alors déjà commencé à travailler en collaboration sur "
Le Roy des Ribauds".
Ces deux séries, au delà du dessin assez sombre et marqué par l'intrusion du rouge feu & sang lors des scènes "intenses" ou de combats, peuvent véritablement être considérées comme jumelles; dans le sens ou elles se concentrent toutes les deux sur une période et des évènements historiques que l'on retrouve assez peu dans les autres bandes dessinées "historiques".
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Le Roy des Ribauds" explore comme son nom l'indique le Paris des tavernes, des bordels et des bas-fond sous le règne de Philippe II "Auguste" à travers les actions de son lieutenant et homme de confiance, initialement ribaud du roi avant de se faire ceindre postérieurement d'une couronne. Intrigue qui prend donc place dans un contexte original
Il en est de même pour "Ira Dei" dont l'histoire se déroule en Sicile et dans le sud de l'Italie au début du XIe siècle, alors que le Basileus byzantin cherche à recouvrir les territoires perdus sur les chefs de guerre musulmans arabo-berbère au cours des deux derniers siècles.
Pour autant la confrontation entre ces deux "blocs" loin d'être homogènes car comptant des mercenaires en nombre et provenant de toutes les régions de la méditerranée, de Scandinavie voire d'Asie mineure, n'est pas le sujet central de l'intrigue; bien que ce contexte historique apporte quelque chose quelque chose de nouveau et d'intéressant dans la perspective d'une suite aux quatre premiers tomes.
L'histoire se concentre en effet sur un homme meurtri au deux visages et originaire du duché de Normandie.
Doué au combat, attaché à ses compagnons d'arme et fin stratège, ce "bad boy" s'attire autant le respect de ses collègues et de ses chefs que leur jalousie alors qu'il semble lié à un jeune clerc à la foi ardente.
C'est un personnages à la personnalité complexe et bien travaillée et on prend plaisir à le suivre de siège en escarmouche à travers les magnifiques paysages de la Sicile.
J'ai d'ailleurs personnellement trouvé l'ensemble des personnages principaux moins caricaturaux que ceux du "Roy des Ribauds"; mais peut être est-ce dû en parti au côté fantastique de la Cour des Miracles et de ses habitants.
le chef des mercenaires normands Guillaume de Hauteville n'est par exemple pas cantonné à un rôle de brute assoiffé d'or mais se montre également lucide sur ses propres capacités de commandement et entretient une relation complexe d'admiration/jalousie avec Tancrède/Robert ; tandis qu'Harald malgré son mercenariat incarne une certaine forme de "pureté" dans sa simplicité sans autre ambition que l'or et l'aventure; à l'inverse du général byzantin Maniakès.
Je ne suis cependant pas forcément convaincu de la volonté d'appuyer à outrance le côté maléfique, bestial de certains personnages lors des affrontements ; chose que j'avais déjà regretté pour
Le Roy des Ribauds et qui manque de finesse.
Il est également dommage que les auteurs se sentent obligés (ou le soient) d'ajouter des scènes de sexe alors que celles-ci n'apportent rien d'évident à l'intrigue.
"Ira Dei" est une bande dessinée que l'on prend plaisir à lire en espérant une suite de qualité qui développe plus en avant le contexte historique.