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Abîmes » se passe dans un futur plus ou moins proche ou lointain. Ce pourrait être demain.
Nous retrouvons la situation d'Eristikos, là où nous l'avions laissée dans « Grimes ». L'Europe a cédé aux mirages des solutions de l'extrême droite et se retrouve dirigée par un dictateur Jean Méro, qui a instauré un régime totalitaire guidé par le daïmonisme, religion d'État. Tout est encadré, surveillé, réprimé, … dans ce gouvernement à la "Big Brother", où toute parole ou pensée divergentes vous mènent à une issue fatale. La création, L'humour, l'art, ...sont jugés subversifs. le ghetto où sont parqués les clowns voit naître la résistance : résistance contre les forces au pouvoir mais aussi contre la désinformation qu'elles orchestrent. Nous avions quitté « Grimes » sur
la destruction totale de ces foyers de rébellion. Les clowns ont perdu le combat dans le sang, et la larme à l'oeil.
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Abîmes », quant à lui s'ouvre sur l'accueil, dans une maison de retraite VIP, de hauts dirigeants et sympathisants du régime venus couler leurs derniers vieux jours tranquillement, dans le luxe et l'abondance.
Mais rien ne va se passer comme prévu. le gestionnaire de cet EHPAD multi-étoilé, n'aspire qu'à voir passer le délai de rétraction de ces clients, pour pouvoir assurer toute la fortune qu'il y a investit. Certains locataires ont des comportements bizarres et d'autres disparaissent sans laisser de traces. le personnel, trié sur le volet pour satisfaire le moindre caprice de cette clientèle à haut risque, déambule habillé en clowns tristes (enfin domptés) mais n'est pas exempt de braver la discipline pour satisfaire une curiosité de plus en plus attisée.
Et quand les évènements politiques s'en mêlent et font trembler le régime, il ne manquerait plus que des événements surnaturels viennent compromettre la vie tranquille de ces joyeux drilles...
J'ai apprécié retrouver l'ambiance de « Grimes » avec un style plus épuré et plus construit. Les chapitres courts donnent du rythme au récit, entrecoupé des flashs radio qui nous ramènent à la réalité extérieure. J'aime toujours autant quand la prose de
Rémy Brument-Varly s'ouvre sur de brefs instants poétiques...
La qualité de l'objet livre en lui-même est soigné, et le visuel toujours aussi porteur chez cette petite cabane d'édition indépendante.
En un mot, je suis prête à suivre Dao/Daï sur ces nouveaux chemins. Si chemins, il y a...
Depuis ce maudit 14 janvier, on ne peut plus jurer de rien...