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Le pouvoir des innocents tome 0 sur 6
EAN : 9782756077321
304 pages
Delcourt (12/11/2015)
4.36/5   14 notes
Résumé :
New York, fin du XXe siècle. L'élection municipale déclenche une flambée de violence et replonge l'ex-sergent Joshua Logan dans le cauchemar du Vietnam. Comment de simples citoyens peuvent-ils devenir des vigiles meurtriers ? Qui manipule qui ? À l'heure où la sécurité devient la clé du pouvoir, New York peut basculer. Pour des millions d'Américains, le temps de l'angoisse commence.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'utopie, comme idéal irréalisé, est probablement au fondement de nombreuses idéologiques politiques. Cependant, diront les esprits chagrins, l'utopie contient une vision biaisée, car objectivée et logique, de la société qu'elle projette. de là découlerait une propension à l'inaction, au désengagement ; ainsi l'utopie comme moteur de l'action politique serait certes illusoire mais nécessaire. le pouvoir des innocents est, de ce point de vue, une bande-dessinée non seulement intéressante, mais aussi instructive.

A New York, au milieu des années 1990, l'élection municipale qui oppose le républicain Gédeon Sikk à la démocrate Jessica Ruppert déchaîne les passions. Depuis peu, une vague de crimes commis par des bandes armées terrorisent les bons citoyens de la ville. Pour lutter contre ce fléau, une association, le pouvoir des innocents, paie les cautions des citoyens ayant blessé ou tué un malfaiteur en voulant protéger les leurs, et forme de véritables milices d'auto-défense. Un soir, l'un de ces miliciens tue un garçonnet de 7 ans en le prenant pour un membre de gang. le père de ce garçonnet est Joshua Logan, un ancien Seal ayant échappé à la mort au Vietnam. de la guerre, il est revenu en animal blessé et traumatisé, ayant conservé ses instincts de tueur mais le plus souvent prisonnier de ses terreurs ou de son apathie. de cet événement dramatique va découler une enquête révélant l'ampleur d'une machination politique sans précédent.

Ce qui suit révèle donc des éléments de narration. Dans ce combat politique qui oppose Sikk à Ruppert, tous les coups sont permis. Etrangement, c'est à l'insu des deux candidats que les coups seront portés, et c'est un seul et même camp qui les porte. Avant son parcours politique, Jessica Ruppert a dédié sa vie aux pauvres et aux jeunes délinquants laissés à eux-mêmes. Usant de pédagogie et d'humanisme, elle a cru en chacun de ces êtres humains que d'aucuns qualifiaient de déchets pour la société. Tous ont brillamment réussi, et tous lui en sont redevables. Et, convaincus que Jessica est la meilleure chance pour les New-Yorkais de retrouver dignité et foi en leur avenir, ils lui offrent leur influence et leurs fortunes pour permettre son accession au pouvoir. Grâce à des personnages éminents comme le boxeur John Providence, un expert en communication ou une jeune femme prête à délaisser son identité pour faire réussir le projet, Jessica voit les portes du bureau de maire de New York s'ouvrir devant elle. C'est la construction de cette machination que découvre, en même temps que Joshua Logan ou sa femme, Xuan Mai, le lecteur tout au long des 300 pages de l'intégrale.

On pourrait résumer ces cinq albums en une question philosophique : la fin justifie-t-elle les moyens ? Curieusement, la bande-dessinée montre que le machiavélisme le plus abouti peut porter l'altruisme le plus pur. En effet, le projet politique de Jessica Ruppert, aussi beau soit-il par sa vision sociale et humaine de la société, se heurte au départ à la réalité du monde politique : les appuis financiers sont du côté de son adversaire, et même la mafia marche aux côtés de Gédeon Sikk. C'est parce que le projet visant à l'élection de Ruppert dépasse par son ampleur, son jusqu'au-boutisme et sa détermination les alliés pourtant peu recommandables de Sikk qu'il parvient à son but. Finalement, c'est en appliquant les méthodes de leurs adversaires, en les décuplant même, que les soutiens de Ruppert entendent la mener à la victoire. Par tout cela, le pouvoir des innocents est une réflexion politique et philosophique intéressante. Elle fait se heurter l'idéalisme au pragmatisme, l'utopie à la réalité du terrain.

La bande-dessinée ne se contente pas de jeter un oeil intéressé dans les entrailles de la politique. Elle construit de vrais personnages, leur dédiant la grande partie de plusieurs albums pour leur conférer plus de profondeur. Ainsi en est-il pour Joshua Logan et John Providence, dont les destinées vont s'entrechoquer violemment, chacun luttant pour un idéal : une politique humaniste dans la ville la plus fantasque au monde pour l'un, le cocon familial comme refuge essentiel pour l'autre. Providence et Logan sont deux gueules cassées que les guerres ont détruit : la guerre du Vietnam pour Logan, et en particulier l'épisode de sa capture par les Vietcongs, la loi de la jungle, de la rue et de la prison pour Providence.

Certes, il se dégage de ces albums de bons sentiments et la logique obéit souvent à un manichéisme assez simpliste (sauf dans le cas de Providence) : la faiblesse de la narration tient peut-être ici. Mais, sur cette intégrale de cinq albums, il est remarquable que les auteurs, Luc Brunschwig et Laurent Hirn soient parvenus à maintenir un rythme soutenu et à garder l'intérêt de la lecture. Il faut dire que le dessin est en lui-même un argument qui engage à poursuivre. Bien plus, c'est la qualité du scénario ainsi qu'un certain talent dans la maîtrise de la narration qui fondent la solidité générale de cet album intégral.
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L'édition intégrale n'apporte rien de plus que les cinq albums qui la composent. Les parties sont séparées par une page de titre.

Cette série est une référence, d'abord de par son âge, Luc Brunschwig ayant été un des scénaristes phares des débuts de l'éditeur Delcourt dans les années quatre-vingt-dix, à l'époque des premiers albums d'un certain Lauffray ou autre Vatine par exemple… Datée graphiquement, de par des couleurs que l'on faisait à l'époque et un dessinateur à ses débuts (qui progresse à chaque tome), le volume critiqué ici est le premier des trois cycles qui viennent de se terminer et reste totalement novateur dans son sujet comme son traitement.

Dans une ville de New York en proie aux violences et en pleine campagne pour la mairie, une série de personnages très différents, de toutes les strates de la société, vont s'entrecroiser autour d'une machination pour le pouvoir. Entre mafia, politiciens véreux, journalistes et citoyens marqués par une vie difficile, Jessica Rupert, une visionnaire idéaliste, est convaincue que l'intelligence peut conquérir la mairie de New York et rendre aux innocents leur place dans cette société inégalitaire…

Il est toujours compliqué de lire une grande saga avec un dessinateur débutant. le niveau d'exigence graphique atteint par les jeunes dessinateurs aujourd'hui est sans commune mesure avec une époque où la pression était moins forte, les éditeurs faisaient leur boulot de lancer des jeunes, leur laisser leur chance. Je ne vais pas ici parler du débat actuel autour de la surproduction et du statut des auteurs (pauvres) mais le contexte actuel de la BD fait étrangement échos au sujet comme à la période de publication du Pouvoir des Innocents. Comme dit plus haut, l'aspect graphique ne doit pas vous dissuader de vous lancer dans cette aventure toujours pertinente et ô combien ambitieuse. Laurent Hirn propose dès les premières planches une partition, si ce n'est très technique, très respectable et il atteindra progressivement, avec une amélioration des couleurs dès le premier cycle, un niveau très agréable dans les cycles suivants.

En outre l'exigence du scénario de Luc Brunschwig, très cinématographique et original dans ses cadrages et surtout ses enchaînements, ne le rend pas facile à transposer visuellement. Car outre des effets atypiques que l'on trouve parfois au cinéma (des eyefish ou des perspectives faussées), la particularité du scénario est d'enchevêtrer les récits de manière perturbante au début mais ô combien efficace et intellectuellement motivante. Que ce soient les principaux protagonistes (le sergent Logan, sa femme, Providence le boxeur,…) ou des personnages secondaires, une narration continue l'autre, que ce soit dans le texte ou visuellement. En somme l'auteur utilise (là encore) le décalage entre image et son utilisé au cinéma qui permet d'emmener le spectateur sur des interprétations faussées de ce qu'il voit ou à l'inverse induire des similitudes. Vous l'aurez compris, le Pouvoir des innocents est un véritable film en BD et pourrait sans aucun doute être transposé à l'écran pratiquement sans retouche.

Les thématiques abordées sont multiples même si elles correspondent à des sujets que l'on traitait fin 80 en BD comme à l'écran. La guerre du Vietnam, le traumatisme incurable, les riches et les pauvres en Amérique, la communication médiatique manipulatoire, tels sont les focus de la BD. Mais dans son aspect multiple le scénario ne s'accroche jamais sur un élément, entrecroisant l'ensemble en une toile cohérente, selon le personnage au manettes du récit à tel moment. Ainsi, l'histoire de Logan prends des aspects de film militaire alors que celle de Providence a l'image d'un film carcéral. Et ainsi de suite. En solo ces intrigues auraient été juste intéressantes, mélangées elles créent une dynamique qui immerge le lecteur dans sa complexité. On pourra néanmoins regretter un côté mièvre un peu insistant dès qu'il s'agit de Jessica Rupert. Un univers de bons sentiments un peu appuyés, qui restent cohérents par contraste avec la dureté des vies de ces « innocents » mais agace un peu la lecture par son côté premier degré.

Au final, avec ses défauts graphiques comme scénaristiques, le Pouvoir des innocents reste une BD touchante par l'implication de ses auteurs, par le travail visible de Laurent Hirn, par son engagement politique réel. Comme toute l'industrie culturelle la BD a tendance à freiner ce qui peut sortir du consensus du loisir. Des BD comme celles de Luc Brunschwig ou Wilfried Lupano nous rappellent que l'imaginaire, le thriller, ne sont jamais aussi intéressants que lorsqu'ils se rattachent au réel et abordent des thématiques d'actualité et investissent le champ politique. Cette BD est un hymne à l'utopie politique, à changer le monde, à renverser la table des injustices d'un capitalisme triomphant. Merci aux deux auteurs de nous proposer cette bouffée d'espoir.
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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critiques presse (1)
Sceneario
11 janvier 2016
L'intrigue de ce thriller est une belle réussite, un exemple dans la matière. Luc Brunschwig se joue de nous, il nous mène en bateau, nous égarant par moment pour mieux nous surprendre après.
Lire la critique sur le site : Sceneario

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Vidéo de Luc Brunschwig
Qu'il sera riche, ce mois de juin, de plongées historiques et documentaires.
À l'approche des jeux, vous découvrirez une biographie sublime et sublimée de Jesse Owens par Gradimir Smudja. Louison et Thomas Snégaroff se sont alliés pour adapter le roman sur Putzi, le pianiste d'Hitler. Laurent Bonneau et Alain Bujak vous feront entendre le Bruit de l'eau en enquêtant dans la vallée de la Roya. Jeff Lemire proposera la fin des Éphémères. Quant à Luc Brunschwig et Laurent Hirn, ils vont clore leur immense saga, après 35 ans : le Pouvoir des innocents se termine !
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