Dire que j'aime les romans de
David Bry serait mentir, ce serait comme dire que « j'aime » le chocolat alors que je suis capable d'en manger plus de 500g par jour si l'envie m'en prenait ; ou que « j'aime » les cerises alors qu'il m'arrive d'en grignoter jusqu'à l'indigestion. Je n'aime pas les romans de
David Bry, je les encense, les adule, me plonge dedans aussi allégrement que dans une piscine en plein été, les bois comme un diabolo violette sur une terrasse en bord de mer.
Mon avis
Un conteur. Voilà le talent fou dont dispose
David Bry et dont il use à sa guise dans cette geste médiévale de toute beauté, où la gloire, l'honneur, le sang, la haine et l'amour se côtoient au milieu des champs de bataille. Au loin, la brumenuit avance, si vide, si glaciale, si pleine de néant que les plus valeureux guerriers s'en trouvent hantés jusque dans les nuits d'hiver, des villages entiers avalés par le noir. Mais c'est bien sur la lande que tout commence alors que deux frères s'enfoncent dans le château du Roi Lothar en quête de réponse. Pourquoi celui-ci a t-il payé des hommes pour assassiner les deux héritiers, Bran et Ianto, alors que les terres sont en paix ? Quelles sont les ombres qui se coulent dans la nuit ?
Cette première confrontation se terminera mal et entraînera une guerre sanglante qui abreuvera les rêves de Fraech. Mais comment se résoudre à tuer quand les raisons semblent insuffisantes et quand un seul regard a suffit à Bran pour s'éprendre de Sile, fille du Roi Lothar et redoutable guerrière ? Où se cache la vérité ? Dans les accents des flûtes magiques qui tirent des trilles aussi bien l'agonie que la beauté, le tragique que le beau ? Dans la colère de Ianto ? Dans les légendes qui habitent ces terres ? Auprès des gardiens des Géants qui se dissimulent si bien dans le rideau des ombres ?
Raconté par deux personnages, l'un conteur dans une taverne, l'autre enchanteur et peut-être l'auteur de tous les drames,
le Chant des Géants nous livre une guerre de Troie terrible et sanglante où les scènes de bataille ne sont guère en reste, ainsi que les morts, qui se multiplient, aussi violentes qu'irrévocables. Parce qu'il paraît clair, la première cinquantaine de pages passée, que le destin se joue des héros aussi facilement que la magie, et que les rêves ne sont pas tous voués à se réaliser, même rêvés par les plus valeureux des hommes.
Je l'ai lu d'une seule traite, et la dernière page est arrivée aussi rapidement qu'une claque en plein visage, retentissante, laissant des picotements de tragédie grecque et de légende nordique. le souffle épique et dramatique que
David Bry donne à son récit n'en renforce que plus l'aspect conte, geste ou encore mythe qui se dégage de chaque ligne. Pas le temps pour les fioritures, pas le temps non plus pour les voyages, les marches militaires, les petites rencontres entre deux combats ; pas le temps, presque, pour approfondir tous les personnages qui hantent les pages. Parce qu'il s'agit d'une histoire qui s'est faite légende, que l'on raconte au coin du feu, au fond d'une auberge, blottie dans les rêves, et que les rêves sont faits d'ellipses, de quête et de faits glorieux, de larmes, d'amour et de sang versé. J'y suis rentrée avec bonheur et j'en suis ressortie abasourdie, les oreilles vibrantes du chant des épées et des accords d'une flûte dans la brume. Parce que les hommes, souvent, dans leur entêtement, leur douleur et leur haine, ne sont plus que des pantins du destin et à rêver de grandeur, deviennent des chants de gloire et de bataille. Des Chants de Géants.
C'est un coup de coeur.
En résumé
A travers ce nouveau roman,
David Bry assume pleinement son style, irrévocablement versé dans les contes et légendes et dans l'art de les raconter. le Chant des Géant est grandiose, comme le sont les légendes, les mythes et tout ce qui peuple notre imaginaire collectif. On y parle de batailles, de gloire, de sang versé, d'amours, de haine et vengeance ; on y parle de brumenuit, d'une flûte dans le noir, et des histoires qui se rêvent ; on y parle de destin et de son implacable chemin. Il ne s'agit pas d'un simple livre, il s'agit d'une geste médiévale au goût de tragédie grecque, d'une guerre de Troie irrévocable, et des rêves des Géants, sans lesquels personne ne rêverait plus.
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