J’avais été assez vaniteux pour me penser capable de trouver les origines de la cruauté humaine. En conséquence, j’avais découvert une dimension temporelle qui existait peut-être parallèlement à la nôtre. Je n’en connaissais pas plus sur la nature humaine que lorsque j’avais rendu visite à Marcel LaForchette au pénitencier d’Huntsville, cet homme qui s’était révélé mon demi-frère et s’était tué dans mon salon. Dans ma recherche des origines de la cruauté humaine, j’étais arrivé à la même impasse que les psychiatres qui scrutent le cœur des ténèbres et en sont si effrayés qu’ils remercient Dieu pour le terme clinique « pathologique », car il leur permet d’évacuer les images implantées dans leur esprit par les patients qu’ils ont essayé de soigner.
Son visage faisait plus vieux que son âge, mais traduisait la maturité, comme si sa sagesse lui avait été donnée, et n'avait pas été acquise aux dépens de son âme. (p50)
Je parie que quarante pour cent des habitants du pays ne seraient pas gênés d'allumer les fours, à condition que la fumée ne vienne pas dans leur sens.
Je n'ai pas l'intention de fatiguer tout le monde avec ce récit. Mais chacun possède une cathédrale à soi, un lieu particulier où revenir quand le monde pèse trop sur nous, dans le passé et le futur, et que le sentiment de perte et le désespoir se lèvent avec le soleil. Pour moi, c'était la petite bande de boue séchée sur laquelle je me tenais en cet instant, tandis que la marée roulait près de moi, et que les canards froufroutaient et gonflaient leurs plumes au milieu des quenouilles et des bambous engloutis.
.... chacun possède une cathédrale à soi , un lieu particulier où revenir quand le monde pèse trop sur nous , dans le passé et le futur , et que le sentiment de perte et le désespoir se lèvent avec le soleil. ( p 321 )
Les gens ne sont pas du bétail. Il n'y a rien de noble dans le fait de contrôler la vie des autres ... ( p 67 )
Si l'on n'a pas vécu dans un monde hiérarchisé, un monde qui pue l'hypocrisie, l'arrogance et le bon droit, on ne comprendra sans doute pas une société dans laquelle on rend quotidiennement hommage à des gens dont les ancêtres ont maintenu les vôtres dans la pauvreté, le manque d'éducation, et la terreur.
... je suis persuadé qu’il y a parmi nous des gens qui voudraient transformer le monde en cimetière, et que leur motivation n’est peut-être pas plus complexe que celle d’un gosse en colère balançant sa merde parce qu’il a été régulièrement laissé avec une couche sale.
Si l’on est enclin à la dépression, le déclin du jour peut s’infiltrer dans votre âme, vous serrer le cœur et éteindre la lumière dans vos yeux.
Chaque minute de la vie d’un toxico-alcoolique est un coup de dés : un caillot de sang dans le cerveau, une attaque qui le laisse allongé sur le sol, la bave aux lèvres, une poignée de calmants qui lui mettent le cœur en marmelade, un renvoi qui le fait s’étouffer dans son propre vomi.