- Les Soviétiques nous ont promis des armes, dit-il. Nous perdrons peut-être Malaga. Nous perdrons peut-être Madrid et la moitié de la Catalogne, mais nous gagnerons la guerre.
La lettre les informait que des navires de guerre les attendaient pour les conduire à Gibraltar, puis en Angleterre, s'ils le souhaitaient.
Les nationalistes avaient pris le contrôle de la Vieille-Castille, de León, d'Oviedo, de l'Alava, de la Navarre, de la Galice, de Saragosse, des Canaries et des Baléares, à l'exception de Minorque. Au sud, ils avaient mis la main sur Cadix, Séville, Cordoue, Grenade et Huelva. Malaga se trouvait encore dans la zone républicaine, tout comme Arazuelo, mais les rebelles étaient tout près.
Des bombardiers italiens et allemands les survolant et prenaient pour cibles les avions stationnés au sol, le port de Malaga, les cuves de pétrole.
Quand nous avons quitté Waterloo, j'ai étalé sur mes genoux les photocopies fournies par Reede et examiné les quatre représentations de Rufina et Justa peintes par de vieux maîtres espagnols. J'aimais beaucoup le lion passif dans le Goya, mais mon tableau préféré, c'était le Velasquez. Une jeune fille aux cheveux bruns et au regard impénétrable tenait deux petits bols et une assiette dans une paume, et une immense plume dans l'autre. Comme Robles, Velasquez avait peint Rufina seule.
Rufina vivait à Séville au II°siècle. C'était une potière chrétienne qui a refusé de se plier aux ordres des autorités quand on a exigé d'elle qu'elle fabrique des icônes païennes, ce qui lui a valu d'être jetée dans une arène avec un lion. Le lion ayant refusé de la toucher, Rufina a eu la tête coupée.
Robles n'est pas le seul Espagnol à avoir peint Rufina et Justa. Velasquez, Zurbáran, Murillo et Goya, quatre grands artistes espagnols ont peint les deux sœurs.
Pense avec ton cœur pour une fois, pas avec ta tête bien remplie.
J'étais sincèrement enthousiasmée. Comment ne pas l'être quand on voyait son plaisir, sa peur, son émerveillement, en songeant qu'à cet instant même, il y avait cette petite chose en elle, une chose si belle, qui serait accueillie par une si bonne mère quand elle montrerait le bout de son nez.
"Isaac, dit Olive d'une voix étranglée par la panique. Ils ont des troupes. Des armes. Des soldats entraînés. Que vont-ils te faire ?"