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3,96

sur 658 notes
Voici donc le deuxième et très attendu roman de Jessie Burton! J'avais adoré Miniaturiste qui m'avait littéralement sidérée par son originalité, sa pertinence et la minutie de sa documentation, parfaitement intégrée à la trame romanesque. Il y était question d'une maison de poupée hollandaise et d'une jeune femme isolée mais combative, en butte à une famille opaque et pleine de secrets.

Tout en étant très différent, Les filles au lion n'est pas sans points communs avec Miniaturiste : au centre du récit, encore une oeuvre d'art-un tableau, cette fois- et une héroïne-narratrice originaire des Caraïbes, vivant et travaillant dans le Londres des années 60, solitaire, timide, souvent humiliée mais réfléchie, indépendante et d'une étonnante force de caractère.

Les poInts communs s'arrêtent là, car à première vue, ce deuxième roman semble plus convenu que le premier: deux intrigues qui se succèdent d'abord, puis se croisent, et s'éclairent enfin l'une l'autre. Une histoire d'amour. Une intrigue romanesque sur fond de guerre d'Espagne et de supercherie artistique. Une intégration gagnée à la force du poignet.

Mais à y regarder de plus près, de même qu'il y a des surprises dans les découvertes du lecteur, et que se découvrent progressivement les talents et la distribution des rôles entre ces deux intrigues dans des temps et des espaces séparés , se découvre aussi un sous-texte.

Comme un pentimento original derrière un tableau académique.

Odelle, l'héroïne qui rêve d'être romancière et Olive, la jeune peintre de génie, ont toutes les deux en commun d'être des créatrices qui ne se font pas confiance , se méfient de leur entourage amical trop enthousiaste ou trop sévère , et qui ont besoin, pour exister, d'être découvertes sans pression, à couvert, sans tapage.


J'y ai vu- peut-être à tort?- l'aveu inquiet d'une jeune auteure, secouée par le succès de son premier livre et qui demande une ombre propice, un anonymat protecteur pour retrouver sa verve créatrice.

Et surtout une amie éclairée : Marjorie Quick pour Odelle ou Teresa pour Olive qui puisse la comprendre, l'aider, l'encourager...

Car - et c'est un autre point commun avec Miniaturiste- Les Filles au Lion est aussi un roman de femmes, un roman à la gloire de la solidarité et de l'émancipation féminines.

Dans un monde où les pères, les amants, les maris mettent souvent les créatrices sous le boisseau, il faut pour les pousser vers la lumière des amazones comme Teresa ou Quick- Marjorie de son prénom, mais son nom de famille lui va tellement mieux... et cache tant de mystères!

Cette figure de l'Amazone est, comme celle de la Miniaturiste du premier roman, une divinité tutélaire mystérieuse et forte, attachante et surtout attachée : en elle s'incarne, me semble-t-il, la seule vraie histoire d'amour du roman. Les autres ne sont qu'un leurre.

Je ne suis pas sûre d'être dans le vrai, mais cette piste de lecture m'a paru progressivement se confirmer. J'ai aimé en retrouver les signes, semés discrètement dans le récit, comme les admirateurs des Filles au lion retrouvaient sur la toile la touche et la palette d'un peintre trop rare et trop tôt disparu.

J'ai donc aimé ce jeu de piste, dissimulé derrière une composition savante et une histoire romanesque, et remercie les éditions Gallimard et Babélio de me l'avoir offert.
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Bouuh je m'ennuie un peu…
Allez allez, on persévère.
Bon.
Page 79, changement d'histoire, changement d'époque.
Ouuuh je m'ennuie toujours...
Encore 400 pages...

Honte sur moi, à la 90ème (page, pas minute, on n'est pas au foot là Jacky) j'ai abandonné, c'est dit.

Vraisemblablement c'était pas mon moment pour Les filles au lion, et au vu des commentaires que je découvre sur Babelio j'ai dû manquer un truc. Seulement la narration m'a semblé parfois maladroite, avec le sournois pressentiment d'une histoire un peu cul-cul niaiseuse. Généralement j'aime pas trop le cul-cul niaiseux voyez.

Bref, oubliez cette pseudo chronique, et pour vous donner l'envie d'avoir envie, attardez-vous plutôt sur les commentaires cinq étoiles des babelionautes enthousiastes (et permettez que de mon côté je file me planquer avant le lancer de tomates).


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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L'action commence en 1967 avec Odelle, une jeune femme venue de Trinidad. Elle rêve de devenir écrivaine.
En attendant, elle vend des chaussures mais dès le début de notre histoire, elle est embauchée comme dactylo dans une galerie d'art dont la patronne est l'originale Marjorie Quick.
Odelle rencontre Lawrie Scott qui vient d'hériter d'un tableau de sa mère. Odelle va essayer de connaître l'origine et l'histoire du tableau des filles au lion.
Pour cela, on passe l'autre partie du roman en Espagne, peu avant la guerre civile. L'auteur du tableau serait Isaac Roblès, un peintre décédé pendant la guerre civile.
Nous faisons la connaissance d'un marchand d'art, un Juif viennois; de sa femme, une anglaise fantasque et de leur fille Olive qui n'ose pas avouer sa passion pour la peinture à ses parents. Elle part cependant perfectionner son art dans une école d'art londonienne.
On passe donc successivement d'une période à l'autre, d'un pays à l'autre.
Petit à petit, j'ai été tentée de démêler le mystère du tableau avant l'auteure en reliant les évènements les uns aux autres. Cela met du piment à la lecture.
D'habitude, le fait qu'il y ait deux périodes dans un livre me trouble comme lorsque je lis une nouvelle et qu'il faut trop vite s'en séparer mais ici, les histoires sont aussi passionnantes l'une que l'autre et bien reliées par les évènements d'une époque à l'autre.
Le mystère du tableau nous fera remonter loin dans l'histoire chrétienne avec deux héroïnes saintes, Justa et Rafina.
L'intrigue est plus attachante que les personnages pour lesquels j'ai gardé une certaine distance malgré moi.
L'ambiance est moins prenante que dans "Miniaturiste", le premier roman de Jessie Burton.
Cela reste néanmoins un très bon roman aux liens finement entrelacés.
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Mais qui donc a peint Les Filles au lion?

Concernant l'attribution de tableaux inconnus, on peut être confronté à des erreurs d'expertise. Mais être mystifié par le peintre lui-même peut apparaître incongru, partant du postulat que tout artiste a un désir absolu de reconnaissance.

C'est pourtant ce que nous propose Jessie Burton dans cette fiction finement construite autour de la redécouverte d'un tableau.

L'auteure a trouvé un public avec son précédent livre, Miniaturiste, que j'avais beaucoup aimé.
Il fallait donc qu'elle transforme l'essai et je trouve qu'elle fait encore une fois un "sans faute" avec ce roman insolite où on retrouve son goût du mystère et des atmosphères dramatiques, des personnalités ambiguës, le tout porté par une forme de poésie dans les décors.

Elle nous fait changer d'atmosphère et de siècle. Par deux temporalités, la narration se promène entre la Grande Bretagne des années 60 (aux remugles de condescendance raciale d'un Empire disparu) et l'Espagne aux soubresauts de guerre civile, dans les origines et la destinée d'un tableau qui réapparaît et dont on piste la trace sur plusieurs décennies. S'invite dans ce récit un peu étrange et douloureux, une réflexion sur l'identité féminine, sur le combat des femmes dans tous les domaines, personnel, artistique, éducatif...

J'ai été très intéressée par ce qui fait l'ossature intellectuelle du roman: cette idée de l'écartèlement vécu par l'artiste, entre quête de notoriété et la nécessité de se protéger de la critique pour préserver cette chose infiniment fragile: le processus créatif.

Excellente lecture! Un roman qui m'a bluffée jusqu'à ses ultimes rebondissements.
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Sans en avoir lu aucune [critique] au préalable, je me hasarde à transcrire une note de lecture de ce roman qui m'a "époustouflée "!...


Je me souviens avoir lu moult critiques positives de "Miniaturiste"...
et comme souvent après avoir été sollicitée par d'autres lectures...j'ai
reporté la découverte de cette auteure à plus tard !...et ainsi le
temps va !!...

Ce deuxième roman traduit en français... je l'ai acquis à la rentrée 2017...
Et je ne le lis qu'en ce début d'année 2018....Un grand , grand bonheur de lecture...

"(...) mais ce n'était pas une question d'argent. Je faisais un pas vers ce que l'on m'avait présenté comme les Choses Importantes : la culture, l'histoire et l'art. (p. 23)"


Deux récits parallèles en deux périodes qui alternent entre 1930 et 1967...

Notre première héroïne des années 60, Odelle, originaire des Caraïbes, vit à Londres, comme vendeuse de chaussures... ce qui ne la réjouit guère !!! Elle, elle ne rêve que de devenir écrivain. Elle parvient àêtre acceptée comme secrétaire dans une galerie d'art...où elle rencontre sa responsable,
Marjorie Quick, personnage mystérieux, haut en couleurs, qui va l'encourager à écrire , qui va chambouler son existence !!...

Elle rencontre en même temps un jeune homme séduisant et sympathique, Lawrie Scott, venant d'hériter de sa mère d'un seul tableau, des plus mystérieux quant à son origine.
Ce dernier représente Deux jeunes femmes et un lion. Il soumet cette toile à Marjorie, la patronne d'Odelle, qui a l'air d'en savoir bien plus qu'elle ne laisse paraître.

Ce qui incite Odelle à chercher, à enquêter sur ce tableau ainsi que sur sa directrice, très amicale à son égard, mais si déroutante, imprévue et insaisissable !

La jeune femme va se retrouver dans une histoire d'amour et d'ambition, dans l'Andalousie des années 30, alors que la guerre d'Espagne débute avec rage entre les nationalistes et "les rouges" !
Des individus pris dans les tourments de l'Histoire ainsi que dans leurs tumultes tant amoureux que créatifs...

Des personnages attachants, complexes, des pages magnifiques sur l'Art, les difficultés de tout peintre, ainsi que celle de l'Ecriture.... Toutes ces puissances créatrices qui peuvent être aussi contestation de son époque ...

Un suspens des plus réussis... Des rebondissements, des sauts dans différentes époques....un immense talent dans la construction et les emboîtements des narrations, qui nous tiennent en haleine,
jusqu'au bout ...

Un roman très dense, bouleversant, qui nous oppose de multiples questionnements dérangeants sur les frontières du Mal et du Bien, les contradictions, ambivalences humaines, parfois terrifiantes,
le poids de l'Histoire, et L'Espoir, la force toujours offerts par l'Art, la Beauté et la puissance de vie de tout créateur....sans oublier aussi, parfois les miracles d'une rencontre !

"On ne connaît pas forcément le sort qu'on mérite. Les moments qui changent une vie - une conversation avec un inconnu à bord d'un bateau, par exemple- doivent tout au hasard.
Et pourtant, personne ne vous écrit une lettre, ou ne vous choisit comme ami, sans une bonne raison. C'est ça qu'elle m'a appris : vous devez être prêt à avoir de la chance. Vous devez avancer vos pions."

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Foisonnant, captivant ! Quel plaisir de lecture! Ce roman m'a encore plus enthousiasmée que " Les secrets de ma mère".

La création artistique est au coeur du livre. Qu'elle soit littéraire ou picturale, elle se révélera énergie vitale, fondatrice, destructrice aussi, pour deux jeunes femmes, Olive et Odelle.

1936. Sud de l'Espagne, près de Malaga. La famille Schloss, très aisée, cosmopolite, y séjourne dans une propriété louée. Une famille dysfonctionnelle, le père, marchand d'art, étant souvent absent, la mère, névrosée, aux comportements imprévisibles, nécessitant une surveillance permanente, et Olive, 19 ans, leur fille, prisonnière de ce huis clos étouffant. Sa libération vient de la peinture, même si elle n'a pas rejoint l'école d'art où elle était pourtant admise. La guerre d'Espagne qui se profile, et surtout un jeune homme ,Isaac, qui attise les passions, et sa soeur, Teresa, admiratrice du talent d'Olive, vont bouleverser les destins, et les plonger dans le sang et la violence...

1967. Londres. Odelle, une jeune femme noire venue des Caraïbes, rêve de se faire connaître comme écrivain. le hasard veut qu'elle trouve un poste de dactylo dans une galerie d'art. Sa rencontre avec Marjorie Quick, qui y travaille, sera déterminante, ainsi que la découverte d'un tableau intrigant, " Les filles au lion"...

Très subtilement, l'auteure établit peu à peu un lien entre ces deux lieux et ces deux époques, le fil conducteur étant ce mystérieux tableau, peint semble-t-il par un artiste espagnol... Nous ne saurons que dans les derniers chapitres quels secrets cette oeuvre renfermait...

Outre celui du processus de la création, le livre aborde les thèmes de la mystification, de la difficulté pour les femmes de se faire une place dans le domaine artistique, des amitiés fortes qui poussent à se dépasser. Et bien sûr, il est aussi question de l'exil, vécu par Odelle, et du franquisme.

Écrit dans un style riche, introspectif , ce roman nous fait entrer dans le labyrinthe complexe des pensées de ses personnages. Cet aspect fourmillant, prenant, m'a fait penser à l'univers de Kate Atkison, une autre anglaise.

Je le recommande vivement ! Et je reviendrai aux sources, je lirai" Miniaturiste".
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Un tableau mystérieux et l'histoire s'emballe.
Cette histoire est un diptyque, un pan se situe en 1967 et l'autre en 1936 ; un à Londres et l'autre dans un village près de Malaga.
Le lien ?
Une native des Caraïbes, Odelle Bastien, qui cinq ans auparavant avait aménagé à Londres et qui, un jour, a trouvé à la fois un emploi dans une galerie d'art et l'amour en la personne du propriétaire de ce mystérieux tableau dont j'ai parlé.

Tour à tour, le présent et le passé se dévoilent, au risque d'emmener le lecteur encore plus loin dans le mystère.
J'ai bien aimé me laisser guider par le sombre éclat de ce tableau et surtout par les personnages qui en sont dépendants. L'ambiance des deux époques, bien rendue, contribue de manière subtile à la révélation de l'énigme, elle-même servie par un style tout à fait harmonieux, aux mots bien choisis et aux images suggestives.
Malgré un je ne sais quoi dans les dialogues qui m'a empêchée d'adhérer entièrement à l'histoire, j'ai suivi avec intérêt les heurs et malheurs des protagonistes et surtout les tribulations des acteurs du marché de l'art autour de ce tableau dont j'aurais bien souhaité l'existence réelle…

D'où vient le talent ? de quoi se nourrit-il ?
Les artistes sont-ils influençables ? Quelle est la place de l'amour et de l'amitié dans leur parcours ?
Ce roman tourne autour de ces questions et ma foi, me donne bien envie d'aller refaire un petit tour dans un musée pour m'interroger sur l'aura mystérieuse de ces tableaux fascinants à tous points de vue.
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Ce roman est parfaitement maîtrisé, malgré la complexité de l'intrigue où deux histoires se chevauchent pour mieux se rejoindre.

1936, Olive, passionnée de peinture, sait que ses espoirs d'être reconnue en tant qu'artiste sont illusoires. Dans le monde des marchands d'art dont fait partie son père Harold, le talent ne peut être que masculin ! Sa rencontre avec Isaac, peintre et militant communiste en Andalousie tandis que la guerre d'Espagne s'annonce, bouleverse sa vie.

1967, Odelle, originaire des Caraïbes, ambitionne de faire sa place à Londres comme écrivaine. En attendant, elle est vendeuse de chaussures, puis travaille comme dactylo dans une galerie de peinture. Là, elle fait connaissance avec le sympathique Laurie, venu faire expertiser une toile d'origine mystérieuse.

Au centre du récit, un tableau fascinant, longtemps disparu, l'énigme de sa création et de sa transmission…

Autant que le rapport à l'art et à la création, c'est la place laissée aux femmes, qui plus est aux femmes d'origines minoritaires dans la société et dans le monde de l'art qui est explorée dans ce roman. Faut-il suivre le modèle dominant ? L'amour doit-il primer sur toute autre considération ? Comment se réaliser et faire coexister des aspirations artistiques et sentimentales ?

Grâce à un important travail de recherches et une intuition exceptionnelle, Jessie Burton nous rend ses personnages, en proie aux tourments de l'Histoire et de leurs sentiments, terriblement humains. Ils sont attachants, vibrants, passionnants, fascinants, mystérieux.

Jessie Burton est une raconteuse d'histoires, une vraie. Elle appartient à la catégorie des auteures qui savent nous toucher au plus profond de nous-mêmes.
La plume est belle et fluide pour un grand coup de coeur.



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J'ai eu la chance d'être conviée par Babelio à rencontrer Jessie Burton dans les locaux des éditions Gallimard. Celle-ci venait y parler de son 2e roman très attendu, Les filles au lion. Jessie Burton si vous ne la connaissez pas encore, a fait un tabac avec son 1er roman Miniaturiste qui s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires (autant vous dire que j'ai immédiatement couru acheter un exemplaire à peine sortie de ma rencontre avec cette écrivain britannique fort sympathique). Je vous laisse imaginer la pression de devoir écrire un 2e roman aussi prenant et unanime (en écoutant les autres blogueuses conviées, que d'éloges concernant Miniaturiste, j'ai presque failli être victime du fameux spoil criminel! ).

Jessie Burton le reconnaît volontiers, elle souhaitait mixer 3 thématiques qui lui tenaient à coeur et en faire le sujet de son 2e livre : l'héritage des colonies britanniques, notamment les Caraïbes et plus précisément Trinidad, l'histoire de la guerre civile espagnole et la peinture. Rassurez-vous, le cahier des charges a été respecté et nous donne ce bon roman, Les filles au lion, qui sans être un coup de coeur, n'en demeure pas moins de la bonne ouvrage et se lit très bien.


Odelle, est une jeune fille dans la plus pure tradition oxfordienne. Très bien éduquée, cultivée et talentueuse, elle ne jure que par Shakespeare et les auteurs du panthéon classique anglais. Écrivain en herbe, elle monte à Londres pour réaliser ses rêves. Tout irait pour le mieux en cette année 1967 si Odelle n'était pas caribéenne, noire et une femme. Dans ce Londres des années 60, si l'éveil vers le flower power et la libération des moeurs est en marche, ce n'est quand même pas la panacée et le regard des autres sur leurs amis des anciennes colonies, est loin d'être amène. Racisme ordinaire et précarité démotivent notre jeune Odelle qui prend une claque de désillusion en pleine face, elle dont le père s'est engagé en 40 dans la RAF et a donné sa vie pour l'empire britannique. Odelle, peu sure d'elle et de ses talents, qui n'ose se lancer, se résigne à accepter un poste de secrétaire dans une galerie d'art auprès de Marjory Quick, énigmatique quinqua. Assez rapidement, un lien se noue entre les deux femmes, Marjory battant le chaud et le froid avec Odelle, à la fois pygmalion plein de sollicitude et à certains moments, froide comme le marbre et distante. Odelle, en fine observatrice, sent que quelque chose de pas net se cache derrière ce masque de bienséance. Sa rencontre avec Lawrie, jeune homme épris d'elle, tentant de vendre un tableau de famille, les fameuses Filles au lion, achève d'embarquer notre héroïne dans les remous d'une histoire qui remonte à l'Andalousie de 1936, à l'aube de la guerre civile espagnole. Mais je n'en dirais pas plus les amis.


Plusieurs protagonistes se partagent l'affiche dans ce roman qui alterne le Londres de 1967 et Malaga en 1936. Des protagonistes qui ont toutes en commun le besoin de communiquer à travers leur art, qu'il soit littéraire ou pictural. Des femmes fortes qui se cachent, de peur d'être jugées par la société des hommes qui n'accorde aucun crédit à celles souhaitant vivre de leur passion. Une femme se doit d'être une épouse, une mère, un compagnon de vie attentionné et dénué de toute aspiration autre que celle de remplir leurs devoirs familiaux. Jessie Burton le reconnaît assez bien : les hommes sont secondaires dans ce roman (et vlan !). Il est bien question de femmes, de rêves brisés et d'élans passionnés à travers l'art. L'homme ici n'est qu'un obstacle à leur réussite. Et pourtant, l'auteur se garde de tout roman féministe !


Les filles au lion traite de thèmes qui en tant que femme, me touche, forcément. Face à la difficulté d'être soi-même, pleinement, librement, une femme encore aujourd'hui en 2017, n'est à mon sens, pas considérée avec le même sérieux qu'un homme, notamment dans l'art. J'ai aimé le livre qui rappelle qu'à toutes les époques, le sexe faible a dû se battre pour une égalité qui si elle est officielle dans nos constitutions, n'en est rien dans les faits. Allez je m'arrêterai là avec mes digressions de chienne de garde !


Jessie Burton nous offre un roman vivant, haut en couleurs, nous fait côtoyer de près les affres de la création, le tout au sein d'un récit romanesque qui se lit avec plaisir. Une écriture riche et un travail d'imagination émérite accentuent l'impression d'avoir affaire à un roman ciselé et intelligent. Merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour leur confiance et surtout merci de m'avoir permis de rencontrer un auteur très attachant.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Commentaire court vu leur nombre, déjà!

Je ne connais pas l'auteure : au centre de ce récit figure une oeuvre d'art , un tableau —- huile sur toile au motif étrange —-«  d'un côté une fille tenant la tête sans corps d'une autre fille entre ses mains et de l'autre, un lion , assis , hésitant à bondir sur cette proie » , qui apparaît au lecteur dès le début dans le coffre ouvert d'une MG, à Londres en 1967 , en compagnie d'Odelle, curieuse et combative , une narratrice confrontée au racisme , jeune femme de vingt - cinq ans, originaire des Caraïbes, arrivée en Angleterre cinq ans plus tôt——-elle vient de les passer à vendre des chaussures ——-la voilà engagée comme secrétaire dans une grande galerie d'art près de Picadilly .

Un emploi qui pourrait changer sa vie!

Son rêve est de devenir écrivain, il lui manque pourtant la confiance en soi.

L'autre pôle temporel se situe en 1936, au coeur d'un village du sud de l'Espagne , où se sont installés un marchand d'art viennois, son épouse anglaise et leur fille Olive âgée de 19 ans qui ——, elle rêve de peindre ——
Isaac et sa soeur Teresa les rejoindront dans leur villa .

Ce roman mêlant habilement deux époques, milieux sociaux, origines différentes : la veille de la guerre d'Espagne et le Londres des sixties mettra au jour de très beaux rôles essentiellement féminins, attachants , la position de l'artiste , son élan, son geste et ce qui l'entrave ....

Intéressant , dense, narration à l'architecture compliquée , l'auteure explore pourtant avec précision chaque décor , chaque scène et chaque geste des personnages .

Une machine romanesque irrésistible , plutôt roman de femme qui cerne avec justesse les pulsions et les hésitations de femmes très dissemblables : Odelle et Olive .
Une Histoire d'amour et d'ambition qui dévoile avec sensualité et talent les contours imprévisibles , inexplorés, mystérieux de la puissance créatrice .

Je n'ai pas lu le premier roman de l'auteure .
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