Chaque été, Paul Idrissi, Palma et leurs enfants, Nicolas et Clotilde, reviennent passer leurs vacances sur l'Ile de beauté. Même camping, même bungalow, mêmes amis… le clan Idrissi est connu, respecté, puissant, craint. le grand-père, Cassanu, est propriétaire de 80 hectares en front de mer sur la presqu'île de Revellata et gère sa famille d'une main de fer. Mais, le 29 août 1989, sur cette corniche entre mer et montagne perchée au-dessus d'un ravin de 20 mètres, la fuego de Paul bascule dans le vide. Des quatre passagers, seule Clotilde, 15 ans, en réchappera. Ses parents et son frère n'auront pas cette chance.
Eté 2006, Clotilde revient pour la première fois en Corse, accompagnée de son mari, Franck, et de leur fille, Valentine. Mais en revenant sur les lieux du drame et au camping dans lequel elle avait séjourné avec ses parents ce tragique été, le passé semble étroitement se mêler au présent. Et lorsqu'une lettre de sa défunte mère l'attend à la réception du camping, les questions se font plus pressantes...
Est-ce encore utile de prouver le talent de
Michel Bussi? Ses histoires tissées dans des lieux pittoresques, ses personnages hauts en couleur, ses intrigues palpitantes, ses dénouements surprenants… Ouvrir un livre de
Michel Bussi, c'est la promesse de ne jamais s'ennuyer, de voyager, d'être déstabilisé dès qu'on se laisse aller à trop de confiance en son intuition… L'auteur se délecte de jouer au marionnettiste, tant avec ses lecteurs qu'avec ses personnages.
le temps est assassin est, selon moi, particulièrement réussi, tant
Michel Bussi met en exergue l'importance de la filiation, de la tradition et de l'honneur chez les Corses. Tout comme il est impensable de quitter l'île pour vivre sur le continent, il est très difficile de quitter le continent pour s'y installer, s'y intégrer. Cela, Clotilde l'a bien compris. Seule rescapée, membre à part entière du clan Idrissi, elle ne parvient pas cependant à trouver la place qui lui revient. Certes, le sang corse coule dans ses veines grâce à sa famille paternelle mais Palma, sa mère, n'était pas originaire de l'île. Et quand Paul s'installe avec Palma sur le continent, ce déménagement est considéré comme de la haute trahison, un reniement complet des racines corses... Malgré les années, Clotilde se voit contrainte de porter le poids de cette décision parentale. Lorsqu'elle voudra enquêter sur l'accident qui a décimé sa famille il y a 27 ans, elle se confrontera à l'omerta corse, à l'indifférence de sa fille et aux réticences de son mari.
J'ai particulièrement aimé l'évolution du personnage de Clotilde. D'abord silencieuse, soumise, farouche et discrète, les épreuves et entraves qu'elle rencontrera sur son chemin lui permettront de s'assumer telle qu'elle est réellement. Comme à l'accoutumée avec
Michel Bussi, l'écriture rythmée, alternant la Clotilde adulte avec la Clotilde adolescente et rebelle donne un style singulier : multiplication des fausses pistes, confrontation de souvenirs…
Un bémol cependant, et pas des moindres tant il entache la saveur du livre : l'épilogue. Totalement superflu et dérapant vers la niaiserie, il aurait été plus que judicieux de ne pas l'insérer. On tombe ici dans les happy-end typiques des téléfilms, indigestes et grotesques.
Mais, si on choisi de faire fi de ces quelques pages, on reconnaîtra que l'ensemble est palpitant, déroutant, émouvant.
Michel Bussi révèle, une nouvelle fois, son imagination débordante.
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