Fermez les yeux et imaginez… Vous êtes depuis peu propriétaire d'une bien jolie bâtisse, peuplée de votre charmante famille, et vous décidez de mener par vous-même quelques menus travaux d'agrandissement. Or lorsque vous parvenez à briser un des murs concernés, celui-ci révèle non seulement une odeur nauséabonde, mais surtout, un squelette d'enfant.
Inutile je crois, de tenter de décrire l'horreur et la stupéfaction tétanisante qu'a ressenties Pio, ce papa alors concentré sur ses coups de masse, dans l'idée d'offrir une chambre accueillante pour son nouveau bébé à venir.
Espérons que la cellule psychologique mise en place par les équipes entourant la commandante Virginie Sevran, parviendra à sauver les esprits meurtris de cette famille…
Quant à Sevran, c'est une affaire bien éprouvante et des plus troublantes à laquelle elle va devoir faire face cette fois-ci.
Cécile Cabanac traite parfaitement, avec beaucoup de sensibilité, le poids que représente les traumatismes. Surtout ceux subis et provenants de l'enfance. Les conséquences à court, moyen et long terme peuvent être de toute évidence désastreux.
L'enquête est d'autant plus douloureuse que la commandante Sevran est une mère de deux enfants, et qu'une bonne partie de son équipe est également parent. Les esprits sont lourds, sous le choc, et l'atmosphère suffocante. L'horreur de ce début d'investigation n'augure absolument rien de bon.
Cette ambiance si austère, si pesante, l'auteure la retranscrit comme si nous y étions. On partage le choc, l'émotion, la terreur à l'idée d'être confronté à une situation similaire. Cela paraît tellement dingue, invraisemblable, trop. Beaucoup trop.
Qui est capable de tuer des enfants et de les emmurer ? Qui est suffisamment ignominieux pour agir de la sorte ? Qui, à part le Diable en personne ?
Les services de l'Aide à l'Enfance et ceux censés protéger et prendre soin des personnes âgées devraient être des lieux de paix, de repos de l'âme, pour ces personnes souvent blessées par la vie. Mais la réalité est bien loin d'être aussi prometteuse. Les instituts dans lesquels ces pauvres individus délaissés entrent parfois, sont des endroits empruntés à l'Enfer.
Les passages relatant les sévices infantiles sont particulièrement pénibles et douloureux à lire. Et pourtant, tout le monde devrait se pencher plus avant sur ce fléau qu'endurent beaucoup trop d'enfants. Il faut savoir se confronter à l'horreur de la vérité pour tenter d'agir et de faire réagir.
Cécile Cabanac ne cesse de transmettre des messages d'alerte à travers son intrigue et la lourdeur épuisante de l'enquête de sa commandante Sevran.
Il s'agit-là de bien plus qu'un simple thriller ou polar noir, c'est un appel à l'aide, une prise de conscience à transmettre à tous.
Les chapitres sont intelligemment construits, l'intrigue et le dénouement excellents ! On est choqué, frustré, en colère, stressé, parfois soulagé, parfois meurtris, mais toutes ces émotions dites négatives en valent la peine. La fin est savamment réussie.
Un très bon cru de
Cécile Cabanac !