Il fut un temps, celui du "Petit Pilote Illustré", où
Cabu, s'il était devenu soudain très riche, aurait acheté un lycée désaffecté dans une petite ville de province.
C'était le temps où il pilotait sa 5CV Citroën modèle Trèfle, le temps où il râlait contre les mémères dans le métro, contre les architectes pour leur manque d'audace, contre la bagnole envahissante et contre la civilisation du porte-clefs.
Cabu aimait les comédies musicales et les westerns mais n'aimait pas la guerre ...
Mais, mis à part les criminels et les fous dangereux, les militaires de tous poils, les religieux de toutes chapelles et les cons de toute obédience, qui aime la guerre ?
Cet album en est plein, de criminels et de fous dangereux.
Au menu, ce sera tête de con ravigote !
"
A bas toutes les guerres" est un album signé "
Cabu", un recueil de planches et de dessins parus dans
Charlie Hebdo.
Ce n'est pas à mettre dans toutes les mains.
C'est satyrique, cynique, direct et sans filtre.
Heureusement, au coin de la 83ème page, petit moment de tendresse et de nostalgie, je viens d'y croiser
le grand Duduche qui cherche encore et toujours à se taper Isabelle, la fille du proviseur !
Manque de pot, elle est la seule personne qui ait encore des problèmes de conscience ...
Dans les années 60, Isabelle était la fiancée de Thierry la Fronde, Isabelle remportait l'Eurovision et chantait avec
Jean Ferrat mais surtout Isabelle était l'égérie du lycée et meublait les rêves de tous les potaches du dortoir.
Cependant,
le grand Duduche se présentait comme son seul prétendant valable !
Le dessin politique satyrique, lorsqu'il est extrait de son actualité, perd forcément beaucoup de sa force et de sa pertinence.
Il est souvent comme un bon mot qui, lorsque son moment est passé, n'est plus qu'une mauvaise blague.
Mais le dessin de
Cabu conserve toute sa force parce qu'il est étayé par un véritable travail de journaliste, et par une forte conviction de militant.
"
A bas toutes les guerres !" est un album de révolte, un cri de colère contre la bêtise, l'armée et la politique.
Le trait de crayon de
Cabu est caractéristique.
Son propos est sans détours.
Il peut choquer, il n'en reste pas moins que, souvent indéniable, il peut être parfois sujet à caution.
C'est subjectif et engagé.
C'est parfois trop !
Trop d'outrance pourrait finir par lasser la lecture, si ce n'était
Cabu qui tenait la plume et le crayon.
Cependant, pour me requinquer devant tant de misères humaines, je me suis replongé dans ma vieille collection de "Pilote", j'y ai retrouvé avec plaisir Momo affublé de ses éternelles vestes à carreaux et quelques "duduchoramas" pleines pages où le détail faisait la joie du potache !
En tout cas merci aux éditions "les Echappés" pour cette horrifique mais néanmoins indispensable rétrospective de la connerie guerrière ambiante, merci au grand
Cabu pour toutes ces années de bons dessins et de saines réflexions, et merci à la Masse Critique pour la confiance une fois de plus renouvelée ...