C'est d'abord une destination fascinante : l'Asie centrale, l'échine du monde qui relie les 4 directions : la méditerranée et le monde chinois, le nord russo-sibérien et le sud indo-pakistanais.
C'est un voyage qui se veut "l'air de rien", mais minutieusement préparé. le choix d'une logistique et d'un équipement minimalistes en fait tout l'intérêt : il est propice aux imprévus et nous ne serons pas déçus !
C'est un moment aussi, cette époque insouciante où on pouvait, en transports locaux, se promener dans les vallées les plus reculées du Pakistan, passer en Chine sur la route mythique "KKH", puis traverser le Xinjiang et le Tibet, pour enfin redescendre à Katmandou... Et au passage, hop, tenter de gravir en douce le 7500 mètres qui donne son titre au livre !
C'était avant le 11 septembre 2001 et ses sanglantes conséquences dans tout le monde musulman; avant la téléphonie mobile et le GPS pour tous; avant la reconnaissance faciale et la répression généralisées qui menacent l'avenir même des Ouïgours et des Tibétains; et bien sûr, avant le Covid.
Merci Françoise pour ce récit et ce témoignage d'histoire.
Françoise Cadoux nous montre à quel point le voyage fait briller le présent, car on ne sait jamais ce qui va se passer dans l'heure suivante. Des moments célestes nous sont offerts, paysages sauvages, lumières radieuses, et des rencontres touchantes ou fulgurantes traversent de nombreuses pages. Les plus beaux moments humains sont des cadeaux inattendus, souvent dans les lieux les moins touristiques.
Bien sûr, il y a aussi le revers, la fatigue des interminables trajets en bus, les heures d'attente, le froid polaire ou la chaleur écrasante, la tourista, la crasse, les puces et les poux. Et les destinations interdites, comme cette impossible liaison Kashgar-Kailash-Lhassa... Mais grâce à sa plume magique (et son ange personnel), Françoise tourne cette face sombre du voyage en dérision et nous rend ces péripéties presque aimables.
Ainsi, confortablement installés pour la lire, nous pouvons déguster ses aventures qui célèbrent la vie, la terre et l'humanité jusqu'à la dernière goutte, comme une boisson fraîche revigorante.
On excuse facilement l'emploi du mot désuet de "Tartarie", sans doute pour éviter le terme chinois de Xinjiang. Ce mot fourre-tout était utilisé par les Européens pour désigner tous les peuples des steppes asiatiques (tous les turcophones, mais aussi les Mongols, Tibétains etc.), preuve de notre ignorance d'alors.
Quelques photos viennent utilement compléter le texte. Un petit regret pourtant de ne pas avoir plus de cartes pour se repérer.