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Man-eaters tome 3 sur 3

Elise McCall (Illustrateur)
EAN : 9781534314245
152 pages
Image Comics (12/11/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
Middle schooler Maude turns into a werepanther when she gets her period. Will an in-patient, anti-pantherism clinic called Ruminations cure her through hormone adjustment therapy? Or will Maude overthrow the patriarchy, solve a series of murders, and uncover a global capitalist conspiracy?

(HINT: IT’S THE SECOND ONE.)

This volume wraps up the MAN-EATERS series and includes the inspirational and informative guide, “HANDBOOK FOR THE REVOL... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le troisième et dernier de la série, venant conclure l'histoire. Il fait suite à Man-Eaters Volume 2 (épisodes 5 à 8) qu'il faut avoir lu avant ; il faut avoir commencé par le premier puisqu'il s'agit d'une histoire complète en 3 tomes. Il comprend les épisodes 9 à 12 initialement parus en 2019, écrits par Chelsea Cain, dessinés et encrés par Elise McCall, mis en couleurs par Rachelle Rosenberg, avec un lettrage réalisé par Joe Caramagna, des couvertures conçues et réalisées par Lia Miternique, des visuels supplémentaires réalisés par Miternique, Eliza Mohan, Stella Greenvoss, Liv Osborn, Nina Khoury, Nial Donohoo, Lucie Weiss, ainsi que des poèmes écrits par Emily Powell.

Ses parents n'ont pas eu le choix : ils doivent envoyer leur fille Maud dans un centre de rééducation, ou plutôt un établissement de soin pour les personnes atteintes de panthérisme. Maud a parcouru la brochure de l'établissement Ruminations et le programme est alléchant : thérapie équine, thérapie par le massage Thaï, draps avec un grand nombre de fibres, yoga, groupes de méditation, atelier d'écriture, surf, kayak en mer, cercles de soin post-yoga, etc. La réalité est un peu moins reluisante : Maud se trouve présentement dans un cercle de parole, avec une dizaine d'autres femmes, allant de la très jeune adolescente à la dame pré-ménopausée, à écouter Ezra (un homme) en train de lire une histoire tire-larmes (La toile de Charlotte). Chacune d'entre elles se sent émue, et porche des larmes. Ezra finit l'histoire et annonce que lendemain ils entameront la lecture de le Journal d'Anne Frank (1942-1944). Il y a 3 semaines, chez ses parents, Papa a revêtu un teeshirt à manche longue avec le logo de Tampon-Woman, et il discute avec sa femme Jo lui demandant si elle a eu ses règles. Sa femme lui demande s'il a peur qu'elle lui tende une embuscade, et lui murmure une autre information dans l'oreille, relative au groupe d'une vingtaine de demoiselles qui se trouvent devant lui. Sa fille Maud vient lui parler et il a un mouvement de recul. Elle lui indique qu'il n'a rien à craindre, qu'ils doivent combattre le patriarcat (même si le patriarcat c'est lui) et que Sophie E. (la demoiselle en kimono avec le masque de licorne) a un plan pour ça. Elle l'a intitulé Opération Mittelschmerz.

Maud montre la carte des mouvements à effectuer pour l'opération Mittelschmerz. Il y a une semaine, Papa attend avec sa fille dans le salon d'accueil de l'établissement Ruminations. Todd, le responsable des admissions, arrive et commence à énoncer les règles : pas de téléphone, pas de ceinture, pas de lacets, pas de spray parfumé, pas de tankinis, pas de comics, pas de lampe en sel d'Himalaya…, et pas de chapeau. Maud donne son bonnet avec oreille de chat à son père, et suit Todd en s'exclamant que le professeur Xavier est un abruti. le quinzième jour de son séjour commence comme les autres : prise d'eau minérale Estrocorp pour la prévention du panthérisme. Étape suivante de la journée : passer aux toilettes pour évacuer. Il y a des années de cela, Ezra a démarré sa petite entreprise dans son garage avec un copain. de fil en aiguille, il s'est retrouvé à ouvrir des établissements de plus en plus grands, et a réalisé des interventions sous forme d'une conférence TED (Technology, Entertainment, Design).

Le lecteur est bien content que cette série ait pu arriver à son terme, car il craignait qu'un projet aussi atypique ne puisse s'avérer économiquement viable. Il éprouve un petit pincement au coeur en découvrant que Kate Niemczyk ne dessine pas le dernier tiers de l'histoire, et qu'elle cède sa place à Elise McCall pour ces 3 derniers épisodes. Cette nouvelle artiste réalise des dessins, avec un détourage de contour moins propre que celui de Niemczyk, avec un degré de simplification et de réalisme similaire, et une loufoquerie intacte dans les mises en page. le lecteur se dit que le découpage des séquences et leur conception doit être assurés par Cain & Miternique ce qui assure la continuité entre les 2 dessinatrices. Les principaux personnages restent aisément reconnaissables : Maud avec ces cheveux aux reflets violet, ses parents (père avec sa barbe, sa mère avec sa chevelure blonde), Ezra avec ses cheveux noués au sommet du crâne. le degré de détail de représentation des environnements dépend de la séquence : de très détaillé (la double page consacrée à la pièce où se déroule le groupe de lecture), à minimaliste (un simple poste de télévision au milieu de 3 cases successives de largeur de la page. Les autrices privilégient les mises en page et les effets. Par exemple, le lecteur sourit franchement en voyant les taches de sang appliquées par-dessus le dessin de l'intérieur de la Suite Gyno. Il s'arrête pour détailler les 28 façades différentes de pavillon (7 rangées de 4 pavillons) se surprenant à jouer au jeu des différences. Il regarde bêtement la télé avec les autres dans ces cases de la largeur de la page. Il déchiffre avec curiosité l'infographie qui représente le résumé de l'histoire par Kevin, ou encore l'organigramme complexe de la multinational Estro Corp Global.

Comme dans les tomes précédents, Chelsea Cain et Mia Miternique se lâchent pour les idées et leur concrétisation sous une forme visuelle. le lecteur retrouve des parodies de publicité pour les produits Estrobeer, Estrocalm, Estrocola, EstroBrite, Estro-Yum (bonbons à la gélatine), EstroBank. Au premier degré, il s'agit de pastiches très convaincants de produits analogues (bière, relaxant, cola, dentifrice, bonbons). En découvrant l'organigramme de la multinationale, il prend conscience que les autrices jouent sur le fait que le patriarcat domine les organes dirigeants des plus grosses entreprises et que ces publicités sont encore le vecteur dudit patriarcat. Alors qu'il pensait que les autrices étaient allées déjà très loin en termes de pastiches et d'inventivité des formes dans le tome précédent, il est à nouveau surpris par une avalanche d'idées toutes menées à leur terme : couverture reprenant le I de Image Comics lui ajoutant une courte ficelle pour évoquer un tampon hygiénique, dessin en coupe d'un dirigeable, utilisation de ketchup, irruption de zombies, retour de la chanson le lion est mort ce soir, etc. Comme dans les tomes précédents, le dernier épisode correspond à une sorte de magazine un peu fourre-tout débordant d'idées loufoques et irrésistibles : photographies d'époque de petites filles avec leur poupée, jouets de fille, Chat-outil, techniques d'autodéfense, techniques de montée à la corde, jeu avec des pions soldats et des pions chats, logigramme pour appeler un chat, teintures pour couleurs de cheveux, faux livre pour y dissimuler un autre, carte de membre du Ministère des problèmes, une vingtaine de couverture pour le Manuel de la révolution, toutes drôles et référentielles.

Devant cette avalanche d'idées, le lecteur en vient à trouver l'intrigue très secondaire dans son plaisir de lecture. D'accord : Maud va dans un centre de rééducation qui ne dit pas son nom. Elle s'y retrouve avec 2 de ses amies, et des femmes d'âge divers. Elles mettent au point un plan au nom connoté (Mittelschmerz = douleurs ovulatoires) et la révolution contre le patriarcat a bien lieu grâce à la mise en oeuvre de dirigeables géants. le déroulement est cohérent avec la logique interne du récit, tout en se nourrissant d'une loufoquerie qui autorise toutes les invraisemblances. D'un autre côté, ce mode narratif est celui utilisé depuis le premier épisode. En outre, l'histoire regorge d'idées mariant culture et imagination. le lecteur sourit à chaque fois que de nombreuses personnes se mettent à fredonner A-wema-weh, extrait de la chanson le lion est mort ce soir, chanson populaire sud-africaine, composée par Solomon Linda en 1939, popularisée en France en 1962 par Henri Salvador, puis par le groupe Pow Wow en 1992. Dans un premier temps, il se demande bien qui peut être George Gordon Battle Liddy (né en 1930), jusqu'à ce que l'une des filles explique qu'il était le chef opérationnel de l'équipe des plombiers, espions cambrioleurs financés par l'administration de Richard Nixon. Après coup, il n'en revient pas de l'élégante facilité avec laquelle les autrices l'ont intégré dans l'intrigue. Il est également fasciné par la révélation sur les poupées des petites filles, et leur véritable nature, à nouveau loufoque, à nouveau tout à fait logique. Il sourit à la référence du Professeur Xavier qui est un chameau, phrase prononcée par Kitty Pryde dans l'épisode 168 de la série Uncanny X-Men (paru en 1983).

Le lecteur est aux anges que Chelsea Cain & Lia Miternique aient pu mener à bien leur comics féministe. Il ne s'est jamais senti agressé par le propos ouvertement féministe et un peu militant. En effet elles et Kate Niemczyk, puis Elise McCall ont avant tout raconté une histoire. Elles ont mis à profit la liberté de création pour étoffer cet univers avec de nombreux éléments dépassant le cadre de la bande dessinée comme des pubs photographiques, des diagrammes et des schémas, à la fois explicatifs et drôles. le lecteur peut très bien apprécier le récit au premier degré, souriant d'un bout à l'autre, et appréciant le ton franc et honnête pour parler des règles et des hormones. S'il le souhaite ou s'il en fait l'effort, il peut prendre un peu de recul et constater que le discours féministe anti-patriarcat est bien présent, sans écraser l'histoire, à la fois directe et drôle, nourrie par une inventivité extraordinaire.
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