Un roman incontournable. Je ne connaissais de
Louis Calaferte que son théâtre, mais pas ses récits, ni sa poésie.
Louis Calaferte raconte comment il a vécu cette guerre à l'âge de onze ans, jusqu'à la fin. Ses phrases courtes, répétées décrivent un monde qu'il ne comprend pas en tant qu'enfant, un monde où les adultes, le gros homme de la maison et la petite femme maigre, se lancent des phrases dont il ne connaît pas les sous-entendus, un monde plein de violences et de peurs dont il n'a pas idée et qu'on ne lui explique pas. Ses descriptions des premiers réfugiés, ou plus tard sur les routes de l'exode avec ses mots qui se répètent pour décrire une réalité chaotique et angoissante en compagnie de Maman Guitte. Plus tard, il décrit le marché noir, la manière dont les BOF (Beurre, oeuf, Fromage) s'enrichissent, les trafics avec les allemands. Mais surtout il décrit le lent glissement des gens (terme qu'il emploie souvent) vers la collaboration, avec leur détestation des juifs, des communistes, des anglais, glissement qui reflue avec l'annonce des défaites allemandes, et du coup apparaissent les résistants de la dernière heure et les exactions commises à la Libération. Pourtant on voit apparaître les actes de résistance, les coups de main contre la milice qui torture, la peur qui règne, les dénonciations qui amènent les tractions avant pour prendre des gens et les emmener, les torturer, les tuer ou les déporter car oui on s'en doutait quand même des destinations tandis que les rappels des Déat, Laval, Pétain et autres cardinaux qui ponctuent le récit et qui soulignent la lâcheté de certains et leur compromission.
Un petit aperçu d'une critique sur le roman https://1er-sti2.skyrock.com/1608636608-C-est-la-guerre.html