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Camilleri reprend une histoire véridique de 1891 pour la mettre à son goût: la simple demande d'installation d'une ligne téléphonique
de Pippo va tourner au cauchemar mais avec la truculence de notre conteur sicilien devenir, pour nous, une farce réjouissante.

Cette narration est pour beaucoup épistolaire et pour le reste de dialogues. On pourra admirer la flagornerie des différents épistoliers envers les puissants et quelques rares écrits de droiture par des fonctionnaires intègres et toujours, du moins entre amis, quelques crudités bien senties. En général le ton est enlevé.

Un courrier mal adressé, surtout à préfet maladivement soupçonneux,
va déclencher une véritable tsunami guerrier administratif entre différents services
Une petite guerre entre des services de polices et des carabiniers qui en bons soldats sont plus bêtes mais encore très méchants. Des services qui sont surtout plus obnubilés par la politique et le « spectre » socialiste que par les actes mafieux et lorsque les deux se conjuguent c'est l'apothéose. Cela se ressent chez les différents préfets de police ou non , sous-préfets, conseillers, chefs de cabinets, commissaires, colonels jusqu'aux ministres, ah l'administration italienne !

Des services postaux d'une lourdeur pharaonique, des demandes administratives rébarbatives sans fins et l'espoir chevillé au corps du Pippo ardemment soutenu par sa femme Taninè. Et pour cause ces deux-là vivent des rapports érotiques torrides.
Ce qui d'ailleurs provoque lors de la confession de Taninè la colère du père Pirrotta qui voit en la position « ante retro » un acte interdit par la religion mais lorsqu'il apprend qu'en fait c'est la position pour « l'autre vase » dite rectale mais qualifiée de socialiste (sans parler du vermicelle peint en rouge) et là… il se signe maintes fois en levant les yeux! La femme doit « donner une enfant à Dieu » et donc avec « l'autre vase »… Impossible… Il a horreur du socialisme, religion satanique.

Des personnages qui entre leurs déboires administratifs, carrières à ménager, escroqueries mafieuses financières et remboursements impayés, dégelées mafieuses, incendies criminels trouvent toujours le moyen de passer un moment dans leur lit ou celui des autres : les siciliens sont des coucous il faut le dire !

C'est un livre très plaisant parce que on sent que Camilleri a pris beaucoup de plaisir à mettre en place ces quiproquos, à enfoncer ses personnages dans des situations inextricables, à attribuer une fatuité à l'un, une naïveté à l'autre, une névrose et en fait tout va pour le mieux dans le meilleur ce monde sicilien dystopique.

Allez un extrait :
- Dans la dernière, je lui ai presque léché le cul à ce couilles molles de Napolitain. J'ai juste besoin d'informations pour la concession téléphonique, je ne suis pas en train de lui demandé la chatte de sa soeur –

Dit comme ça c'est explicite !
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N° 1555 - Juin 2021

La concession du téléphoneAndrea Camilleri – Fayard.
Traduit de l'italien par Dominique Vittoz

Ce roman d'Andrea Camillieri (1925-2019) a été publié en 1998.

L'intrigue est un peu compliquée et se déroule en Sicile à Vigata, une ville imaginaire, sur une année, de 1891 à 1892, période pendant laquelle l'État tente de juguler le socialisme fascisant qui commence à s'installer. Filippo Genuardi, marchand de bois de son état, souhaite avoir une ligne téléphonique privée qui relierait son entrepôt et le domicile de son beau-père . En effet, un décret de 1892, tout à fait officiel donc, autorise les particuliers à obtenir la concession privée d'une ligne téléphonique. Pour cela il envoie en vain une série de trois lettres fort obséquieuses au Préfet Marascianno, dont il orthographie mal le nom, ce que ce dernier prend pour une provocation. Elles vont être suivies de pas mal d'autres qui vont plonger le lecteur dans une atmosphère entre flagornerie, paranoïa et bal des faux-culs et donner lieu à une multitudes de quiproquos, la révélation de magouilles, avec règlements de comptes maffieux, délation, haine, rancoeur, trahison, hypocrisie, adultère, mensonges, ambitions, corruptions, c'est à dire l'ordinaire de l'espèce humaine, sans oublier toutefois le formalisme administratif autant dans la posture que dans la rédaction et qui confine parfois a la folie.

Ce n'est donc pas un roman classique, pas un policier non plus comme Camilleri en a l'habitude, mais une série de lettres suivies de courts récits où Andrea Camilleri s'est amusé à inventer une intrigue humoristique aux multiples répercussions notamment basée sur l'orthographe fantaisiste d'un nom ce qui donne lieu à une interprétation extravagante mais néanmoins savoureuse de la part d'un préfet soupçonneux, sur fond de dialecte sicilien.
Mais au fait, pourquoi Filippo Genuardi tient-il tant à avoir le téléphone ?

C'est fort plaisant à lire nonobstant la multitude des personnages.

Il n'est pas interdit, avant de commencer la lecture de cet ouvrage, de lire le texte introductif de Luigi Pirandello qui brosse un tableau peu flatteur de la Sicile à cette époque mais qui met le lecteur en condition.
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En 1891, en Sicile, un homme demande l'autorisation d'installer une ligne de téléphone. Sans s'en rendre compte, il va déclencher toute une série d'accusations, sera jeté en prison, menacé par la mafia. Délirant !
La forme est assez intéressante : alternance de « choses dites » et « choses écrites ». Donc, il n'y a pas de narrateur !
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Faire une demande de ligne téléphonique en 1891 à Vigàta demande de la diplomatie : Philippe Genuardi se heurtant à la mauvaise volonté administrative essaie de mettre de l'huile dans les rouages grâce à un contact mafieux ; de là découleront d'innombrables et périlleux ennuis à base de paranoïa policière et mafieuse et d'inextricables amours clandestines. Camilleri décrit en fait les racines du « malgoverno » sicilien dans une forme originale où il alterne documents écrits de diverses formes et fragments de dialogue.
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Livre terminé en ce début d'année 2018 mais il ne s'agit pas d'une nouveauté puisque le livre date de 1999 d'après ce que je peux voir (et encore, je pense que 1999 est l'année de sortie en poche mais il devait déjà exister en grand format en 1998...)

Drôle, plein de rebondissements, de quiproquos et d'imbroglios, ce roman d'Andrea Camilleri est très distrayant.
En suivant les déboires du personnage principal, un certain Filippo Genardi, je me suis fait la réflexion qu'il était bien difficile, à l'époque, d'avoir un téléphone (fixe évidemment !!) qui, en plus, n'était relié qu'à un seul correspondant !!!
Les démarches étaient vraiment longues et paraissent invraisemblables à l'heure où nous pouvons avoir une utilisation illimitée d'appareils hyper sophistiqués... Mais peut-être sommes nous allés trop loin ?
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Je suis toujours étonnée de la variété des sujets et des styles des oeuvres de Camilleri. En plus de la série policière qui met en scène le commissaire Montalbano, il a écrit des romans historiques : le Roi Zozimo, la Révolution de la Lune, la Secte des Ange, romans baroques, bouffonneries qui m'ont fait mourir de rire, une biographie du Caravage....toutes les époques, mais toujours en Sicile.

1891, Filippo Genuardi fait la demande de concession du téléphone. C'est déjà le premier propriétaire en Sicile d'un quadricycle à moteur. le livre commence par un échange de courriers entre Genuardi et les autorités. Étrange roman qui alterne courriers -"choses écrites" et "choses dites" : dialogues.

Cette demande d'installation du téléphone parait suspecte à tous, aux autorités qui traquent les agitateurs politiques, à son beau-père qui finance l'entreprise de son gendre, les mafieux tirent les ficelles des autorisations des propriétaires qui doivent donner leur accord pour la pose de poteaux sur leur terrain....

S'il s'agissait seulement de la concession du téléphone, ce serait déjà bien embrouillé. D'autres intérêts entrent en compte. Un ami de Filippo Genuardi n'a pas acquitté ses dettes de jeu...Et Pippo est un chaud lapin, ses histoires compliquent ses relations avec le curé et les bien pensants....

Camilleri dresse un tableau drolatique et amer de sa Sicile . J'ai plus souri que ri. Il réserve de belles surprises et rebondissements. Même si j'ai eu du mal à identifier tous les personnages au début, je me suis bien amusée.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Nous sommes en 1891 dans la petite bourgade imaginaire de Vigàta en Sicile. Filippo Genuardi, dit aussi « Pippo », est un négociant en bois qui aurait depuis longtemps fait faillite si son beau-père, un riche notable, n'était pas là pour assurer ses arrières. Sa dernière lubie est l'installation d'une ligne téléphonique à usage privé. Pour l'obtenir, Pippo écrit trois lettres au préfet de Montelusa, se répandant en formules obséquieuses et autres flagorneries.

Mais Pippo s'est trompé d'une lettre en écrivant le nom de famille du préfet. Celui-ci, en proie à la plus grande paranoïa, a vu dans cette malencontreuse erreur une provocation et voilà que Pippo se voit accuser d'être un dangereux agitateur politique. Et comme en Sicile la mafia n'est jamais loin, Pippo va devoir également composer avec le parrain local…

S'il me fallait encore une preuve du génie de Andrea Camilleri, la voici avec ce récit très drôle où l'auteur nous dépeint un tableau de la Sicile de la fin du XIXè siècle dans laquelle deux systèmes coexistent : l'administration et la mafia. Toutes deux rivalisent dans l'art des passe-droits et autres malversations en tout genre.

La forme du roman est originale : « les choses écrites », les échanges épistolaires, alternent avec « les choses dites », les conversations. Cette demande de ligne téléphonique, qui peut paraître anodine de nos jours, va être à l'origine d'un enchaînement de quiproquos et de rebondissements. Camilleri dresse un portrait de la société sicilienne pas très flatteur : lourdeur et immobilisme de l'administration, corruption, hypocrisie, trahison… Et pourtant beaucoup de gaieté et de joie de vivre se dégagent du récit. L'histoire ne se finit-elle pas d'ailleurs sur une note positive ?
Lien : https://taralliezaletti.word..
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Satire des us et coutumes de l'administration sicilienne ou polar insulaire et maffieux ?

On s'étonne, on sourit.. mais les promesses de cet auteur qu'on m'avait recommandé n'ont pas été vraiment tenues, en ce qui me concerne: le procédé d'alternance entre courrier administratif et action m'a vite lassée..

Je devrais peut-être essayer un autre titre..j'attends vos suggestions!
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Publié en 1998, La concession du téléphone est une tragi-comédie de moeurs, se passant dans la Sicile de la fin du XIXème siècle.

Le roman s'articule entre des passages épistolaires et des dialogues, sans aucune description des personnages ou des lieux de l'action.
Cet aspect un peu bâtard oscillant entre le roman et le théâtre rappelle les premiers amours de l'auteur pour la scène, d'autant plus que l'influence de la comedia del arte est très présente tout au long de l'histoire.

Cette influence se ressent sur les personnages, qui sont des stéréotypes. On trouve la femme objet, le mafieux menaçant, le politicien véreux...Il est parfois difficile de deviner qui est qui à cause des noms et surnoms officiels et officieux, confusion voulue par l'auteur qui en fait la base de son histoire, l'élément perturbateur.

L'élément perturbateur, donc, est le point de départ de l'histoire, qui s'enchaîne de façon très naturelle, chaque rebondissement en entraînant un autre, encore pire. Une vraie chute de dominos poussés par l'hypocrisie et la paranoïa savamment orchestrée, même si le final est un trop accéléré et semble être une issue de secours facile pour l'auteur qui ne savait plus quoi faire de ses personnages. Dommage !

L'une des spécificités de Camilleri est le mélange d'italien et de sicilien qu'il emploie, créant ainsi un langage frais et coloré. Malheureusement, la traduction française n'a pas pu recréer ceci, mais le travail de Dominique Vittoz est plus qu'honorable, surtout dans les dialogues les plus hystériques, très bien rendus.

Au final, la concession du téléphone est un petit roman bien écrit, pas prétentieux pour un sou, et qui se rapidement avec un arrière-goût de soleil sicilien dans la bouche et l'accent chantant des italiens dans les oreilles. Une lecture facilement accessible, parfait pour ceux qui n'aiment pas trop lire et pour ceux qui veulent juste se détendre. Attention, toutefois, au petit goût amer que laisse la fin du roman, tant pour sa morale que pour sa qualité un poil en dessous du reste !
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Ce fut une lecture très facile car c'est écrit de manière moderne sans expression vieillotte ni rien. L'histoire ne se déroule pas à proprement parlé comme un roman, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de narration. Il y a des moments épistolaires entre les personnages (et aussi articles de journaux) et des moments de pur dialogue entre certains personnages, un peu comme une pièce de théâtre.

Bien sur, c'est fait de tel façon qu'on arrive à reconstituer aisément toute l'histoire, somme toute rocambolesque qu'elle soit.

La seule gêne que j'ai pu avoir avec ce roman, c'est qu'il y a beaucoup de personnages qui ont pour beaucoup un surnom et au début j'avais un peu de mal à re-situer les personnages d'autant plus avec des prénoms italiens dont je n'ai pas l'habitude. Mais heureusement, au début du livre il y a un récapitulatif avec tous les personnages et leur lien entre-eux qui m'a bien aidé.

J'ai passé un très bon moment avec ce livre. J'ai d'ailleurs bien ri (pas vocalement, mais intérieurement).

Au final, il montre quand même des vérités, car la corruption et les fonctionnaires qui n'en font qu'à leur tête, c'est ce qui se passe mais qu'on évite de dire.

J'ai donc bien aimé voir les mafieux acheter tout le monde et façonner leur vérité, car je me répète mais c'était vraiment rocambolesque et finement humoristique. Un peu commedia dell'arte (enfin je crois), en tout cas typique de l'humour italien que je connais à travers quelques films.

Pour passer un bon petit moment, je vous conseille ce livre, il y a des passages qui valent vraiment le détour.
Lien : http://unlivrepeutencacherun..
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Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

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1994
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