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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je retrouve avec plaisir le Camilleri que j'aime. le Garde-barrière (2008) fait partie de la trilogie des métamorphoses avec Maruzza Musumeci que j'avais adoré et le grelot que je lirai. Dans le garde-barrière, la chronique d'une bourgade sicilienne durant la période fasciste et plusieurs mythes interagissent.

Cela commence doucement par une petite chronique ô combien pittoresque et savoureuse de la ligne ferroviaire très étroite qui relie Vigata à Castellovitrano en Sicile. Deux trains s'y pressent à pas de poule si bien que les jeunes ont le temps d'aller piquer une tête ou de marauder de beaux fruits entre deux arrêts. Une petite communauté très fraternelle y a ses habitudes depuis la moitié du XIXe siècle. Mais avec l'arrivée au pouvoir de Mussolini, des milliers de cheminots ont été licenciés et remplacés par des ouvriers fascistes zélés. le meilleur emploi consiste à devenir garde-barrière au troisième poste. On tourne la manivelle deux fois par jour pour lever ou baisser la barrière du passage à niveau et picétou. La petite maison jaune dispose d'un puits et, depuis l'intervention du très zélé Concetto Licalzi et de son épouse Agata Purpura , d'un jardin qui permet de ne plus dépenser ses pécuniaux au marché.
En mars 1942, ce poste très envié voit arriver Nino et Minica, un gentil petit couple. Nino Zarcuto est un beau garçon qui s'est écrasé la main entre les tampons des wagons et y a perdu deux doigts. de ce fait on ne l'a pas appelé sous les drapeaux. Mais son handicap ne l'empêche nullement de jouer de la mandoline comme un dieu. Avec son copain Toto le guitariste, ils forment un excellent duo qui se produit dimanche et jours fériés chez M.Amadeo Vastallo, le meilleur barbier-coiffeur de Vigata. Nino s'est marié avec Minica Oliveri , une fille ni jolie ni vilaine mais bonne ménagère et bonne jardinière. le problème c'est que le bon Dieu ne leur envoie pas d'enfant alors qu'il se démangognent activement. Nino consulte le Docteur Gerbino pfft puis s'en va trouver la mère Pilica. Il en repart avec un pot en verre bleu et deux mois plus tard…
Mais c'est la guerre. Des soldats sont envoyés construire des bunkers le long des côtes. le couple les accueille avec hospitalité. Nino leur fournit l'eau fraîche du puits. Pendant ses absences dominicales, des soldats frappent à la porte de la maison. Et puis pour contourner l'obligation de jouer des marches militaires, Toto et Nino se mettent à jouer des chants fascistes au rythme de la mazurka et de la polka. Les clients apprécient, les autorités beaucoup moins. Ils sont arrêtés. A partir de là, le roman prend une autre tournure. le grotesque et le ridicule qui protégeaient notre lecture disparaissent. Les bas instincts, la violence brute, la cruauté des hommes, nous sont balancés à la figure. Puis la vengeance et la folie. Et c'est dans cette noirceur terrifiante qu'une tentative de métamorphose végétale survient, magnifiquement racontée. Bouleversante et régénérante.
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Toujours aussi percutante et belle, l'écriture de Camillieri nous entraîne chez les garde-barrière siciliens pendant la seconde guerre mondiale, dans une histoire courte (je l'ai lu en une heure, impossible de poser le livre) mais prenante où la dérision côtoie le drame, et où le courage -voire l'insolence- des autochtones s'oppose à la violence et à la guerre. Plus vivante que jamais, la Sicile de Camillieri se fait à la fois chaleureuse et cruelle. Les lois de la vendetta et de l'omerta y règnent comme en Corse, narguant une autorité impuissante à faire régner la justice et à régler les conflits mais féroce pour tenter d' imposer un régime qui divise un pays malmené par la guerre. Et Camilleri prend, me semble-t-il, un malin plaisir à défendre ce droit à ...l'autogestion. J'apprécie de plus en plus le savoir-faire de cet écrivain qui distille savoureusement son humour au compte-goutte de ses vérités.
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Intemporelle l'histoire, à quelques modifications près, aurait pu se dérouler en 1890, ou de nos jours aussi bien qu'en 1942. La bêtise teintée de méchanceté gratuite des fascistes engendre des catastrophes qui aboutissent à la démolition psychique et physique de Minica. le salut viendra d'une autre catastrophe. Un des meilleurs Camilleri qui nous rappelle que la méchanceté, la bêtise, la brutalité et la tendresse sont de tous les temps.
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Camilleri se surpasse dans cette tragédie sicilienne au dénouement optimiste comme l'auteur. Cela se passe pendant la guerre, Nino, après avoir quitté l'armée, reçoit un poste de garde-barrière. Il est marié et cela pourrait être le bonheur. Hélas un voyou viole et mutile Minica qui ne pourra plus jamais être mère. Désespoir. La jeune femme stérile dérive dans la folie et se prend pour un arbre, les pieds dans la boue, dans son désir lancinant de porter des fruits. Son mari l'assiste de son mieux, et décide, avec l'aide d'"hommes d'honneur"(euphémisme sicilien), de tirer une terrible vengeance du bourreau de Minica. Puis survient un bombardement qui frappe un train de voyageurs ne laissant qu'un adorable enfant perdu pour tout survivant... le couple connaîtra le bonheur de l'amour parental.
Une langue familièrement chaleureuse et gaie qui sait prendre à l'occasion des accents tragiques. Âpre et dure Sicile, où pourtant le sourire n'est jamais loin.
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Au travers de ce court récit qu'est "Le garde-barrière", Camilleri confirme être un conteur de première main car s'il n'est peut-être jamais plus à son aise qu'en décrivant malheurs et heurs des petites gens de Sicile ainsi que leurs minuscules histoires se mêlant à la grande, son oeuvre ne se résume pas à un régionalisme de carte postale, loin s'en faut. Andrea Camilleri a bel et bien le chic pour faire sourdre l'humanité de ses personnages et par là-même émouvoir dans une langue dont la simplicité n'est que le reflet de la redoutable efficacité.
Le garde-barrière est donc en soi un savant dosage de légèreté et de profondeur, un de ces petits miracles d'équilibre, qui n'ont l'air de rien, mais dont on se souvient longtemps.
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Camilleri se surpasse dans cette tragédie sicilienne au dénouement optimiste comme l'auteur. Cela se passe pendant la guerre, Nino, après avoir quitté l'armée, reçoit un poste de garde-barrière. Il est marié et cela pourrait être le bonheur. Hélas un voyou viole et mutile Minica qui ne pourra plus jamais être mère. Désespoir. La jeune femme stérile dérive dans la folie et se prend pour un arbre, les pieds dans la boue, dans son désir lancinant de porter des fruits. Son mari l'assiste de son mieux, et décide, avec l'aide d'"hommes d'honneur"(euphémisme sicilien), de tirer une terrible vengeance du bourreau de Minica. Puis survient un bombardement qui frappe un train de voyageurs ne laissant qu'un adorable enfant perdu pour tout survivant... le couple connaîtra le bonheur de l'amour parental.
Une langue familièrement chaleureuse et gaie qui sait prendre à l'occasion des accents tragiques. Âpre et dure Sicile, où pourtant le sourire n'est jamais loin.
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Emouvant récit d'un épisode récent de l'histoire dans l'Histoire.
C'est cru et tendre, court et foisonnant, malicieux dans sa verve.
Ici, la MARGUERITE est aussi belle que l'orchidée.
Réaliste, imagé et splendissime !
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Intemporelle l'histoire, à quelques modifications près, aurait pu se dérouler en 1890, ou de nos jours aussi bien qu'en 1942. La bêtise teintée de méchanceté gratuite des fascistes engendre des catastrophes qui aboutissent à la démolition psychique et physique de Minica. le salut viendra d'une autre catastrophe. Un des meilleurs Camilleri qui nous rappelle que la méchanceté, la bêtise, la brutalité et la tendresse sont de tous les temps.
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