Quelle chance j'ai de ne découvrir cette oeuvre que maintenant !
Ce fut une immense claque littéraire.
Nous partageons ici le dialogue intérieur d'un homme aux pensées particulièrement rationnelles, mais aussi, et surtout, condamné.
Condamné pour n'être qu'étranger aux conventions sociales, de manière plus ou moins problématique.
Etranger, cet homme atypique l'est aussi de lui même, assistant au spectacle de la vie comme un peu a côté, ou au dessus.
Cet effet est encore plus flagrant lors de son procès.
Tout au long de celui ci, j'ai d'ailleurs eu la sensation d'y être autant spectatrice que lui.
Condamné pour n'avoir pas su se conformer aux exigences morales de la société, pourtant bien relatives.
Condamné pour ne pas s'en remettre à Dieu.
Condamné pour sa légèreté.
J'emploie ce dernier mot car, à la fin du livre, j'ai un peu pensé à cette " insoutenable légèreté de l'être" dépeinte par
Kundera.
Mais aussi, et c'est lié, à
Nietzsche, notamment à son concept de l'éternel retour, lorsque que le personnage principal s'exclame, acculé, qu'il ne souhaiterait qu' "une autre vie dans laquelle il se souviendrait de celle ci"
Le récit, à la fin, livre une époustouflante réflexion sur notre propre condamnation à mort, cette épée de Damoclès qui nous menace chaque jour et avec laquelle nous sommes bien obligés de vivre.
Parce que le plus important n'est pas d'être condamné, mais d'avoir vécu avant que le couperet tombe.