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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Qu'il est difficile d'écrire quelque chose après ces mots-là, ceux d'Albert Camus. Ce recueil se ressent, il vibre en nous. Il s'en dégage une lumière, une beauté, des effluves, des sensations. Camus célèbre ici la communion de l'homme avec la nature, avec le monde. Son accord, sa fusion. Il nous parle du pays où il a grandit, l'Algérie. le ciel inondé de soleil, le ressac de la mer comme une respiration, les ruines de Tipasa, Alger la blanche, les baigneurs du jour tout à leur joie, le silence du soir et la mélancolie, le vent de Djemila qui balaie le paysage et l'assèche, l'âpreté de la société parfois futile aride et conquérante face à la nature pleine généreuse et apaisante, méditation, réflexions, contemplation, une escale en Toscane, la condition de l'homme, la vie mortelle, les mythes fondateurs, la richesse du moment présent...
Son exaltation transporte le lecteur. Un voyage poétique, qui nous laisse étourdi, ivre de l'ondulation de ses mots qui résonnent encore et encore.

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Cette suite de courts textes à la saveur poétique et descriptive, qui vont de 1936 à 1953, nous emmène du côté lumineux de la personnalité de Camus. Loin, très loin du petit univers intellectuel parisien qu'il détestait.

Nous suivons Camus en Algérie, visitant les ruines de Tipasa pour des noces printanières peu communes si l'on ne sait pas regarder, à Djémila, à Alger la magnifique, à Florence et à Oran l'ennuyeuse.
Durant son périple, Camus nous livre ses méditations sur la mort ou le bonheur, prenant un cheminement philosophique certain que l'on connait mieux à travers le reste de son oeuvre.
Avec l'arrivée de la guerre et son torrent de barbarie, le ton se fait plus grave, de nouvelles considérations se font sentir, ce qui donnera lieu à « La peste » et à « L'homme révolté ».

Le livre est si exhaustif sur les lieux visités qu'il nous prendrait presque soudainement l'envie de suivre ses traces, de fouler son pas leste d'écumeur d'horizons diverses parfois accablé de doutes, afin de tenter de ressentir les mêmes sensations qui l'exaltèrent et de percevoir ce qu'il a pût voir de si transcendant pour l'âme.

À l'instar du Voyageur et son ombre de Nietzsche, Camus nous offre un essai à mi-chemin entre la poésie et la philosophie et l'on peut affirmer sans nul doute que c'est une belle réussite !
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Remettre le livre dans le contexte de son époque (1938) et savourer : voici mon conseil. Un retour aux sources pour l'auteur, beaucoup de questions existentielles, une quête, presque une enquête sur la mort, le plaisir, le bonheur. A la recherche de la relation d'une ville avec la solitude et la description de la beauté des paysages. J'ai visité avec l'auteur des villes méditerranéennes qui n'auront peut-être plus jamais la même saveur.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Un vrai bonheur de lire ces essais. L'écriture est magnifique. Les premières pages "Noces" sont pleines de poésie, d'amour de la nature, du soleil et de la mer. On respire les odeurs, on sent le vent brûlant, on admire la végétation, les ruines, les pierres. Tout cela nous parle. Nous ressentons toute l'Algérie chère à Camus. Un enchantement.
Les textes de "l'été" sont plus variés, plus philosophiques mais toujours pleins de sensibilité.
Ce fut un voyage magique, mélancolique
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Bien loin du style incisif, acerbe et tranchant que nous lui connaissons dans son fameux triptyque de l'absurde - L'étranger (roman), Caligula (théâtre), le mythe de Sisyphe (essai) - dans Les Noces et l'été, Albert Camus se révèle compositeur lyrique, pour ne pas dire essayiste. Écrits en 1936 et 1937, alors qu'il n'a pas encore 25 ans, ce recueil de nouvelles est une invitation au voyage, en sa terre natale d'Algérie.

Nous découvrons donc un Camus lyrique, dont la plume n'est pas encore influencée par le système philosophique de l'absurde. Dès les premières lignes de Noces à Tipasa, le ton est donné : "Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres." L'auteur semble partager cette conception stoïcienne de la nature, où l'homme et le cosmos ne font qu'un. Ici, en l'occurrence, ils ne font qu'un dans le bonheur : "Bientôt, répandu aux quatre coins du monde, oublieux, oublié de moi-même, je suis ce vent et dans le vent, ces colonnes et cet arc, ces dalles qui sentent chaud et ces montagnes pâles autour de la ville déserte. Et jamais, je n'ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde."

Au-delà du lyrisme des descriptions, le recueil parvient à rendre compte de l'essence des villes décrites : Alger, Oran, Tipasa, Djémila... Dans l'été, c'est sur Oran que l'auteur s'attarde le plus. Il les évoque dans un phrasé court et avec nuance et simplicité : "Les cités dont je parle sont des villes sans passé. Ce sont donc des villes sans abandon, et sans attendrissement. Aux heures d'ennui qui sont celles de la sieste, la tristesse y est implacable et sans mélancolie. Dans la lumière des matins ou le luxe naturel des nuits, la joie est au contraire sans douceur. Ces villes n'offrent rien à la réflexion et tout la passion" (Petit guide pour des villes sans passé). L'architecture, les lieux de vie, l'animation des journées, les filles du port, les paysages alentours... Rien n'échappe à la plume d'Albert Camus, qui, multipliant les descriptions, parvient à partager l'émotion de ses souvenirs d'enfance et d'adolescence. On retrouve parfois la mélancolie des descriptions de son roman La Peste.

Et dans ces moments de poésie, au détour d'une phrase innocente, on semble percevoir les préfigurations stylistiques d'un futur Albert Camus, acerbe et tranchant. Certains passages s'extirpent ainsi du lyrisme autotélique pour résonner dans la sphère des idées : "Depuis vingt siècles, les hommes se sont attachés à rendre décentes l'insolence et la naïveté grecques, à diminuer la chair et compliquer l'habit. Aujourd'hui et par-dessus cette histoire, la course des jeunes gens sur les plages de la Méditerranée rejoint les gestes magnifiques des athlètes de Délos. Et à vivre ainsi près des corps et par le corps, on s'aperçoit qu'il a ses nuances, sa vie et, pour hasarder un non-sens, une psychologie, qui lui est propre. L'évolution des corps comme celle de l'esprit a son histoire, ses retours, ses progrès et son déficit. Cette nuance seulement : la couleur. Quand on va pendant l'été aux bains du port, on prend conscience d'un passage simultané de toutes les peaux du blanc au doré, puis au brun, et pour finir à une couleur tabac qui est à la limite extrême de l'effort de transformation dont le corps est capable." (l'été à Alger).

Certes, ce recueil d'essais n'a pas la puissance de L'étranger ou de la Peste, mais découvrir le lyrisme camusien, rare comme le parangon d'une pierre précieuse, qui plus est dans un écrit autobiographique, permet de mieux suivre l'évolution stylistique de l'auteur et de voir que même dans le lyrisme, ce dernier possédait d'ors et déjà une puissance évocatrice qui plus tard servira ses idées philosophiques.
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Noces est un recueil d'essais, contant la beauté de l'Algérie, un peu comme un grand voyage en son sein, de Tipasa en passant par Alger et Oran. Dans un premier temps, Camus nous fait donc admirer à la manière d'un guide touristique exalté les beautés des villes de son pays, avec nostalgie. Il oppose Oran et Alger, les stéréotypes, les expériences, nous donnant l'impression d'être pris dans un gigantesque tourbillon. Dans un second temps, on observe les choses philosophiques, Dieu, les écrivains, le totalitarisme, les hommes, les Grecs, la mythologie tout en somme, un jeté de pensé. Un récit énergitique, estivale, ensolléillé, éblouissant et d'une magnificence littéraire asphixiante.
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Ce livre est un recueil de nouvelles . Camus vous fera voyager à Tipesa, à Alger, dans le désert. . Je trouve que le style d'écriture n'a rien à voir par rapport à La peste et à l'Etranger. .
J'ai trouvé une très belle plume douce, poétique, qui m'a beaucoup donné envie de visiter ces contrées .. Un recueil pour voyager..
Bref, j'ai beaucoup aimé !!
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Noces est composé de quatre récits lyriques, exaltation de la nature, mais aussi impressions et méditations sur la condition humaine et la recherche du bonheur.



Noces nous raconte les noces de l'homme avec la nature.
Tipassa c'est la joie de vivre, la plénitude, la communion avec la nature, le soleil et la mer.
Djémila, c'est le désert, le vent qui modèle le paysage, qui fouette les corps, dépouille, dessèche. C'est un endroit pour apprendre à se détacher de soi-même, être le vent, devenir ce qu'on est à l'origine, se délivrer de l'humain. Les ruines de la ville sont comme la mort de l'homme. Tout passe, tout se pétrifie. Seuls des éléments comme la mer et le soleil continuent leur chemin, indifférents, sans regard pour l'homme. l'éternité est ce qui dure après la mort de l'homme. Les ruines sont percées de fleurs, la vie continue.
l'été à Alger nous conte les bonheurs faciles des Algérois. Ils vivent dans le présent, sans passé et sans illusions.
Plaisirs sans remèdes et joies sans espoirs. Les habitants d'Alger sont clairvoyants, lucides. Splendeur et misère, richesse sensuelle et dénuement, lucidité et indifférence, beauté et désespoir, marchent ensemble.
Le bonheur rend la vie absurde. Plus un homme est heureux, plus il souffre, car un jour, il devra quitter cette vie. Mais sa vie sera plus grande s'il consent à cette mort sans tricher, sans s'en remettre aux mythes consolateurs, aux illusions de l'éternité. Il fera de sa mort une mort consciente.
Trouver l'équilibre entre tristesse et beauté, misère et amour, désespoir et beauté, ombre et lumière. Ne pas se réfugier dans l'espoir, le fanatisme, qui conduisent tout droit au malheur, à la résignation. « Car l'espoir, au contraire de ce qu'on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c'est ne pas se résigner. »
Les grecs ont désespéré de la beauté du monde ; la beauté du monde les oppressait. Mais leur malheur était doré, tragique, tandis que notre monde désespère de la laideur. La pensée grecque n'a pas dépassé les limites, elle a créé un équilibre entre ombres et lumières, elle a reconnu son ignorance.
Pour vivre heureux, acceptons nos limites, notre ignorance, préservons la beauté du monde, reconnaissons sa suprématie, sa permanence.
« J'ai toujours eu l'impression de vivre en haute mer, menacé, au coeur d'un bonheur royal. »
Acceptons ce bonheur royal et vivons le pleinement au présent.
Noces est un livre qui fourmille d'idées philosophiques et poétiques. C'est un voyage qui nous emmène loin, qui nous oblige à faire des détours, à revenir sur nos pas, à suspendre le temps, le temps de saisir un détail qui nous a échappé, de savourer une idée, avant qu'elle ne disparaisse sous nos semelles. On y rencontre une idée du bonheur, de l'harmonie, de la beauté, de la tristesse, du désert, du dénuement. C'est un voyage qu'il faudra refaire, parcourir à nouveaux ses sentiers, soulever les galets, gratter dans le sable, regarder ce que la vague a laissé sur le rivage
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Tout le genie de l'auteur dans ce voyage a Alger le style est superbe sans aucun mot inutile une nouvelle tres bien tournee un petit regal !
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Quelle belle langue !
Le premier texte surtout est un bijou absolu de la langue française.
* Tipasa se situe au dessus de la mer, à 60 kms à l'ouest d'Alger, le lieu fut occupé par les phéniciens, puis les romains, le paysage de ruines se marie à la lumière du ciel et de l'eau, cette beauté du monde engendre le bonheur d'y vivre.
Pas d'histoire donc: juste un récit d'impressions, de sensations, de plénitude.
* Les ruines du second récit sont celles d'une autre cité antique:Djemila. le paysage semble plus âpre, moins intime pour le visiteur.
* "l'été à Alger" est une autre célébration du bonheur d'être en vie, même si d'un point de vue social on semble étranger à ce bonheur.
(Je ne me souviens pas vraiment du 4è texte)
Le pouvoir évocateur de cette langue de Camus est trop rare. (On retrouve ce phénomène dans les meilleurs Le Clezio par exemple)
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