Après son féroce
Criminal Loft (éd. Milady, 2016), après son magistral
Majestic Murder (éd. Bragelonne, 2018), et après son redoutable L'empereur Blanc (éd. Fayard/Mazarine, 2021),
Armelle Carbonel nous revient avec
Enigma, un thriller à l'ambiance oppressante, offert comme un pendant – et non une suite, à
Sinestra (éd. Ring, 2018).
C'est avec des mots choisis et une écriture soignée que l'auteure nous plonge dans un récit dense, un récit qui s'empare de son lecteur, pour ne jamais lui laisser de répit.
Barbara Blair est une réalisatrice indépendante, spécialisée dans le tournage de documentaires ayant trait au patrimoine. Très attachée aux histoires que peuvent nous livrer les vieilles pierres, elle est divorcée et a une fille unique, Emma. Barbara est d'une nature anxieuse et dépressive, on le comprendra vite.
C'est à Beaumont-Louestault, près de Tours, que Barbara et son équipe (Warren & David) s'installent pour un nouveau tournage.
En effet, l'orphelinat de l'Avenir du Prolétariat, qui a été le théâtre d'événements tragiques par le passé, doit être rasé pour laisser place à un complexe touristique haut-de-gamme.
Très vite, les trois protagonistes vont faire d'étranges et troublantes découvertes. D'étranges rencontres, également. Qui est cette mystérieuse Magda ? Que cherche le facétieux Arnold Gabe ? Pourquoi ce malaise vis-à-vis des habitants du village ? Que signifie cette énigmatique heure-fantôme ?
Les évidences pleuvent, mais on ne veut pas les admettre. La nécromancière met son lecteur dans un état de sidération permanent, et l'associe de fait à ses personnages. On est littéralement manipulé.
Dans cette atmosphère de quasi-huis-clos, j'ai échafaudé des hypothèses impensables, je me suis laissée berner par l'auteure qui, c'est incontestable, maîtrise les mécanismes de pensée.
Si, idéalement, il faudrait lire, ou relire,
Sinestra avant de découvrir
Enigma, on peut aussi s'en passer car
Armelle Carbonel est suffisamment explicite pour ne pas perdre son lecteur en route.