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EAN : 9791022609142
208 pages
Editions Métailié (16/05/2019)
3.12/5   8 notes
Résumé :
Convaincu qu'il va mourir dans l'heure, Tobías n’a même pas pris le temps de s'habiller pour se rendre en urgence chez son homéopathe, le docteur Svarsky. C'est donc en robe de chambre et pantoufles qu'il croise par hasard la belle-mère du docteur devant l’immeuble Mignón. Grand et costaud, presque la cinquantaine, Tobías vit chez sa mère, veuve spirite, et passe sa vie à lutter contre une série sans fin de maux imaginaires tout en cherchant avec elle, par des moyen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Casacuberta dans ce nouvel opus nous met de suite dans le bain avec un trio d'enfer. Tobias, hypocondriaque cinquantenaire vivant encore chez sa mère, son médecin, dont il est totalement dépendant, l'homéopathe charlatan et dépressif Svarsky et la belle-mére de ce dernier, une vieille harpie coriace.
Le dit médecin, en plein délire vient de quitter sa femme et s'est réfugié au Love hôtel du huitième étage du bâtiment où se trouve aussi son cabinet, et il n'est pas seul.
Tobías, en plein délire, convaincu que sa fin est proche, en pantoufles fourrées de couleur bleu ciel et vêtu de deux manteaux l'un sur l'autre, se pointe devant lui pour une consultation, accompagné de la belle-mère en plein délire, rencontré par hasard dans la rue et qui vient récupérer le gendre.
Au trio s'ajoute la femme délaissée en plein délire aussi, dans le cabinet du docteur......

Une histoire d'imposteurs qui débute dans le délire et a cours dans une seule et très longue journée. Alors qu'on est en train de se perdre dans les méandres de l'esprit de Tobías notre narrateur, empêtré dans ses divagations, fantasmes, pensées et aveux, tout bascule à l'improviste, suite à “un accident”. Les choses prennent un tournant imprévu, le rythme change et d'une vague idée de la réalité, Tobias saute dans la réalité même.
Chez Casacuberta le langage est truculent et il y a toujours un problème avec le père, et ce récit ne manque pas à la règle. Quand à notre bonhomme Tobías, d'apparence un genre de Bécassine mâle, n'en est pas moins lucide et intelligent.
Un roman d'apprentissage , un petit conte philosophique savoureux, d'un langage d'une virtuosité linguistique et d'un humour sublime, où l'écrivain confronte le monde des croyances et des idées avec la vérité factuelle et scientifique. C'était mon troisième roman de lui, un seul mot, un régal ! Mais attention pas pour tous les goûts !

“.....je me dis que Svarsky, ma mère et moi étions aussi notre propre enfer. Et, tout bien considéré, peut-être notre seule part possible de paradis.”


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Tobías est un grand garçon costaud qui, à presque 50 ans, vit toujours avec sa maman. Il n'a pas connu son père, militaire mort avant sa naissance dans d'obscures circonstances (en tout cas des circonstances jamais expliquées clairement à Tobías). Malgré son allure de viking, Tobías a une petite santé toute fragile. Enfin, c'est ce qu'il croit depuis son enfance, rendu hypocondriaque par son anxieuse de mère. Il n'a jamais travaillé (lui et sa mère vivent chichement de la pension de survie héritée du paternel), fils unique, sans amis ni fiancée, il ne connaît de la vraie vie et du monde extérieur que ce qu'il en a appris dans les grimoires poussiéreux de la bibliothèque familiale et aux séances de spiritisme où sa mère l'entraîne pour tenter d'établir le contact avec son père. Et bien sûr, comme tout malade imaginaire incurable qui se respecte, Tobías fréquente assidûment le cabinet de son médecin – que dis-je – de son dieu vivant (sa figure paternelle aussi, peut-être), j'ai nommé le docteur Svarsky. La salle d'attente de celui-ci ne désemplit jamais (signe évident de sa compétence, n'est-ce pas?), encombrée de vieilles dames de toute la ville venues confier leurs bobos à la science du bon docteur. Lequel se consacre depuis des décennies à l'homéopathie, et ce alors même qu'il est convaincu de l'inefficacité de cette discipline. Ce qui le plonge dans les abîmes de la mauvaise conscience professionnelle et lui fait régulièrement traverser des phases de dépression profonde, sans pour autant que cela rebute ses patients. Et donc ce jour-là (comme tous les autres jours), Tobías, certain d'être au bord de l'infarctus, se précipite, en peignoir et pantoufles, chez son médecin. Arrivé au cabinet, la consultation prend une tournure d'imbroglio colossal, entre la décision de Svarsky de mettre fin séance tenante à sa carrière (malgré la vingtaine de mamies dans la salle d'attente) et ses déboires conjugaux (sa belle-mère croit qu'il a une maîtresse) et sanitaires (une énième fuite d'eau qui menace le lino du cabinet).
Les 200 pages du roman déroulent ces quelques heures de la vie étriquée de Tobías, le temps d'un rendez-vous médical peu conventionnel. Si l'action en elle-même est maigre, le flux des pensées de Tobías est quant à lui torrentiel, le cheminement d'un esprit tortueux, torturé et obtus, vivant dans un monde romantique de réflexions et d'idées, qui se trouve soudainement confronté à l'irruption des contingences de la vie réelle et concrète. Un peu d'action, donc, mais pour quelle réaction dans la tête de Tobías ? le déclic d'une vie ou un feu de paille aussitôt étouffé ? Malgré de longs monologues parfois saturants, ce roman est (ou n'est pas) un roman d'apprentissage burlesque mais profond, avec un personnage de loser pathétique magnifique. Ecrite dans un style et un langage virtuoses, cette tragi-comédie est à consommer à doses non homéopathiques.
En partenariat avec les Editions Métailié.
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Dans le droit fil des précédents romans de l'uruguayen Pablo Casacuberta, et notamment Scipion, Une santé de fer est une introspection à la fois dense et raffinée d'un personnage, Tobias, pour le moins torturé et qui, à 50 ans (La mediana edad, comme le dit le titre original), n'a encore eu que peu maille à partir avec la vie réelle. En effet, notre homme, décrit physiquement comme une sorte de viking, vit avec sa mère, adepte de spiritisme, et n'exerce aucune profession, vivant sur une maigre pension qui continue à être versée après la mort d'un père qu'il n'a pas connu. Singulier héros que ce Tobias, hypocondriaque forcené, qui voit en son homéopathe de médecin un véritable thaumaturge et, accessoirement, un père de substitution. Alors, quand ce dernier connait une crise existentielle, ce cher Tobias ne peut qu'en être gravement affecté. le livre se situe entièrement dans l'esprit embrumé du susnommé lequel non seulement commente les événements au fur à mesure qu'ils se déroulent, au cours d'une unique journée, mais digresse sans cesse par association d'idées dans son passé et sur le sens de sa propre existence. Avec un humour subtil et une écriture irréprochable, Pablo Casacuberta nous enferme 200 pages durant dans les pensées labyrinthiques de son malade imaginaire et l'expérience est à vrai dire assez amusante au début mais ne résiste pas à la longue à l'usure de ce qui est avant tout un exercice de style. A moins d'être fasciné par la vie intérieure de Tobias, l'ennui pointe le bout de son nez et persiste pour le lecteur prisonnier du roman comme d'un marais stagnant. Avec en sus la désagréable impression d'être obligé de lâcher traitreusement Tobias en cours de route, comme lorsqu'on assiste impuissant à la conversation certes intéressante mais au final assommante d'un ami bien trop bavard.
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Tobias est gravement hypocondriaque. Convaincu qu'il va mourir dans la journée, ce grand gaillard cinquantenaire s à l'allure de viking se précipite au cabinet de son médecin homéopathe le docteur Svarsky. Mais par le plus grand des hasards au pied de l'immeuble, il rencontre la belle-mère du médecin à la recherche de son gendre.

De cet auteur, j'avais lu et aimé Scipion mettant en scène un personnage paranoïaque et porté sur la bouteille. Un roman sur la quête de la filiation manié avec humour. Et ici, la cocasserie est bien présente dès les premières pages. Tobias qui vit toujours chez sa mère est exagérément un malade imaginaire, le docteur Svarsky dénigre l'homéopathie avec force et conviction et sa belle-mère est une fouineuse. A partir d'un imbroglio, Pablo Casuberta nous plonge dans cette unique journée où rien ne va se passer comme prévu.

Attachant, un brin naïf et romantique, Tobias est influencé par sa mère adepte du spiritisme et est à la recherche d'une figure paternelle absente. Avec des situations rocambolesques parsemées des pensées de Tobias, le ton oscille entre l'ironie et la tendresse.

J'ai souvent souri mais je suis aussi un peu ennuyée dans les trop nombreuses digressions de Tobias. Malgré les cheminements intérieurs et des réflexions intéressantes, mon intérêt s'est calqué sur la trajectoire de montagnes russes. Dommage.
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"Une santé de fer" de Pablo Casacuberta nous plonge dans l'esprit labyrinthique de Tobias, un quinquagénaire qui vit encore avec sa mère dont il est émotionnellement dépendant. Il est aussi corpulent qu'hypocondriaque, sans activité professionnelle et pour tout dire plutôt inadapté au monde extérieur. Bénéficiant de la maigre pension militaire d'un père mort sans honneur et dont les circonstances du décès ne sont révélées à notre antihéros que vers la fin du livre, sa situation l'a conduit à développer une dépendance extrême vis-à-vis de son médecin de famille, le mélancolique Dr Svarsky, un homéopathe qui ne croit absolument pas à l'efficacité de ses propres préparations. L'histoire se déroule au cours d'une seule et très longue journée dans un récit qui zigzague entre les évènements burlesques du jour, des épisodes tragicomiques de la vie passée de Tobias et les multiples associations d'idées et digressions de son esprit. le roman est bien construit, écrit dans un style limpide et avec un ton volontairement désuet ou anachronique. Avec un constant humour, Casacuberta nous offre un roman d'apprentissage décalé (Tobias doit se résoudre à entrer dans le monde des adultes à 49 ans) doublé d'un roman philosophique. La science et la religion, l'illusion et la réalité, le destin et le libre arbitre sont débattus. La galerie des personnages secondaires est réussie : une belle-mère impitoyable, un opérateur d'ascenseur délirant, un propriétaire d'hôtel mesquin et maitre chanteur. Pour donner au lecteur une idée de ce qui l'attend, il faudrait peut-être parler de Kafka, car le temps s'écoule dans une sorte d'atmosphère onirique, l'espace est incertain et sans véritable identité. le souci de crédibilité n'est évidemment pas prioritaire et l'auteur nous invite à entrer avec lui dans un monde qui a sa propre logique et qui pose, derrière la farce, la question d'une possible renaissance passé la quarantaine. J'ai été touché et ému par Tobias, cet antihéros que Casacuberta rend aimable et humain malgré le fait que tout, absolument tout ce en quoi il croit s'avère faux.
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critiques presse (1)
LeMonde
03 juillet 2019
Dans son trosième roman, l’écrivain uruguayen Pablo Casacuberta ausculte l’absence de père – sur un mode burlesque.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Toutes les cathédrales que j'avais bâties, persuadé que le sens de mes actes était implicite, avaient dû retourner à la poussière d'où elles étaient venues. C'était comme si chaque scène vécue constituait une espèce d'essai irrésolu, exigeant de moi une énorme dépense d'énergie dont, après tant de combats intérieurs, il ne restait plus rien. Ma vie entière pouvait se voir comme une longue succession de "choses qui étaient presque arrivées", de constructions et de tentatives susceptibles d'aboutir. Je me demandai si l'existence des autres, cette masse infinie d'yeux, de bras et de jambes qui parcourt les rues tous les jours et à laquelle je prêtais à tort ou à raison des intentions, ne serait pas une grande addition de petites odyssées individuelles qui laissaient les protagonistes à quelques pas à peine de l'endroit où elles avaient commencé, chacune faite de prétextes, de délais pressants et de doctrines justificatives, et néanmoins tout aussi vide et insignifiante qu'une colonie de moules.
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Même dans mes souvenirs les plus anciens figurait déjà la conscience douloureuse d'être plus massif, plus grand et plus fruste que ce qu'aurait requis toute interaction vertueuse avec mon entourage ; d'être moins éveillé, sain ou rapide, mais surtout d'être moins présent dans le monde que les autres, de me voir condamné à percevoir des scènes de ma vie depuis une sorte de balcon éloigné des faits ; enfin, cette vieille impression que le monde m'appartenait un peu moins qu'à mes congénères et que c'était déjà tellement caractéristique de ma constitution interne qu'il paraissait impossible de la déloger de mon cadre vital.
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À mesure que ses chaussures se mêlaient à des dizaines de pieds, je reconnus dans cette marée de jambes un petit chien errant qui rôdait souvent autour de l'immeuble. Comme il m'était arrivé de lui céder une bouchée de ce que j'achetais en sortant de la consultation, la pauvre bête me faisait fête comme au plus dévoué des êtres humains, son accueil haletant et sa queue frétillante étaient les meilleurs stimulants pour poursuivre mon chemin. Les employés qui surveillaient les voitures garées dans le parking du Mignón l'appelaient Hitler, car il avait une tache sur le museau, comme une moustache. Ce nom attribué à un animal si noble m'avait toujours paru d'une extrême cruauté, car même si la ressemblance avec la moustache était évidente, une âme sensible l'aurait plutôt appelé Chaplin, ainsi que je l'avais baptisé intérieurement sans jamais prononcer ce mot. C'était un chien reconnaissant, un gentil vagabond qui ne réclamait rien à personne mais fêtait n'importe quelle pitance comme s'il s'agissait du plus délicieux des mets, et j'aimais penser qu'entre nous s'était établie une certaine amitié.
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Car la vérité est qu'avant de travailler comme charlatan, j'ai étudié la médecine. La vraie médecine, je veux dire, celle qu'on étudie dans les universités, puis je me suis spécialisé et j'ai fini par devenir un pneumologue acceptable. J’ai honoré la méthode scientifique, le doute et le scepticisme jusqu’à ce que la vie de luxe que j’avais bâtie autour de mon épouse exige de moi une clientèle de plus en plus nombreuse et avide de spectacle...
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En voyant l’ampleur de l’angoisse que révélait son visage, j’eus la tentation de m’excuser, de faire une révérence et de me jeter tout simplement par la fenêtre
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