AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781022601468
Editions Métailié (03/09/2015)
3.65/5   20 notes
Résumé :
Au début des années 90, le gouvernement du Salvador et la guérilla entament des négociations ; Erasmo Aragón, journaliste salvadorien exilé au Mexique, songe à regagner son pays d’origine, ce qui lui permettrait également de planter là sa femme et sa fille qui l’énervent prodigieusement. Dans l’attente du départ, il vit dans un état second, entre les vapeurs de l’alcool et les bouffées d’angoisse, hanté par des souvenirs confus et la peur d’être arrêté à sa descente... >Voir plus
Que lire après Le rêve du retourVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 20 notes
5
0 avis
4
8 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Ca y est ! Après une dizaine d'années d'exil au Mexique, Erasmo Aragón, journaliste salvadorien, va enfin pouvoir réaliser son rêve : rentrer dans son pays et y lancer avec quelques anciens collègues une nouvelle revue politique.
En effet, en ce début d'années 90, la guerre civile qui a ravagé le Salvador entre 1974 et 1992 semble sur le point de se terminer, le gouvernement ayant entamé des négociations avec la guérilla.
Et tant qu'à faire d'une pierre deux coups, Erasmo voit également dans ce retour l'occasion de quitter sa compagne Eva et leur petite fille, pour lesquelles il n'éprouve plus rien à part de l'agacement.
Mais à mesure que le rêve se matérialise et que le grand jour du départ approche, Erasmo, éternel angoissé, se met à souffrir du foie, à tel point qu'il consulte le Dr Chente Alvarado, médecin réputé et compatriote lui aussi exilé. Celui-ci propose à Erasmo d'essayer l'hypnose. A la fin de la première séance, celui-ci ne se souvient de rien, mais le Dr Chente, qui refuse de lui révéler ce qu'il a dit et a tout noté dans un petit carnet, lui assure que c'est le processus normal. Et Erasmo, qui se sent beaucoup mieux, accepte de poursuivre le traitement. Mais après quelques séances, le Dr Chente se volatilise, et la paranoïa et l'angoisse d'Erasmo ressurgissent de plus belle. N'est-ce pas trop risqué de rentrer au Salvador ? Qu'a-t-il bien pu raconter d'inavouable pendant les séances d'hypnose ? Chente ne serait-il pas un espion à la solde du régime ? Etc etc...
Erasmo Aragón (qu'on retrouvera plus tard dans « Moronga » et « L'homme apprivoisé ») n'a pas grand-chose qui le rende sympathique : égoïste, macho, faible, indécis, porté sur l'alcool et les femmes, lâche, incapable de s'engager, d'assumer ses responsabilités et d'affronter ses problèmes. Un type pathétique, donc, mais l'auteur parvient à susciter l'empathie du lecteur et à rendre cet hypocondriaque d'Erasmo presque attachant. La narration à la première personne nous immerge dans son cerveau torturé, mais le ton n'est pas aussi lugubre qu'on pourrait le penser : la plume de Moya est aussi speedée que son personnage, et trempée dans un humour corrosif, noir, et donc jouissif.
Mais qu'on ne s'y trompe pas : à travers le portrait d'un homme névrosé, Moya, comme dans ses autres livres, nous parle de la cruauté de l'exil et dénonce la violence qui gangrène le Salvador et le reste de l'Amérique centrale en général.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          454
Début des années 90, Erasmo Aragon, journaliste salvadorien exilé au Mexique depuis 11 ans décide de rentrer dans son pays d'origine, suite aux négociations entamées entre le gouvernement du Salvador et la guérilla,(après une sale guerre qui a fait de 1974 à 1992 ,100000 morts ) . Il a l'intention d'y participer au lancement d'une nouvelle revue politique et de quitter définitivement sa compagne Eva, avec qui rien ne va plus, la laissant au Mexique avec leur petite fille. En attendant, coincé entre l'angoisse du retour,car il a toujours soutenu la guérilla ,et ses problèmes domestiques ,il se noie dans l'alcool. Un mal de foie lacinant va le décider à consulter le docteur Chente Alvarado, un chirurgien, psychologue,et acupuncteur à la retraite.Ce dernier, pour un traitement plus approfondi pour soulager ses maux, lui propose l'hypnose. Au réveil ,il ne se rappelle de rien.Chente le rassure en lui affirmant que c'est normal et que ce qu'il a révélé, lui reviendrait en mémoire plus tard,que c'est "le processus.".Un processus qui va l'enfoncer dans la paranoïa, ravivant les démons de son inconscient....
Raconté à la première personne, c'est un véritable thriller psychologique une descente infernale dans les tréfonds de l'âme. L'histoire d'Aragon est aussi l'histoire du Salvadore, et d'autres pays d'Amerique du Sud,où les dictatures militaires et la guérilla ont maintenu pendant plusieurs décennies ,une atmosphère de paranoïa et de névrose.
Un livre brillant ! J'ai tout aimé, le sujet, l'humour, la dérision , le style vif et nerveux et surtout le personnage d'Aragon. Pourtant dans la vie je n'aimerais pas le croiser, un homme irresponsable,minable journaliste,compagnon et pére lamentable, macho qui s'intéresse plus aux cuisses d'une femme qu'à sa tête, plutôt lâche et porté sur la bouteille....c'est le génie de Horacio Moyà de rendre un tel personnage attachant avec la magie de l'écriture.
Que puis-je dire de plus, lisez-le!
Commenter  J’apprécie          415
Un journaliste salvadorien songe à retourner dans son pays après la fin de la guerre civile.
Il veut rentrer au pays, mais il veut aussi fuir ses problèmes de couple.

Il veut faire le voyage, mais il est malade et va recourir à plusieurs thérapies pour se soigner : homéopathie, acupuncture, hypnose. Ce dernier traitement l'inquiète un peu : que pourrait-il révéler d'inavouable? Qu'a-t-il fait ou vu durant la guerre qui pourrait le rendre suspect encore aujourd'hui?

Et puis, n'est-ce pas encore dangereux de retourner dans son pays? Comme journaliste, pourra-t-il travailler sans disparaître à jamais?

Un livre court, juste un aperçu de la situation de réfugiés politiques, qui ne sont pas forcément des héros, mais juste des humains avec leurs faiblesses et leurs doutes.
Commenter  J’apprécie          250
Exilé au Mexique, un journaliste salvadorien décide de rentrer au pays pour lancer un projet de revue, ce qui ressemble fort au parcours personnel de l'auteur, avec l'intention de plaquer femme et enfant, déclenchant une série d'angoisses, de crises et de souvenirs brumeux de la terre natale chez un protagoniste auto-centré, velléitaire, hypocondriaque qui ne sait que se dérober à tout ce qu'il doit affronter.
Entre cynisme, humour et désenchantement, Castellanos Moya dépeint, dans une narration étourdissante à la première personne, un personnage sans illusion, loser égaré dans l'alcool et effrayé par toute forme d'engagement, en quête de réponses à ses interrogations existentielles et qu'il dilue dans des gueules de bois comme dans des séances d'hypnose où il ne se remémore rien de ses confidences. Comme exilé de tout, de sa vie, de son pays, étranger à lui-même, il rappelle cette phrase de Guillermo Rosales : je ne suis pas un exilé politique, je suis un exilé total.

Avec en arrière-plan un Salvador des années 70 dont Horacio Castellanos Moya ne cesse dans sa littérature de pulvériser le mythe de l'identité nationale , l'auteur porte un regard sans concession sur la société centraméricaine contemporaine.
A rapprocher de ses essais critiques sur le Salvador, comme Recuento de incertitumbres, qui poursuivent cette analyse lucide des dérives et ratages de la transition en Amérique Centrale, excellent moyen de saisir et prolonger pleinement et en profondeur les enjeux sociaux, culturels et politiques de sa littérature.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
Commenter  J’apprécie          261
Un homme en milieu de vie se trouve à un moment charnière de sa vie, retourner ou non au Salvador dont il s'est exilé depuis longtemps et quitter ou non sa femme. Ces décisions à prendre s'accompagnent d'un état de santé délabrée qu'Erasmo tente de soigner auprès d'un médecin. Ce dernier va tenter via l'hypnose d'apaiser son patient faisant ressurgir des souvenirs. Ce sont ces souvenirs qui vont être le fil conducteur du récit livrant une vie marquée par la violence et l'angoisse.

Ce roman bien que sombre avec un personnage principal peu héroïque se lit facilement et raconte tout en ne disant rien les aspects sombres de la guerre civile du Salvador.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          191

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi jusqu’à cet instant avais-je été tellement sûr que rien de mauvais ne m’arriverait si je retournais au pays alors que la guerre civile n’était pas encore terminée ? D’où m’était venu cet enthousiasme, ingénu et même suicidaire, qui m’avait fait envisager le rêve du retour non seulement comme une aventure excitante, mais comme un pas en avant qui me permettrait de changer de vie ? Qu’est-ce qui me faisait croire que les militaires salvadoriens comprendraient que je n’étais pas un militant guérillero mais un journaliste indépendant, qu’ils oublieraient facilement la flopée d’articles contre l’armée que j’avais écrits durant mon exil mexicain ?
Commenter  J’apprécie          120
… sous la caresse du jet d’eau chaude, j’ai senti monter une immense pitié envers moi-même, un accès d’autocommisération qui m’a mené au bord des larmes, comme si l’univers entier s’était ligué contre moi, un sentiment de désarroi et de vulnérabilité qui explique que je me sois laissé lentement glisser, le dos collé au mur, jusqu’à me retrouver assis sous la douche.

(Métailié, p.84)
Commenter  J’apprécie          120
j’étais parfois jaloux de sa relation avec Eva, j’avais du mal à comprendre qu’ils soient juste des amis, j’avais été éduqué dans une école catholique mariste où il n’y avait pas de filles et mes seules amies ensuite avaient été mes maîtresses, une déformation qui me rendait pratiquement incapable de comprendre l’amitié entre un homme et une femme sans qu’elle ait été précédée de relations sexuelles.
Commenter  J’apprécie          110
… aussitôt après la victoire de la révolution, alors que les commandants entonnaient le refrain “implacables au combat, généreux dans la victoire”, il avait pris l’initiative de faire une tournée des prisons pour fusiller de façon expéditive tous les officiers et sous-officiers de la garde du dictateur Somoza, les exterminer sur-le-champ, c’était le seul moyen d’éviter qu’ils organisent une contre-révolution, m’avait-il expliqué durant l’une de ces nuits froides devant le feu de camp dans la sierra de Hidalgo.

(Métailié, p.93)
Commenter  J’apprécie          80
je voyais à présent clairement que cette histoire d’écrire sa propre vie était une mauvaise idée, quand bien même don Chente me l’avait recommandée, que la mémoire est une chose peu fiable qui peut vous attirer des ennuis...............
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Horacio Castellanos Moya (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Horacio Castellanos Moya
EN LIGNES avec Jacques Aubergy, éditeur et traducteur.
Aujourdhui "Severina" de Rodrigo Ray Rosa
Avoir comme conseiller Pablo Ignacio II, c'est gage d'exigence et d'engagement. Se former au droit, “faire” cadre dans la restauration collective, s'essayer à la traduction et devenir par rupture éditeur d'une littérature latino américaine qui explore le continent, c'est marque d'un désir accompli. Ainsi est née “L'atinoir”, néologisme, maison d'édition, librairie et belle adresse marseillaise
"L'atinoir – édition" Conçu au Mexique sous l'impulsion de l'écrivain Paco Ignacio Taibo II et créé à Marseille en 2006, L'atinoir publie de la littérature, des essais et de la poésie écrits pour l'essentiel dans des pays d'Amérique latine. Depuis 2014, les choix éditoriaux privilégient les formes brèves de la fiction. La plupart de ces textes sont publiés en version bilingue. http://www.latinoir.fr/
Plus loin... Jacques et son "métier" https://desmotsdeminuit.francetvinfo.fr/tripalium/la-serie-documentaire-dmdm-jacques-aubergy-editeur-de-passion-latino/ Jacques Aubergy est notamment traducteur de l'écrivain salvadorien Horacio Castellanos Moya. https://desmotsdeminuit.francetvinfo.fr/mot-a-mot/horacio-castellanos-moya-la-litterature-contre-les-escadrons-de-la-mort/
+ Lire la suite
autres livres classés : salvadorVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (60) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}