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EAN : 9782824619743
352 pages
City Editions (05/01/2022)
3/5   17 notes
Résumé :
Dans l'Allemagne des années 1930, la jeune Eva fuit sa triste province et s'installe à Berlin où elle rêve de devenir chanteuse. Grâce à sa tante, qui voit en elle toute la fougue perdue de sa propre jeunesse, Eva rencontre une pléiade d'artistes plus ou moins fréquentables. Commence alors une vie tourbillonnante où Eva s'étourdit dans des fêtes et tombe amoureuse de Fritz, un génie de la peinture, artiste maudit aussi talentueux que sombre. Mais alors qu'Hitler ren... >Voir plus
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L'art, ultime rempart contre la barbarie

En suivant une jeune chanteuse et un peintre prometteur dans le Berlin des années 1939-1940 Bernard Cattanéo nous offre un roman plein de bruit et de fureur. Et, au sortir de la guerre, des vies bouleversées que l'art réunira à nouveau, dans une dramatique quête de liberté.

À 17 ans, Eva décide de fuir le pensionnat où son pasteur de père l'avait inscrite. de Leipzig elle va gagner Berlin où sa tante Helwige a accepté de l'accueillir. le rêve de la belle blonde est de devenir chanteuse et pour cela, elle compte sur les relations d'Helwige. Elle tient une parfumerie où se pressent les clients fortunés comme Oskar Schmid, le banquier.
Ce dernier va accepter d'employer la jeune fille à son service courrier le temps pour sa tante de lui trouver un professeur de chant et quelqu'un qui acceptera une audition. Les mois vont passer et l'impatience d'Eva grandir. Helwige va se sentir contrainte de contacter une ancienne relation à la réputation sulfureuse, l'Ange noir. Cette dernière accepte d'accueillir la jeune fille dans son cabaret des Templiers où très vite elle va se faire une place.
Un autre protégé de Schmid y subjugue le public, le jeune peintre Fritz Gühlen qui réalise à la vitesse de l'éclair des toiles présentant les prestations en cours. Son style particulier va pousser un galeriste à l'exposer. le conte de fées est pourtant assombri par les bruits de bottes et les exactions de plus en plus nombreuses dans la capitale allemande où le parti nazi ne cesse de gagner du terrain. À la veille de la Nuit de cristal, le monde s'apprête à basculer dans l'horreur et les rêves vont virer au cauchemar. La capitale du Reich va se transformer en champ de ruines. La peur et la mort vont devenir le lot quotidien de ceux qui vont survivre à la tragédie. de ce bruit et de cette fureur vont émerger Eva et Fritz.
Bernard Cattanéo a construit son roman autour de ce moment de bascule, quand la vie ne tient plus qu'à un fil, quand un geste, une parole peut vous entrainer en enfer... Mais aussi quand l'humanité peut trouver son chemin parmi les anges noirs. C'est dans les décombres de la guerre et dans l'exil qu'ils se croiseront à nouveau, dans un tragique dénouement. Car le poids de l'Histoire pèse lourd sur ceux qui ont été broyés par la folie nazie. Reste l'art, comme rempart contre la barbarie, comme témoignage d'un esprit libre.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Eva fuit la vie religieuse que son père veut lui imposer et rejoint Berlin avec un grand rêve: devenir chanteuse.
Sa tante, soeur de sa défunte mère et propriétaire d'une boutique de parfums qui attirent la haute société de Berlin, la recueille et la cache de son père.
Afin d'aider sa nièce à poursuivre son rêve, elle lui présente celle que l'on surnomme « l'Ange noir de Berlin »: une femme à la présence singulière qui offre à Eva sa chance de monter sur une scène.
En parallèle, Oskar, médecin et ami de la tante, prend sous son aile Fritz, un artiste perdu qui nage dans sa souffrance et dont Eva tombera éperdument amoureuse, pour son plus grand malheur…

Écrit avec beaucoup de grâce et de finesse, ce roman propose de découvrir la vie artistique au coeur d'un Berlin qui voit arriver la guerre.

Le travail de restituion de Histoire est époustouflant, on s'imprègne vraiment des faits et on saisit l'ambiance de cette Allemagne qui vit la montée en puissance d'Hitler jusqu'à la fin de la guerre.

Des thèmes forts tels que transgresser les interdits, résister aux pressions politiques, outrepasser ce qui semble conventionnel sont impactants grâce à la conviction qui émane de chaque personnage.

Ce roman est écrit avec un grand recul qui laisse peu de place à l'émotion. Cela ne m'a pas manqué car le niveau de détails historiques m'a totalement embarquée dans le récit.

Les descriptions permettent de saisir l'instant, situer les faits et se faire une image mentale des lieux, des personnages et des horreurs de la guerre.
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J'ai trouvé ce roman tout simplement passionnant !

En effet, à travers la vie d'un jeune peintre et d'une jeune chanteuse dans l'Allemagne nazie, on découvre la complexité du quotidien de la population allemande durant la seconde guerre mondiale.
On parle de résistance mais aussi de collaboration, de désillusions…

A mon sens, la quatrième de couverture est trompeuse et en dit même trop. Je ne l'ai volontairement pas remis ici et vous invite à ne pas le lire si l'histoire vous tente.

J'ai déjà beaucoup lu sur la période 39-45 côté français mais jamais côté germanique.
L'auteur, Bernard Cattanéo étant docteur en Histoire des idées politiques, le récit est très bien documenté et factuel. Ne vous attendez pas à de grandes émotions, tout est dépeint avec distance. Mais, cela ne gâche en rien le contenu du roman.
Mon seul regret est que certains bonds dans le temps ainsi que les alternances des aventures de chacun des personnages m'ont parfois perdu.
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Ca fait longtemps que je ne me suis pas autant ennuyé en lisant un livre. Je ne l'aurais pas terminé si l'on ne me l'avait pas offert. D'ailleurs la personne qui me l'a offert l'a lu et s'est excusée de la nullité de son cadeau. Il ne faut surtout pas se fier à la quatrième de couverture, qui est une tentative assez malhonnête de donner de l'intérêt à une histoire qui en manque complètement. le style est fade et la construction de l'histoire est beaucoup trop schématisée pour faire plaisir à l'auteur historien qui veut caser quelques dates importantes (comme si on ne les connaissait pas). Les personnages n'ont aucune profondeur et le milieu "artistique" décrit sans intérêt aucun. Il n'y a pas de reflection faustienne d'avoir vendu son âme au diable, comme dans le "Dr. Faustus" de Thomas Mann. La couverture est aussi symptomatique de la tentative de l'éditeur de faire passer le livre pour quelque chose qu'il n'est pas: une femme regarde un chasseur britannique qui survole les ruines d'une ville. Les Britanniques ne sont jamais arrivés jusqu'à Berlin avant le 8 mai 1945. C'était les Russes. Mais bon. L'image de l'emblématique Spitfire fait sans doute vendre.

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J'ai tout de suite été intriguée par ce roman choral qui offre une vision de l'histoire inédite pour moi : l'Allemagne à l'arrivée d'Hitler et à la montée du nazisme. C'est un roman assez complexe qui donne voix à différents personnages : l'artiste résistante, le peintre sympathisant nazi, et tout une pléiade de personnages plus ou moins plaisants. Eva va tomber amoureuse de Fritz, le peintre qui ne partage malheureusement pas ses sentiments. Je m'attendais à une belle histoire d'amour prise dans les tourments de la guerre mais force est de constater que ce n'est pas le cas.

J'ai trouvé ce roman très instructif d'autant plus qu'il traite un aspect que je connais assez peu, la montée du nazisme en Allemagne. L'ambiance est très sombre, très anxiogène surtout lorsque l'on connait l'issue de tout cela. Il semblerait que Fritz soit un peintre qui a réellement existé mais je n'ai pas réussi à trouver d'informations. J'aurai d'ailleurs apprécié une petite note de l'auteur en fin d'ouvrage afin de clarifier les choses. le travail de recherche est impressionnant mais cela n'a rien de surprenant quand on sait que l'auteur est un universitaire. le seul problème c'est que cela se ressent dans son style brut et quelque peu impersonnel. La narration reste très factuelle au détriment des émotions. L'intrigue, certes originale, aurait pu du coup être beaucoup plus entraînante. Je ne dis pas que la plume de l'auteur est désagréable ou indigeste, loin de la. J'ai d'ailleurs lu ce roman très rapidement mais je déplore juste d'être restée un peu en dehors de l'histoire, si peu touchée par le destin des personnages.

De prime abord, j'ai eu beaucoup de mal à apprécier notre héroïne. Elle fait un peu enfant gâtée qui fait des caprices pour obtenir ce qu'elle veut et même si au fil des pages elle gagne en profondeur, elle est tout de même un peu terne. J'ai aimé par contre le tiraillement auquel elle est confrontée entre ses sentiments et sa raison. Son amour pour Fritz me semble par contre invraisemblable tant ce personnage est peu avenant sur tous les plans. Cela rejoint ce que je disais sur les émotions.

C'est donc un roman que j'ai apprécié pour sa vision historique inédite mais qui manque cruellement de sentiments.

Un roman historique complexe, politique mais dénué de sentiments.
Lien : https://monjardinlitteraire...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
C’était surtout l’odeur d’urine qui l’incommodait. À croire qu’un bataillon de soudards s’était soulagé contre les murs lépreux. Elle aurait d’ailleurs été en peine d’imaginer ces hommes en pleine action : dans son monde, il était interdit d’y penser. Mais, sans pouvoir s’en faire une idée précise, elle rêva un instant à cette scène improbable. Elle avait basculé dans un univers inconnu, celui des hors-la-loi noyés dans la nuit sale, fugitifs traqués par les bien-pensants et, avec une joie mauvaise, elle laissait son imagination courir. Soudain, elle frissonna. De peur ou d’excitation ? Une locomotive ahanait au loin, et l’on entendait grincer des wagons sur les rails gelés. Elle se rencogna au milieu des caisses où elle avait trouvé refuge et ferma les yeux. Il devait être deux ou trois heures du matin, son cœur battait la chamade. Comment allait-elle sortir de ce trou à rats, hangar miteux et glacial échoué quelque part au bout des voies de chemin de fer de la gare de Leipzig ?
Des bribes de sa lettre lui tournaient dans la tête. À vrai dire, elle en ressassait tous les détails, encore étonnée de sa propre audace.
Quand vous lirez cette lettre, j’aurai quitté Sankt-Ferdinand – eh oui, je n’y suis pas restée pour travailler, il ne fallait pas me croire sur parole ! J’ai pris toutes les précautions possibles pour que vous ne me retrouviez pas… Jamais ! C’est bien pratique, ce règlement qui permet aux pensionnaires de s’en aller pendant les congés sans que les sœurs vérifient leur destination… Méthodes modernes, sans doute. Et vous, le luthérien qui me vouliez chez les catholiques parce que leurs collèges sont des prisons !
Ces religieuses, avant d’être des mégères, étaient des imbéciles. Il n’avait pas été bien difficile de les berner. Dans un demi-sommeil, la jeune fille revit le grand hall de l’institution et le visage lunaire de la concierge. Elle entendait encore sa voix geignarde :
— Vous avez demandé un billet de sortie… Pourquoi donc, Fräulein ? Vous seriez tellement mieux parmi nous, pour travailler vos examens pendant ces vacances ! Et puis, Monsieur l’Abbé compte sur vous pour la chorale…
Ah non !
Elles ne savaient pas que j’avais essayé par deux fois de m’enfuir de la maison, elles auraient été moins confiantes. Et vous, mon cher père, vous qui êtes si bon, vous n’entendez pas mon rire ?
Dans la pénombre, des images surgissaient, puis s’évanouissaient au milieu d’un tourbillon irréel. L’une d’entre elles s’imposa : sa chambre au vicariat, cette maison de pierre grise aux volets verts où elle s’était sentie si malheureuse.
Vous rappelez-vous que vous avez brûlé toutes mes coupures de journaux, toutes mes photos et même les petits objets que j’avais si patiemment rassemblés ? Je vous ai haï à ce moment, comprenez-vous ? Et j’ai décidé de vivre ma vie. Vous n’avez pas cru que votre « petite fille chérie », votre « chère Gudrun » oserait, n’est-ce pas ? Vous avez eu tort. La fille du pasteur en avait assez des sermons ; elle veut être chanteuse et le sera. Maman m’aurait laissée faire, elle. Si elle n’était pas morte en me mettant au monde, si je l’avais connue, je l’aurais aimée.
Le son strident d’un sifflet déchira la nuit et la fit sursauter. Elle bondit sur ses pieds et, en trébuchant, vint regarder par la fenêtre. Le carreau cassé laissait passer un courant d’air glacé. La nuit était sinistre, sans étoiles. Au loin, bien après la limite au-delà de laquelle les rails devenaient invisibles, elle apercevait les premiers bâtiments de la gare de voyageurs violemment éclairés. Un convoi s’ébranlait. Elle se laissa glisser contre le mur et ramena les pans de sa veste sur sa poitrine. De nouveau, elle ferma les yeux. Mais elle ne pouvait pas encore dormir. Toujours lui revenait le texte de la lettre qui l’avait vengée de son père.
Je ne serai pas une bonne petite ménagère, je ne ferai pas la fierté du pasteur Schweischericht, je ne rapiécerai pas les nappes d’autel, je ne ferai pas l’horrible cuisine « de chez nous », je n’épouserai jamais votre vicaire, vous entendez ? Jamais ! Je n’avais que dix ans quand vous êtes allé défiler avec ces affreux nazis, mais j’ai pleuré ce jour-là. Je ne veux pas de votre monde où on s’habille en noir pour demander pardon des fautes qu’on n’a pas commises. Parce que ce ne sont pas des fautes ! C’est une faute de vouloir vivre, c’est un péché d’être heureuse ? Oui, j’ai des amis « métèques ». Oui, j’aime les fêtes. Oui, j’adore chanter. Et pas vos cantiques !
Elle était partie depuis deux jours désormais, et son père avait reçu sa lettre. Ce devait être le branle-bas de combat, mais elle s’en moquait. Il lui fallait gagner Berlin, c’était sa seule chance de disparaître pour de bon. Personne ne la chercherait là-bas. Avant de sombrer dans un mauvais sommeil, elle songea que le pasteur la croirait morte. Et elle sourit.
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Ce n’était que du bout des lèvres qu’elle avait vaguement promis de tenir le père au courant du destin de sa fille si elle en recevait des nouvelles. Une fois cet appel désagréable terminé, sans une pensée de compassion pour son beau-frère, elle se dit qu’elle n’en ferait rien. Puis elle attendit que Gudrun se manifeste, en se demandant au passage ce qu’elle-même pourrait lui conseiller. Elle n’avait certes pas envisagé que la jeune fille vienne chercher refuge chez elle après avoir travers  le pays.
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— Un schnaps, dit Gudrun en grossissant sa voix. Vous avez le téléphone? On le lui indiqua d’un signe de tête après avoir vu la monnaie qu’elle tenait dans sa main. Traînant des pieds, elle contourna les hommes appuyés au comptoir et décrocha. Le cœur battant, elle demanda Berlin.
— Allo, Helwige?
— Oui… Qui parle?
— Helwige, c’est Gudrun. Tu m’entends?
— Gudrun… évidemment!
Une vague de bonheur envahit la jeune fille. Elle poursuivit à voix basse, suppliant sa tante de l’accueillir.
— Bon, tu t’es encore enfuie, dit Helwige.
— Inutile d’en parler au Bon Dieu!
— Tu te rends compte de ce que tu me demandes? Et arrête d’appeler ton père comme ça.
— Merci.
Gudrun raccrocha, but d’un trait la ration de schnaps, avec laquelle elle faillit s’étrangler, et s’en alla sans demander son reste. La femme la regarda partir d’un air suspicieux, puis haussa les épaules. Des gens bizarres, il y en avait décidément de plus en plus.
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Il peignait enfin le monde qu’il était, hachures de sang frappant de plein fouet des corps hurlants et distordus, éclaboussures de matière organique souillant des espaces aux contours acérés, estafilades pourpres creusées dans la toile comme une chair palpitante, symphonie de douleur, de haine et de mort qui disaient crûment combien se rapprochait la fin des temps.
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