Pauline Béris est née dans une famille très catholique. Cependant, elle a reçu une éducation qui lui a ouvert l'esprit grâce à une de ses professeures, une religieuse qui, si elle ne partage pas tous les points de vue de Jaurès, sait apprécier les valeurs que défend l'homme.
Pauline vient de terminer ses études secondaires et les orages de la guerre s'amoncèlent au-dessus de la tête de bien des Européens. Lorsque Jaurès est assassiné, plus rien ne peut empêcher le déluge de s'abattre en divers points de l'univers… Y compris sur la Belgique, petit pays, voulu neutre par les grandes puissances au moment de son indépendance. Pourtant, l'un des signataires, l'Allemagne (la Prusse au moment de la signature) va déchirer le traité pour attaquer aisément la
France en traversant un plat pays défendu par une armée d'opérette. du moins, c'est ainsi que l'état-major allemand perçoit les choses jusqu'à ce que la résistance de l'armée belge le fasse douter d'achever ses plans dans les délais prévus pour la prise de
Paris. Les Allemands feront payer très cher aux Belges leur résistance…
Pauline veut se placer au service des plus faibles, des perdants… Et quels meilleurs perdants que les blessés de quelque bord qu'ils soient ?
Pauline va devenir infirmière…
Critique :
Voilà une histoire qui va s'étaler sur plusieurs décennies. Elle démarre à la veille de la Grande
Guerre, en Belgique. L'auteur décrit brièvement la résistance de l'armée belge et les crimes de guerre commis par les Allemands dès le début des hostilités sur une population sans défense d'un pays neutre. Les Belges n'avaient pas d'antagonisme particulier à l'égard des Allemands, ils vont apprendre à détester les « Boches ». Ainsi, par exemple, le 23 août 1914, les envahisseurs, à Dinant, assassinent sauvagement 674 hommes, femmes et enfants et incendient plus de mille maisons. Partout où les troupes de
Guillaume II passent, ils prennent des otages, fusillent, pillent, incendient et violent. Dès lors, de nombreux civils vont se joindre aux troupes et fuir.
Pauline décide de les suivre pour leur venir en aide.
L'auteur soulève notamment une question que beaucoup de femmes violées par les Allemands ont dû se poser : que faire de cet enfant non désiré ? Avorter ? L'abandonner à la naissance ? le tuer ? Oui, le tuer ! Comment un Français pourrait-il élever l'enfant d'un Boche ?
A côté des enfants non désirés, il y a celui que
Pauline va avoir avec un médecin allemand. Va-t-elle l'aimer ?
On suit aussi les aventures de Zélie, la mère de
Pauline, qui s'émancipe enfin après le décès de son mari qui l'étouffait au point qu'elle n'osait rien dire. Elle quitte son foyer, et après un trajet non dénué de danger, se retrouvera en
France à aider des blessés frappés dans leur chair et dans leur psychisme.
Ce qui m'a dérangé lors de ma lecture :
Ce n'est pas toujours clair de savoir à qui sont les pensées dans le livre. L'auteur passe souvent d'un personnage à l'autre sans crier gare, sans nom, sans date. On devine qu'il y a un lien entre l'enfant ? le jeune homme ? l'homme ? et
Pauline. Ne serait-elle pas sa mère ? Il a un père et une mère, mais il ne leur ressemble pas. Ses parents l'aiment mais il se pose des questions quant à un portrait d'une très jolie jeune dame.
Si je me fie à l'auteur, il va falloir que je révise mes connaissances historiques :
Page 15 : à Mariembourg, en 1914, un soldat allemand fait usage d'une mitraillette pour faucher un vieillard… Impossible ! Les premières mitraillettes (ou pistolets-mitrailleurs) ne vont apparaître qu'à partir de 1915.
Page 51 : « le 6 avril 1917, effrayés par la menace militaire sous-marine, les États-Unis déclarent la guerre à l'Allemagne, à laquelle le Japon apporte une assistance maritime renforcée. » L'auteur place le Japon dans le camp des Allemands lors de la première guerre mondiale, les sous-marins japonais prêtant assistance aux sous-marins allemands… Heu… C'est du révisionnisme ou à tout le moins une erreur… Lors de la Grande
Guerre, les Japonais choisirent le camp de l'Entente (Royaume-Uni,
France, Russie impériale) estimant avoir davantage à y gagner qu'en se plaçant du côté de l'Allemagne. D'ailleurs, ils prirent possession du comptoir allemand de Tsingtao en Chine dès 1914, ainsi que de plusieurs îles du Pacifique qui étaient des possessions allemandes : Mariannes,
Marshall et Carolines. D'ailleurs, au 1er septembre 1917, le Japon ne disposait que de 4 sous-marins récents…
En guise de conclusion :
Ce récit à plusieurs voix traite notamment de la recherche d'identité : qui sont mes parents ? Mes parents biologiques ?
Comment traite-t-on les filles-mères ?
Quelle est la place des juifs dans un monde germanique où beaucoup se sont fondus dans la masse, oubliant ou reniant leurs origines, depuis, parfois, plusieurs siècles ?
Quel sort réserver aux réfugiés allemands installés en
France ?
Dans quels états, physiquement et mentalement, les soldats survivants reviennent-ils de la guerre ?
Si ce n'étaient les réserves émises plus haut, je lui aurais volontiers attribué cinq étoiles…