Ce livre a été écrit en 1958 et il montre sans détours le rôle qu'est donné à l'épouse dans un couple petit-bourgeois de cette époque pas si lointaine.
Il se présente comme le journal-confession de Marie - José, dans lequel elle s'adresse à sa fille d'une dizaine d'années.
L'héroïne est une jeune femme intelligente, cultivée et sensible, mais qui est considérée comme laide par son entourage. Complexée par cela, elle reste effacée dans la vie.
Ses parents, croyant bien faire, vont lui faire épouser un professeur de maths, falot, mais qui se montre gentil. Ils ont si peur qu'elle reste vieille fille !
Le couple va vivre chez la mère du mari, qui va vite se montrer odieuse : "sous ses ordres, je trimais […] Marie - José, VOTRE lessive, VOTRE repassage, VOS vitres, VOS parquets".
Le mari est satisfait de son sort, sa femme ne va pas attirer d'autres hommes et il peut mener une vie tranquille, médiocre et sans aucune ambition. Marie - José va s'étioler dans cette ambiance pendant une dizaine d'années.
Mais la vie va faire que le couple rencontre séparément un chirurgien esthétique qui propose de mettre en valeur le visage de l'héroïne.
Le mari refuse, mais la femme accepte, contre l'avis de son mari, et bien sûr de sa belle-mère.
Elle va reprendre confiance en elle, et pour lui, tout s'écroule. Il ne se sent plus à la hauteur et va révéler toute sa mesquinerie, son esprit étroit, voire sa haine.
Après un bon suspense, la fin un peu abrupte laisse un goût amer.
Ce qui m'a fait frémir, c'est la vision de la femme dans cette histoire : en premier, sa beauté, ou sa prétendue laideur, tient une grande place dans le jugement qu'on porte sur elle. Elle est soumise à son mari quoiqu'elle fasse : laide, elle est inférieure et est considérée comme "la souillon, l'esclave, la misérable créature qui était à ses yeux l'épouse idéale". Belle, elle le deviendra de prime abord pour reconquérir son mari. Et lorsqu'elle n'est plus soumise et qu'elle s'émancipe, c'est la catastrophe pour la famille !
C'est un vieux livre dégoté dans une boîte à livres, qui m'a attirée par une écriture claire et agréable. La jaquette reprend des photos du film qu'avait réalisé le mari de l'auteur, avec Bourvil et
Michèle Morgan dans les rôles principaux. Ils ont collé parfaitement à ma représentation mentale des personnages.
Un très bon livre, qui, hélas, a disparu des radars, ainsi que son auteur.