Les Doigts coupés

A partir de son expérience d'avocate pénaliste, Hannelore Cayre a écrit un roman réjouissant : 'La Daronne', qui met en scène trois femmes et leurs liens avec le marché de la drogue. Son 'Commis d'office' m'avait en revanche déçue.
Changement d'univers, ici : voyage dans le temps, 35 000 ans en arrière, chez des Sapiens chasseurs-collecteurs, donc encore nomades puisqu'ils ne pratiquaient pas l'agriculture.
Le personnage principal est une jeune femme, Oli, qui refuse de se soumettre au joug masculin.
Pour ne pas trouver l'histoire trop invraisemblable, on peut se dire qu'elle & ses idées/créations représentent un accéléré de plusieurs générations de femmes rebelles et indépendantes.
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Comme dans les romans de Bernard Werber dont je me régalais dans les 90's et au début des années 2000 ('Le père de nos pères', en particulier), Cayre alterne entre fiction et exposés documentaires, s'appuyant sur des thèses de paléontologues, archéologues, anthropologues, historiens, etc.
On apprend des choses, certes, mais sur la préhistoire, je préfère lire des ouvrages moins dilués par des élucubrations, comme la série "Sapiens, La naissance de l'humanité" de Yuval Noah Harari (la version simplifiée en BD me convient parfaitement). Je guette aussi les évolutions scientifiques sur le sujet (merci aux scientifiques qui travaillent sur L ADN 😉) dans des petits articles accessibles tels que ceux de 'Science & Vie'.
Le centre de la Préhistoire à St-Hilaire-la-Forêt (Vendée) est également très didactique, animé par des professionnels passionnés, qui déconstruisent de nombreux clichés - contrairement au parc d'attraction du Puy du Fou où l'histoire est réécrite autour de mythes improbables (cf. ouvrage collectif 'Le Puy du faux'), mais c'est un autre sujet.
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De cet ouvrage décevant, je retiens quand même cette phrase : "Il n'y a que les pierres et les histoires pour traverser le temps."
Oui, et les histoires racontées sur la pierre, l'os, le bois peints/façonnés, etc.

En creusant une piscine, des ouvriers découvrent une grotte contenant deux corps et des fresques pariétales représentant des mains dont certains doigts ont été coupés. Un roman noir et pourtant léger à l'époque de la préhistoire, habilement séquencé de manière à introduire des notions scientifiques et historiques sans lourdeurs. Intrigante et percutante, l'intrigue ainsi que son parti pris féministe auraient cependant bénéficié d'un peu plus de transparence entre l'avéré et la fiction.

Le premier roman noir de la préhistoire, je ne sais pas : je pense que S. Marvaud est déjà passée par là. En tout cas, notre autrice a pris l'habitude d'écrire un style polar sur un élément de l'histoire : ici la rencontre entre Sapiens et Néandertal. Notre héroïne supporte peu la place faite aux femmes de la tribu, un peu rebelle, elle part visiter le monde en expliquant a qui veut bien l'entendre sa découverte essentielle pour l'évolution du monde : quand on fait crac-crac entre hommes et femme, ce n'est pas seulement un "amusement"... Et, cette révélation, va causer bien des conflits. L'autrice arrive surtout à faire un polar féministe au temps des dinosaures. Je ne sais pas ce qu'en penserait les paléontologues ? C'est distrayant, on apprend pas mal de choses derrière le prétexte de l'histoire, meme si on est loin de la Daronne pour ceux pour qui se serait la référence.

Comment vivaient nos ancêtres les hommes et femmes de Néandertal ? Les Aurochs? le travail des paléontologues peut s'apparenter à celui de fins limiers érudits qui s'appuient sur des fossiles, des ossements vieux de dizaines de milliers d'années pour en déduire des modes de vie, d'alimentation, , des rites funéraires ou encore des techniques de chasse ou de pèche. Mais les chercheuses et chercheurs ont aussi la possibilité de travailler sur des dessins laissés dans des grottes, qu'on appelle peintures rupestres illustrant souvent des scènes de chasse reproduites à même la roche. Est-ce que ces peintures peuvent témoigner d'autres choses? Hannelore Cayre explore cette possibilité dans les doigts coupés, son dernier roman paru aux éditions Métailié.
C'est en creusant le sol pour y construire une piscine qu'"'une cavité est mise à jour avec des ossements et des peintures hors du commun, remontant à 35000 ans! Oli, la femme auroch autrice des peintures, à la suite d'un événement tragique a découvert ce qu'elle voulait vraiment faire : chasser; Mais cela lui est interdit par les hommes de son clan. Qu'a cela ne tienne. Elle va alors oser s'affranchir des us et coutumes des auroch et mener sa propre vie, loin de son oncle-aîné qui n'a pas hésité à la mutiler de deux doigts pour avoir suivi sa propre volonté.
On est bien loin des prétoires, des tribunaux et des histoires de succession, Hannelore Cayre choisit pour son nouveau roman, quatre ans après "richesse oblige", la préhistoire pour terrain d'écriture, mais sous un angle féministe, en mettant en lumière à travers le personnage d'Oli, les prémices d'un mouvement donnant à la femme un statut autre que celui de la génitrice. Alternant avec l'exposé du discours scientifique de la paléontologue décrivant les trouvailles de la grotte et les déboires d'Oli avec l'oncle-aîné, le manque de soutien de sa soeur et sa rencontre avec un peuple différent, l'autrice déstabilise quelque peu son lecteur par le choix du sujet et la manière ont elle fait parler ses protagonistes. Vous serez bien loin de "la guerre du feu"! Et ne vous fiez pas au bandeau éditeur annonçant "le premier roman noir préhistorique", cela ferait offense à l'auteur vosgien Pierre Pelot. Si vous acceptez le parti pris d'Hannelore Cayre pour faire parler ses personnages, vous allez alors apprécier d'être projeté 35000 ans en arrière pour connaître la préhistoire du féminisme et ce ne sont pas les doigts mais le souffre qui vous sera coupé.

Lien : http://www.rcv99fm.org

C'était mon premier livre de l'autrice et si j'ai plutôt apprécié le style, je suis très mitigée sur cette lecture.

Cela avait très bien commencé, j'ai aimé la construction du livre où l'on alterne sur le passé, il y a 35000 ans et le présent, les chapitres sont en italique, où une paléontologue nous explique les trouvailles de la grotte et fait un parallèle avec ce qui aurait été vécu à cette époque.

Le livre se lit assez facilement, et j'avais envie de savoir où l'auteur allait nous emmener.
Mais j'ai été un peu perdue sur ce que j'ai vraiment ressenti lors de cette lecture.

J'ai été en premier lieu déroutée par les dialogues car même s'il s'agit d'une fiction, j'ai trouvé parfois les dialogues à la fois trop développés et caricaturaux.
J'ai aussi été dérangée par cette insistance du mouvement féministe à cette époque.

L'idée est audacieuse et peut-être même astucieuse mais cela m'a quand même dérangée tout au long de ma lecture.

Puis j'ai trouvé que les dialogues en italique, donc à notre époque étaient parfois un peu écourtés.

J'ai malgré tout lu jusqu'au bout sans me forcer car je me suis attachée à Oli, cette jeune femme qui porte de récit.
Mais je ressors un peu mitigée sans vraiment savoir pourquoi.

J'ai quand même apprécié le style général.
Après, choisir de l'historique, qui plus est en pleine préhistoire n'est pas chose aisée surtout lorsque l'on veut un peu sortir du cadre et proposer ses idées.

"Les Doigts Coupés" de Hannelore Cayre plonge le lecteur dans une aventure divertissante, naviguant habilement entre notre époque et la préhistoire pour tisser une histoire riche en réflexions de ces deux périodes qui se rejoignent subitement.

Dès les premières pages, l'auteure nous transporte dans une grotte néolithique, où les découvertes archéologiques d'il y a 35 000 ans, éveillent la curiosité et la fascination. À travers les yeux de la paléontologue exploratrice, le lecteur est entraîné dans un voyage dans le temps, découvrant les mystères enfouis de l'histoire humaine.

Mais l'originalité de ce roman réside dans sa capacité à entrelacer le passé avec le présent, en mettant en scène Oli, un personnage sapiens dont les pensées et les expériences résonnent étonnamment avec les préoccupations modernes. L'auteure donne vie à un univers où les questions de genre, de féminisme, d'identité, allant jusqu'à mettre poser la problématique d'une sorte de #metoo préhistorique. Tout cela se retrouve au coeur de l'intrigue, offrant ainsi une perspective profonde et provocante sur les luttes et les triomphes de l'humanité à travers les âges.

Oli, avec son esprit vif et sa détermination indomptable, incarne une figure révolutionnaire, défiant les normes et les conventions de son époque avec courage et persévérance. Son parcours de découverte et de rébellion captive le lecteur, le transportant dans un monde où les frontières entre le passé et le présent s'estompent pour révéler les vérités intemporelles de l'expérience humaine.

L'écriture fluide et immersive de l'auteur entraîne le lecteur dans un tourbillon d'émotions et de réflexions, offrant une lecture à la fois captivante et enrichissante. "Les Doigts Coupés" est bien plus qu'un simple roman historique ; c'est une exploration de la condition humaine d'il y a 35 000 ans, une invitation à remettre en question les certitudes et à embrasser la diversité et la complexité de l'existence.

En conclusion, "Les Doigts Coupés" transcende les frontières du temps et de l'espace, offrant au lecteur une expérience profondément inspirante.

Présenté comme un roman noir préhistorique, ce livre est plutôt une histoire d'émancipation, et un plaidoyer contre la (re)lecture machiste de l'Histoire que l'on nous a infligée pendant des années. le tout début est drôle et dynamique : lors de travaux au noir réalisés par une équipe d'ouvriers polonais pour la construction d'une piscine, une cavité est découverte avec deux squelettes visiblement très anciens. Les Polonais n'en démordent pas, malgré l'insistance de la propriétaire qui voudrait étouffer l'affaire et profiter de sa piscine au plus vite : il faut les bénir. Un prêtre est appelé, qui se trouve être féru de préhistoire et ami d'une célèbre paléontologue… l'affaire est lancée ! Dans ce livre alternent les hypothèses et conclusions partagées par la scientifique en conférence de presse, et le récit de la vie d'Oli (diminutif d'anomalie), jeune femme Homo Sapiens qui se révolte contre le joug des membres masculins de sa tribu, qui souhaitent faire perdurer leur ascendant sur les femelles, notamment à coups de doigts coupés en guise de punition… j'avoue que j'attendais davantage de ce livre, et que je n'ai réussi ni à rire, ni à frémir, ni à adhérer à cette fable anachronique et à l'écriture inégale.

Le squelette d'une femme est mis à jour lors de travaux dans un jardin de Dordogne. La paléontologue dépêchée sur le site date cette découverte vieille de 35000 ans. Non seulement la femme est extrêmement bien conservée avec divers objets mais cette découverte expose le premier crime de l'Histoire.
Les chapitres vont alterner entre la vie de Oli et de sa tribu et les propos de la paléontologue qui étudie sa découverte.
J'ai trouvé ce roman passionnant. Hannelore Cayre s'amuse à faire parler les hommes de la préhistoire comme des gens d'aujourd'hui. Leurs préoccupations sont tout autre mais pas si éloignées des nôtres malgré tout. On va suivre Oli, première féministe de l'humanité, qui ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas aller chasser et qui ne veut surtout pas céder aux désirs des mâles. C'est une avant-gardiste qui va semer le chaos dans sa tribu.
Les passages avec la paléontologue qui seulement en étudiant la grotte arrive à parler de ce qui a pu se passer des milliers d'années auparavant sont très bons.
C'est drôle et intéressant. On apprend des choses, on sent que l'autrice s'est bien documentée pour son roman.
Moi qui suis originaire d'un département marqué par la préhistoire, ça me parle d'autant plus.

Autrice de polars pleins d'humour, Hannelore Cayre change de registre avec une fiction très féministe qui revient aux origines de la domination hommes/femmes.
Il y a bien meurtre, il y a 35 000 ans de cela dans ce qu'on appellera plus tard le département de Dordogne, mais pas vraiment d'enquête, car l'archéologue chargée d'exploiter la grotte qui est en même temps une scène de crime, semble dotée de pouvoirs de divination tant elle interprète à la virgule près ce qu'il s'est passé il y a fort longtemps. C'est un petit loupé du livre, car il aurait autrement passionnant de voir sur quelles fausses pistes on pourrait se lancer aujourd'hui, à expliciter des faits si anciens.
Ce récit, c'est celui d'une femme anticonformiste, Oli, néandertalienne, qui enrage de se voir interdire de chasser, pratique réservée aux hommes qui au passage s'attribuent les meilleurs morceaux du gibier ou offrent ceux-ci contre des faveurs sexuelles. Aux femelles de racler les peaux et d'entretenir les mioches et le feu. Et quand une femme déroge à la règle, on lui coupe un ou plusieurs doigts afin qu'elle s'en souvienne. Cela n'empêchera pas Oli de s'émanciper coûte que coûte, d'autant que les mâles ne sont pas des lumières. D'ailleurs l'autrice offre des textes décalés, puisque ces vénérable anciens parlent comme vous et moi, Oli traitant par exemple son frère de taré. On voit au passage arriver quelques homo sapiens, dont les femmes chassent, ce qui donnera quelques idées à Oli.
Hannelore Cayre reprend les thèses modernes de l'archéologie, à savoir que les femmes pouvaient très bien ne pas se cantonner à ce que les hommes attendaient d'elles, mais imagine qu'elles subissaient déjà une forme de patriarcat et de sexisme.
Un livre atypique et vite lu, distrayant sans être révolutionnaire.