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Citations sur Casse-pipe suivi du Carnet du cuirassier Destouches (41)

La recrue était bonne pour un litre chaque fois qu'il se perçait un bubon... Tarif de la chambre. Fallait que ça s'arrose. Toujours du même blanc par exemple, le vrai de la cantine, le "souffle du feu"... Le Meheu en voulait pas d'autre. Celui de la ville ? Une tisane ! Un coco fade, une tromperie ! Le nôtre ? pardon ! un embrasement ! Du volcan de poitrine ! Trois années de biberon vitriol ça vous cuit l'âme pour l'existence.
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S'il arrive que je divague, loin des tempêtes à présent, des avalanches, du mauvais sort, c'est d'avoir trop raclé ma tête dans tous les bastringues des pourtours, d'avoir trop fendu la camelote avec mon tarin, à vif, dans toutes les pistes au galop, de tous les manèges au 16ème, au petit bonheur des biques folles, à la frénésie chevaline. Je me suis senti battant de cloche pendant des années, le crâne en gong pour ainsi dire. Je titube encore de la mémoire. Je peux plus voir un cheval en peinture !
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[...] ...

Il a eu tous les noms sauf un : Le Coster ... Il l'a rappelé deux, trois fois ... Personne répondait ...

- "Où qu'il est votre homme Meheu ? ... Ca va bien ! Ca continue ! ..."

Silence. Il était pas là.

- "Planton à la poudrière ..." qu'a marmonné quelqu'un dans le rang.

- "A la poudrière ? ... Planton ?" Ah ! il étouffe le Rancotte ! suffocation ! "la pou ... pou ? ... que vous dites ? ... Personne l'a relevé ? Mais nom de Dieu de juterie de foutre ! Mais Brigadier, mais j'entends dingue ! Pas relevé la poudrière ? Ah ! alors ça pardon Meheu ! Que je vous retrouve noir, mûr, écoeurant ! Brigadier ! Ca va pas mieux ! Mais alors pardon mille excuses ! Coster aux poudres depuis hier soir ! ..."

Il en restait exorbité de ce trafalgar fantastique !

Il agrippait, reposait le falot. Il se bourrait, il se pinçait les cuisses ...

- "Je rêve ! Je rêve ! C'est fantastique ! Alors votre individu il est là-bas depuis 10 heures ... Mais vous êtes un monstre Le Meheu ! Que je vous regarde ! Venez ici ! Arrivez là !"

Il l'a fait se rapprocher tout près, encore plus près ! contre sa lanterne, pour mieux lui regarder la figure.

- "Depuis hier au soir qu'il attend ? Ah ! Mais ... Mais dites donc ! De ... Depuis hier soir !"

Il en bégayait de stupeur ... C'était pas imaginable ...

- "Dites donc alors Le Meheu, où que vous étiez ? Vous avez relevé personne ?"

Il le questionnait à voix basse. Ca devenait vraiment tragique.

- "C'est le mot ... Maréchaogi ...

- Le mot ! Le mot quoi ?

- Le mot qu'on n'était pas d'accord ...

- Vous l'avez perdu. Jean-Foutre ! Ca y est ! J'y suis ! ... Vous l'a ... vez ... per ... du ? Voilà comment ça finit le vice ! Vous avez quoi dans la tête ? Hein bourrique ? Hein maladie ? ... " ... [...]
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[...] ... C'était le brigadier Le Meheu qui tenait le fond du corps de garde, les coudes sur la table, contre l'abat-jour. Il ronflait. Je lui voyais au loin les petites moustaches aux reflets de la veilleuse. Son casque lui cachait le yeux. Le poids lui faisait crouler la tête ... Il relevait encore ... Il se défendait du roupillon ... L'heure venait juste de sonner ...

J'avais attendu devant la grille longtemps. Une grille qui faisait réfléchir, une de ces fonts vraiment géantes, une treille terrible de lances dressés comme ça en plein noir.

L'ordre de route, je l'avais dans la main ... L'heure était dessus, écrite.

Le factionnaire de la guérite il avait poussé lui-même le portillon avec sa crosse. Il avait prévenu l'intérieur.

- "Brigadier ! C'est l'engagé !

- Qu'il entre ce con-là !"

Ils étaient bien une vingtaine vautrés dans la paille du bat-flanc. Ils se sont secoués, ils ont grogné. Le factionnaire il émergeait juste à peine, le bout des oreilles de son engonçage de manteaux ... ébouriffé de pèlerines comme un nuage artichaut ... et puis jusqu'aux pavés encore pleins de volants ... une crinoline de godets. J'ai bien remarqué les pavés plus gros que des têtes, presque à marcher entre ...

On est entrés dans la tanière. Ca cognait à défaillir les hommes de la garde. Ca vous fonçait comme odeur dans le fond des narines à vous renverser les esprits. Ca vous faisait flairer tout de travers tellement c'était fort et âcre ... La viande, la pisse, la chique et la vesse que ça cognait, à toute violence, et puis le café triste refroidi et puis un goût de crottin et puis encore quelque chose de fade comme du rat crevé plein les coins. Ca vous tournait sur les poumons à pas terminer son souffle. Mais l'autre accroupi à la lampe il m'a pas laissé réfléchir :

- "Dis donc l'enflure, tu veux mes pompes pour te faire bouger ? ... Passe-moi ton nom ! ... ta nature ! ... Tu veux pas t'inscrire tout seul ? ... Veux-tu que j't'envoye une berouette ? ..." ... [...]
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C'est pire que la transmutation. C'est de la perversité magique, la féérie d'embrouillamini , la carambouille sorcière des choses.
Trafiqueux butin, méconnaissable came, infini foutoir aux canailles où le diable tout maquille et troque ! Va mal ! Pister au fumet, à la trace, au soupçon tangent, l'étrille, la trousse dévergondée, le faux ardillon grand comme ça, le matricule plus rassurant, la triste louche dépareillure, la couverture pas catholique, la vraie culasse du truqué, pervers flingue... Pardon !
Ravage des chinoises damnations, à la chasse aux objets perdus, à tout périr de morfonderies, pourri des cauchemars frauduleux, balancé à vingt cordes molles fondues dans l'obscur. Noirs suicides de vingt brigadiers.
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On est entrés dans la tanière. Ça cognait à défaillir les hommes de la garde. Ça vous fonçait comme odeur dans le fond des narines à vous renverser les esprits. Ça vous faisait flairer tout de travers tellement c'était fort et âcre...
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(...) "Compris ? Moi ! Rancotte ! Compris ?"
Et il me rote encore en pleine face une puissante bouffée.
Je tenais frissonnant dans mon froc, resserré, mouillé à tordre.
"Oui.
- Oui qui ? Oui quoi ? Oui mon chien ?
- Oui, Maréchaogi !...
- C'est mieux !... C'est mieux !... C'est déjà mieux, bosco ! Tiens-toi droit ! Les yeux !... Le regard au lointain !... Tu vois l'heure, là-bas ?... Au cadran ? Là-haut ? Hein ?... Tu ne vois rien ?"
Je le voyais le cadran... à l'autre bout... en l'air... à travers la pluie... Une petite lune jaune.
"- Quelle heure ?
- Minuit vingt-cinq, Maréchaogi...
- Tu vois mon cul ?
- Non Maréchaogi...
- Bien ! Si j'en trouve un à rire dans le rang, je lui en porte huit et le grand motif ... Ah ! mes joyeux fanfarons, je vais vous faire tordre de plaisir... Je vais vous apprendre à jouir à mort ... Dressage ! Dressage ! A droite ! Droite ! Arme sur l'épaule ! (...)
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Encore un cheval qui débouche au triple galop... Il fonce... il nous double ventre à terre... Un bolide... Tagadam ! Tagadam ! Tout blanc qu'il était celui -ci... à folle cadence poulopant... la queue toute raide, en comète, toute solide à la vitesse... Il a presque emporté le falot... soufflé au passage... Tagadam ! Tagadam ! Et que je te redouble...
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Alors tout autour de nous il a sorti comme des yeux... des choses dans la brume... des mille fenêtres... à vous regarder... des reflets je crois... des reflets... Il faisait presque jour à présent. Ça palissait d'en haut... des toits et tout le quartier... les murs... la chaux...
Karvic a rallié en vitesse, il secouait sa musique en courant, pour la bave, les gouttes
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Il me soufflait toujours dans le nez.
« Pourquoi donc tu t’es engagé ? T’a jamais été cocher ? Tailleur des fois de ton état ? Voleur, mon petit homme ? Acrobate par hasard ? T’es pas palefrenier non plus ? Parfumeur au bout du compte ? Charbonnier alors ? Rémouleur ?
- Non, monsieur »
Ils se désopilaient les autres de la façon que je me trouvais cul devant les questions. Ils s’en tortillaient dans leur paille, ils s’en convulsaient de rigolade.
« Alors, qu’est-ce que tu viens foutre au 17ème cavalerie lourde ? Hein ? Tu sais pas toi-même merveilleux ? Y a plus rien à manger chez toi ? Le four a chu ? »
Je voyais qu’il ne fallait rien répondre.
« Allez ! au commandement, oust ! »
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