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sur 352 notes
Quand Raymond la science libère Moravagine pour l'étudier de plus près, on peut se demander qui est le plus timbré malgré la présentation préalable du détenu, monstre dont un travers favori consistait à éventrer la gente féminine, de préférence avec un foetus. Ils formeront un duo détonnant dans un périple autour du monde percutant.

En plus des personnages pour le moins azymutés, le roman paraît lui dynamité. Structure déroutante, narration inconstante, genre et ton virevoltants.... L'on y est bringuebalé à la lisière de l'anarchisme, du roman d'aventure, parfois de la poésie, tout semble possible dans ses 26 paragraphes inégaux agencés selon les lettres de l'alphabet, comme une manière de dire que l'on peut tout écrire avec ses 26 symboles.
Il semble convenu que l'auteur ait exorcisé ses démons dans ce roman à l'écriture au long cours, Moravagine représentant l'Autre pour Cendrars.

J'aimais lire du Cendrars dans mes vingts ans, il y a.... quelque temps. Si mes souvenirs sont encore bons il me semble que ce Moravagine est à part, ce que semble confirmer les avis récoltés ici là. Même si j'y ai reconnu de loin son style parfois suffocant de richesse syntaxique, d'autres fois bluffant de fulgurance poétique.
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Ce roman est une fleur vénéneuse, une fleur carnivore! On le dévore, dans la fascination et l'horreur!

le personnage de Moravagine, un psychopathe que je vous déconseille de rencontrer au coin d'une rue, mesdames,est une sorte de grand'oncle du Raspoutine de Hugo Pratt, qui descendrait de Raskolnikov par les femmes -de mauvaise vie- et adorerait échanger quelques recettes de dissection avec Jack l'éventreur, autour d'un verre de Guiness ou d'une vodka glacée (selon celui qui a le bon côté du bistouri)...

Bref, un monument d'originalité, de perversion maîtrisée et de dépaysement garanti!
Des pages sublimes, crues et violentes , céliniennes... A lire sans modération!
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Ce roman-là, il faut le digérer, le métaboliser pour qu'il exhale tout son sel. La digestion n'est pas simple, car elle tord les boyaux et met le feu à l'estomac; l'ingurgitation non plus, tant on est désorienté par les différentes consistances de ces morceaux de texte écrits dans le désordre à différentes périodes. Mais le jeu en vaut la chandelle.

Moravagine, c'est ce monstre terrifiant et magnifique qui grandit dans une solitude perverse, dépasse l'horizon humain, éventre des femmes pour extirper le monde de leur présence mortifère, retourne à la solitude de l'asile, s'en enfuit dans un grand éclat de rire et s'en va ensemencer le monde de son mal.
Moravagine, c'est toute la folie et la grandeur du 20ième siècle naissant que ce presque gnome traverse en boitant, jouisseur et goguenard, anarchiste fomenteur de révolution en Russie, aviateur des 5 continents, dieu païen dans la jungle amazonienne.
Moravagine, c'est surtout une langue d'une puissance suffocante, tranchante, exaltée, nourrie aux source de la vie.

J'ai beau très mal connaître Blaise Cendrars, rarement j'ai eu la sensation en lisant Moravagine d'une oeuvre si organiquement liée à son auteur.
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Ce roman à couper le souffle est totalement atypique dans l'oeuvre de Cendrars. Moravagine est un tueur de femmes (qui porte bien son nom...), il est dangereux, fou, malfaisant et attachant. Dans l'hôpital où il est interné, il fait la connaissance d'un jeune psychiatre qui, fasciné par ce personnage complexe à l'intelligence maléfique, organisera son évasion et l'accompagnera dans une fuite perpétuelle à travers le monde.
L'idée de Moravagine est née vingt ans plus tôt dans la tête de l'auteur, à l'époque où il était étudiant en psychiatrie. On sent dans l'écriture qui paraît instinctive toute l'implication personnelle de Cendrars qui, à travers son personnage, semble exorciser le double maléfique présent en chacun de nous. C'est roman sublime, hallucinant, terrifiant et poétique. Une lecture difficile et haletante, un livre incontournable !
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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Dans la post face de Moravagine, Blaise Cendrars écrit « il pouvait être trois, quatre heures du matin quand je mis le point final à mon roman Moravagine et poussai un soupir de soulagement ». Je me sens en parfaite harmonie avec l'auteur, mais dans mon rôle de lectrice! Par bonheur, la punition fut de courte durée car le roman est relativement bref. Mais dense…


Moravagine est un fou furieux sanguinaire qui croupit au fond d'une cellule de l'hôpital psychiatrique de Berne lorsque le narrateur thésard intéressé par la neurologie fait sa connaissance. Et quoi de plus logique que de faire évader le spécimen. le but de ce coup monté m'a échappé (avec sans doute beaucoup d'autres choses…). Toujours est-il que les deux compères vont accomplir un périple abracadabrant les menant de la Russie à l'Amazonie , côtoyant tout à tour des terroristes slaves et des indiens réducteurs de tête jusqu'à ce que la Grande Guerre les sépare, pour mieux se retrouver, à peu près dans les mêmes circonstances que celles de leur première rencontre.

Le thème est intéressant, on est dans un roman d'aventures rocambolesques, mais on sent que l'intention initiale n'était pas de divertir le lecteur, mais plutôt de se libérer d'obsessions profondes. C'est sans doute pourquoi le fil rouge du roman, cette fuite avec un dément, ne parvient pas à captiver l'attention, le jeune neurologue ne se situe pas en position d'observateur, il vit pleinement les frasques de son ami. L'intention n'est donc pas expérimentale. Il est difficile de s'attacher à l'un ou l'autre des deux compères, sans parler de s'y identifier. C'est donc plutôt le contexte historique qui sauve le roman : les dessous de la révolution russe ou les coutumes des Jivaros, revus et corrigés par Blaise Cendrars sont édifiants.

Avec un peu d'ironie, l'auteur apparaît en fin de roman, chargé de rédiger le récit de ces aventures, alors que le narrateur peut difficilement se cacher d'être un double de Blaise Cendrars.

C'est peut-être l'écriture qui m'a posé le plus de problème: très dense, très riche, avec de multiples énumérations, qui témoignent d'un travail intensif sur la langue, mais rend l'ensemble assez indigeste (même le vocabulaire médical, que pourtant je connais bien, reste abscons, parce que daté - mais là, c'est inévitable puisque l'oeuvre date du début du vingtième siècle).

Rencontre un peu ratée, avec le sentiment d'être passée à côté de quelque chose
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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De Cendrars, je préfère nettement sa poésie que je trouve géniale, à ses romans. Dans celui ci, on retrouve bien son envie de nous faire découvrir le monde et de faire l'apologie du machinisme et de la modernité, qu'il assimile à la vie - nous sommes dans les années 1920 - . Ce roman est avant tout un roman d'aventures. Il y adjoint un personnage, Moravagine, métaphore du mal absolu. J'ai lu une grande partie du livre en diagonale, notamment le très long passage sur la révolution russe qui, à mon avis, s'enlise dans des précisions et une perversité inutiles. le reste n'est pas inintéressant. Mais le récit manque d'un fil conducteur. Les pérégrinations des deux compères se terminent avec la première guerre mondiale. Cendrars fait d'ailleurs allusion à sa main coupée. C'est un livre très inégal qui a beaucoup vieilli.
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Deux fois que je m'y essaye, deux fois que j'abandonne. J'ai trouvé une écriture certes puissante mais tellement dense qu'elle pèse autant que l'histoire qui est déjà, en soi, extrêmement oppressante. Je ne vois à ce récit aucune issue qui mérite mon attention plus avant. Je n'ai pas trouvé en ce roman le chef-d'oeuvre que d'autres y ont vu. Ceux-ci diront sans doute que j'aurais dû persévérer mais je me suis donné le droit d'abandonner Moravagine et son compagnon à leur triste sort, cette fois probablement définitivement…
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J'ai lu Moravagine il y a longtemps, je viens de le relire « en diagonal » et j'ai compris pourquoi j'en gardais un souvenir aussi vivace (comme c'est le cas de tous les livres de Cendrars). J'ai lu aussi et surtout le, très intéressant, Pro Domo (expression latine que j'ignorais ; sorte de post-scriptum ou de postface) que j'ai trouvé dans le recueil de textes choisis de l'édition Quarto-Gallimard, intitulé : Partir (pléonasme chez Cendrars !). Quand j'écris : très intéressant, je suis en-dessous de l'émotion, de l'engouement que provoque ce texte. Son « travail » sur ce roman y est décrit « à la Cendrars », de façon hyper-dynamique, sa mémoire se mêle à sa poésie intuitive et fulgurante. Pourtant, Cendrars n'est pas un romancier, ou un poète, il n'est pas un journaliste ou un nouvelliste ; il est plus que cela, il est littéralement un Ecrivain, car il y a autant de poésie dans ses romans que de romanesque dans sa poésie et autant de témoignages dans ses nouvelles que de souvenirs dans ses fictions. Il me semble aussi qu'il est le premier (voire le seul) écrivain à suggérer, à sous-entendre à son lecteur : Fais le toi-même ! Écris ! Tout est écriture ! En 1917, de sa main gauche peut-être, il note : « C'est pourquoi tous les beaux livres se ressemblent. Ils sont tous autobiographiques. (...) il n'y a qu'un sujet littéraire : l'homme. (...) il n'y a qu'une littérature : celle de cet l'homme, de cet Autre, l'homme qui écrit. »./
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J'admire le travail colossal de l'auteur même si je suis très partagée après la lecture de ce roman. J'ai trouvé qu'il y avait des longueurs (surtout lorsque les protagonistes vivent en Russie). Il s'agit d'une oeuvre complexe, l'auteur lui-même à mis environ dix ans à pouvoir rédiger ce livre pour lequel il avait pris des quantités de notes. Avec Moravagine , Blaise Cendrars nous fait entrer dans l'univers d'un fou, mais pas n'importe quel fou, un fou sanguinaire auteur d'un nombre incalculable de meurtres ignobles. Ce livre c'est la fuite de Moravagine, accompagné du narrateur, à travers l'Europe, jusqu'en Russie où ils rejoignent des révolutionnaires souhaitant renverser le régime, puis le départ pour l'Amérique, où ils mènent une vie aventureuse et où l'alcool coule à flots... D'ailleurs partout, où ils passent, les protagonistes boivent plus que de raison!
A leur retour en Europe, c'est le début de la guerre de 14/18...
Je m'étonne de la fascination que Moravagine a pu exercer sur le narrateur, je trouve cela malsain, très inquiétant... Comme si le narrateur cautionnait les actes de barbarie du dément.
Un sujet de lecture inconfortable, j'avais hâte de tourner la dernière page du roman au plus tôt, peinant à lire de plus parce que le livre est imprimé en petits caractères.
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Raymond La Science nous explique que ce manuscrit est la transcription de notes laissées par Moravagine lui-même.
Il nous raconte comment, fraichement diplômé en psychologie à Paris en 1900, il part en Suisse dans le sanatorium de Waldensee près de Berne, prêt à en découdre avec les psychiatres avides et amoraux de l'époque. Il y rencontre Moravagine, seul descendant authentique du dernier roi de Hongrie, et décide de l'aider à s'échapper. S'en suivent dix longues années d'aventure en Russie, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, …
Roman très étrange, rédigé selon Cendrars lui-même, par petits passages, sur plus de dix ans. Ceci explique peut-être des incohérences (au début du roman, note de Moravagine qui va être exécuté le 11 mai 1924 mais à la fin il meurt dans un centre de neurologie le 17 février 1917), la différence de « qualité » entre les chapitres : celui sur l'économie capitaliste et l'idée d'utilitarisme m'a semblé tomber de nulle part et la transition entre les mémoires de Moravagine et celles de Raymond est confuse.
Une lecture atypique !
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