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sur 352 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand Raymond la science libère Moravagine pour l'étudier de plus près, on peut se demander qui est le plus timbré malgré la présentation préalable du détenu, monstre dont un travers favori consistait à éventrer la gente féminine, de préférence avec un foetus. Ils formeront un duo détonnant dans un périple autour du monde percutant.

En plus des personnages pour le moins azymutés, le roman paraît lui dynamité. Structure déroutante, narration inconstante, genre et ton virevoltants.... L'on y est bringuebalé à la lisière de l'anarchisme, du roman d'aventure, parfois de la poésie, tout semble possible dans ses 26 paragraphes inégaux agencés selon les lettres de l'alphabet, comme une manière de dire que l'on peut tout écrire avec ses 26 symboles.
Il semble convenu que l'auteur ait exorcisé ses démons dans ce roman à l'écriture au long cours, Moravagine représentant l'Autre pour Cendrars.

J'aimais lire du Cendrars dans mes vingts ans, il y a.... quelque temps. Si mes souvenirs sont encore bons il me semble que ce Moravagine est à part, ce que semble confirmer les avis récoltés ici là. Même si j'y ai reconnu de loin son style parfois suffocant de richesse syntaxique, d'autres fois bluffant de fulgurance poétique.
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Ce roman-là, il faut le digérer, le métaboliser pour qu'il exhale tout son sel. La digestion n'est pas simple, car elle tord les boyaux et met le feu à l'estomac; l'ingurgitation non plus, tant on est désorienté par les différentes consistances de ces morceaux de texte écrits dans le désordre à différentes périodes. Mais le jeu en vaut la chandelle.

Moravagine, c'est ce monstre terrifiant et magnifique qui grandit dans une solitude perverse, dépasse l'horizon humain, éventre des femmes pour extirper le monde de leur présence mortifère, retourne à la solitude de l'asile, s'en enfuit dans un grand éclat de rire et s'en va ensemencer le monde de son mal.
Moravagine, c'est toute la folie et la grandeur du 20ième siècle naissant que ce presque gnome traverse en boitant, jouisseur et goguenard, anarchiste fomenteur de révolution en Russie, aviateur des 5 continents, dieu païen dans la jungle amazonienne.
Moravagine, c'est surtout une langue d'une puissance suffocante, tranchante, exaltée, nourrie aux source de la vie.

J'ai beau très mal connaître Blaise Cendrars, rarement j'ai eu la sensation en lisant Moravagine d'une oeuvre si organiquement liée à son auteur.
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Raymond La Science nous explique que ce manuscrit est la transcription de notes laissées par Moravagine lui-même.
Il nous raconte comment, fraichement diplômé en psychologie à Paris en 1900, il part en Suisse dans le sanatorium de Waldensee près de Berne, prêt à en découdre avec les psychiatres avides et amoraux de l'époque. Il y rencontre Moravagine, seul descendant authentique du dernier roi de Hongrie, et décide de l'aider à s'échapper. S'en suivent dix longues années d'aventure en Russie, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, …
Roman très étrange, rédigé selon Cendrars lui-même, par petits passages, sur plus de dix ans. Ceci explique peut-être des incohérences (au début du roman, note de Moravagine qui va être exécuté le 11 mai 1924 mais à la fin il meurt dans un centre de neurologie le 17 février 1917), la différence de « qualité » entre les chapitres : celui sur l'économie capitaliste et l'idée d'utilitarisme m'a semblé tomber de nulle part et la transition entre les mémoires de Moravagine et celles de Raymond est confuse.
Une lecture atypique !
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Blaise Cendras a longtemps été hanté par cet homme, Moravagine, ce personnage qui s'est imposé à lui au fil des années et dont il a fini par réussir à lui consacrer un livre. Moravagine, descendant d'une longue lignée d'aristocrates d'Euope de l'Est, est un homme violent, un tueur anticonformiste ; il représente le côté sombre de Blaise Cendrars.
Ce livre, c'est un livre d'aventure et un livre de psychologie raconté par Raymond étudiant en psychiatrie né en 1900. La rencontre entre Raymond et Moravagine a lieu dans un centre hospitalier suisse où Moravagine est enfermé pour folie (et pour meurtre). Raymond, depuis ses nombreuses discussions avec Moravagine est obsédé par la personnalité de l'homme et finit par le libérer et partir avec lui.
Les deux hommes nous entraînent alors dans de nombreuses aventures qui commencent par du terrorisme en Russie et se poursuivent notamment par une fuite en Amérique du Sud et une expérience chez les indiens d'Amazonie.
Un roman inclassable et inoubliable.
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Voici le roman qui est venu rompre un cycle de lectures décevantes, et qui figurera sans aucun doute dans mon top 5 de l'année 2010. Outre le plaisir de lecture qu'il m'a procuré, il m'a également permis de découvrir un grand auteur qui m'était encore inconnu.

Son narrateur, Raymond, est un jeune psychiatre qui entame au début du livre un stage dans un hôpital psychiatrique suisse. Il y fait la connaissance de Moravagine, malade interné depuis de longues années dans le pavillon réservé aux incurables. C'est un homicide qui a conduit dans cet établissement renommé ce dernier descendant d'une lignée noble d'Europe de l'Est, qui s'avère être un fou dangereux. Mais Raymond s'attache à cet homme au point de le faire évader, et leur fuite perpétuelle va leur faire vivre de nombreuses aventures improbables à travers le monde.

Moravagine est un roman particulier, qui happe dès les premières pages. Ce personnage a hanté Blaise Cendrars durant des années, et l'écriture de ce livre a été menée parallèlement à d'autres travaux, comme il l'explique lui-même dans la très intéressante postface de cette édition (Grasset – Les cahiers rouges). Déroutant, halluciné, anticonformiste… tels sont les premiers qualificatifs qui me viennent à l'esprit pour décrire mon ressenti sur ce livre vraisemblablement unique dans sa façon d'évoquer le Mal. Et qui tient tout à la fois du thriller et du roman d'aventures. Une belle découverte !
Lien : http://tassedethe.unblog.fr
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Je vois au moins deux rapprochements possibles entre Moravaginede Blaise Cendrars et Sous le soleil de Satan de Georges Bernanos. le plus évident, mais peut-être le plus borgésien, je veux dire, celui sur lequel Borges aurait brodé à l'infini : ils ont tous deux paru en 1926. le second rapprochement est bien plus profond, à moins que ce ne soit strictement l'inverse, et alors il ne sera tout au plus qu'universitaire, et touche à la figuration du double démoniaque, furieux rêve, dira Bernanos de son livre, qu'il s'agit d'expulser à tout prix, alors que Blaise Cendrars cite une lettre d'un certain Docteur Ferral, réel ou imaginaire quelle importance, qui affirme de l'auteur qu'il est à présent un «homme libre», puisqu'il est parvenu à se libérer lui aussi de son mauvais rêve, après qu'il a grossi en lui durant de nombreuses années, la première mention de ce qui était alors un texte intitulé Moravagine, idiot (cf. p. 252, dans un autre intitulé Pro domo. Comment j'ai écrit Moravagine) datant de novembre 1912. La guerre a littéralement traversé Moravagine, et quelque chose de son écho assourdi semble gronder obstinément dans ces pages que l'on dirait écrites, bien au contraire de ce que nous en apprend leur genèse, d'une seule coulée, de boue bien évidemment.
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Je n'avais jamais rien lu de Blaise Cendrars. C'était une erreur. Moravagine est un livre furieux et fou sur un fou furieux. Tout ce que j'aime.

En quelques mots, il conte les aventures d'un dangereux psychopathe – Moravagine de son nom – et d'un médecin aliéniste qui le suit dans ses pérégrinations. Ils iront au gré de la fortune de la Russie au fin fond de l'Amazonie, en passant par Londres, la France, les États-Unis et peut-être même la planète Mars… Ils y croiseront la guerre, le terrorisme, la révolution, le cannibalisme indigène et bien d'autres atrocités…

En lisant la quatrième de couverture et aux quelques commentaires que j'avais lus sur l'ouvrage, je m'attendais à un roman terriblement sombre. Évidemment, c'est un récit plein de bruits et de fureur où la folie et le meurtre sont toujours présents. Mais Cendrars ne les traite pas au premier degré.

Sous sa plume, Moravagine et son acolyte sont des sortes de pieds nickelés du crime, pris dans la folie du monde, emportés par l'élan du chaos. Leurs aventures sont si rocambolesques que l'on ne peut les prendre vraiment au sérieux. Une forme de distanciation ludique se met ainsi en place et permet de savourer cette détonante lecture, malgré les atrocités qu'elle décrit. Ce mélange d'horreurs et de péripéties à la frontière de l'absurde confère un ton très particulier à l'ouvrage et lui donne tout son charme.

La variété des sujets et des ambiances est assez bluffante pour un roman si court, car Moravagine est tantôt un roman initiatique, un roman d'espionnage, un roman de guerre, une histoire de serial-killers, un hommage à Au coeur des ténèbres de Conrad, autre grand roman sur la folie…. Les péripéties se suivent sur un rythme échevelé et le lecteur a parfois du mal à retenir son souffle.

Pour ne rien gâcher, le travail sur la langue est exceptionnel. Parfois très érudit, parfois précurseur du langage parlé « célinien », parfois lyrique, Cendrars maitrise à la perfection son sujet et livre une partition de haut vol qui force l'admiration.

Enfin, je conseille fortement de lire la passionnante postface du livre, sorte de journal de création de l'auteur, qui conte ses difficultés et ses moments d'intense création dans la rédaction de l'ouvrage. Il rappelle que même les écrivains les plus doués doivent suer sang et eau pour accoucher de livres comme celui-là.

Après une telle lecture, il y aura forcément d'autres Blaise Cendrars dans ces colonnes.
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Moravagine, pensionnaire d'un asile pour nantis aliénés, séduit le médecin fraîchement diplômé qui est chargé d'en prendre soin. Sous couvert d'une étude clinique, le médecin libère son patient qui va pouvoir commettre ses méfaits et scelle ainsi le destin des deux protagonistes qui laissent derrière eux crimes, souffrance et révolution.
Mais sont-ils vraiment si différents ? Est-ce-que Moravagine ne serait pas le double du narrateur ? Ou encore de Cendrars lui-même ? En effet, la postface nous laisse entrevoir les difficultés éprouvées par Cendrars pour enfin mettre un point final au livre Moravagine.
Sous l'apparence d'un récit proche des péripéties d'un baron de Münchhausen avec une part d'ombre à la Jack l'éventreur, j'ai découvert plusieurs niveaux de lecture qui pourraient être d'ordre autobiographique (à vérifier), une critique voilée d'une société en déliquescence ou encore, de manière diffuse, certaines pratiques médicales dans le monde psychiatrique.
Moravagine nécessite donc une relecture qui sera sûrement ludique à la recherche des indices laissés par Cendrars.
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C'est l'histoire de deux furieux dans un monde fou, à moins que ce ne soit l'inverse. Deux hommes : un grand et un petit, un intellectuel et un fou, un sain de corps et un cabossé de partout, conquérant le monde à leur manière, laissent derrière leur passage un parfum de destruction.

A première vue, Moravagine est un roman d'aventure : l'aventure d'une amitié qui commence et finit dans le conformisme. le récit est donc tendu entre la rencontre de Moravagine et du médecin appelé Raymond la Science, et la mort de Moravagine, en pleine Première guerre mondiale. Ainsi encadrée par la mort violente : celle donnée par jalousie, celle donnée par goût patriotique, l'histoire ne peut être que celle de la violence. Entre la folie individuelle et la folie collective, les deux compères naviguent en eaux souvent troubles, depuis les bords d'un lac suisse jusqu'à la descente hallucinée de l'Orénoque (parmi les plus belles pages du roman qui rappelle l'esthétique de la torpeur du film Aguirre la colère de Dieu) en passant par la révolution bolchevique et l'ivresse des grandes traversées de l'Atlantique, sans oublier un tour dans les immenses États-Unis où les déconvenues touchent tant les deux protagonistes que leurs rencontres fortuites (les Indiens notamment).

Le désordre : voilà le mot. Sous ses apparences de roman traditionnel, bien structuré, Moravagine est une entreprise littéraire qui laisse peu de prises à l'analyse. Est-ce un roman d'aventure ? Oui. Est-ce un roman à thèse ? On ne sait pas vraiment. Dans cette histoire de fou, bien malin est celui qui pourra démêler le sérieux et le léger. Par exemple : l'engagement de Moravagine et de Raymond dans les affaires russes est-il celui d'idéalistes aux tendances brutales (ainsi que l'étaient les illégalistes de la fin du dix-neuvième siècle en France) ou bien sont-ce seulement deux assassins à qui les troubles d'un pays et d'une époque autorisent toutes les exactions ?

Rien n'est sûr dans ce livre. En Amazonie, on croit admirer un dieu vivant, voué au sacrifice, et l'on se retrouve avec un diable pervers qui laisse plutôt la mort derrière lui. Sur le bateau qui relie Liverpool à New York, le plus civilisé des passagers n'est autre qu'un orang-outan, idole du cirque et habillé à la dernière mode. En Russie, la relation qu'entretient Moravagine avec Masha est si complexe que les soupçons s'allument dès que l'on prononce le mot trahison. D'ailleurs, ce mot rime souvent avec le mot femmes dans Moravagine : car la misogynie manquait, il est vrai, à ce catalogue des pires comportements de l'être humain qui comportait déjà la débauche, le vol et le meurtre.

Derrière les apparences se cachent donc des réflexions insoupçonnées. Est-on seulement surpris lorsque l'on voit apparaître, mécanicien dans son avion, le personnage de Blaise Cendrars ? C'est lui qui publie l'histoire de Raymond la Science, condamné à mort en Espagne en 1924 (les événements décrits ont lieu entre 1900 et 1917). le lien qu'entretient ce personnage de fiction avec l'auteur du livre est ténu, puisque le vrai Blaise Cendrars (qui n'est aussi qu'un pseudonyme) a probablement autant du faux Blaise Cendrars que de ses acolytes, Moravagine et Raymond la Science. Quant à ce dernier, tout le monde aura déjà remarqué que ce pseudonyme désigne aussi bien le personnage fictionnel du médecin, ami de Moravagine, que le personnage bien réel de Raymond Callemin, homme de main de Jules Bonnot qui terrorisa Paris au début des années 1910.

Le roman puise sa force tout à la fois : dans un contexte historique (entre la Belle Epoque et la Première guerre mondiale, entre les espaces vierges de civilisation et la terreur illégaliste parisienne), dans un verbe foisonnant qui tâche de décrire à la fois les turpitudes du corps et de l'esprit humain, dans son apparente solidité narrative qui cache des mystères irrésolus. Moravagine serait donc un roman impossible à étiqueter. Est-ce si grave ?
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Le narrateur, médecin, rencontre Moravagine dans une cellule pour fou et dangereux. Fasciné par la personnalité de cet assassin, l'homme de science le fait évader. Alors, commence l'aventure à travers l'univers pour ces deux hommes, qui dura dix années.
Curieux, étrange, écriture pas simple. J'avais tenté déjà de le lire il y a 15 ans, sans le finir. J'ai bien fait d'attendre le moment. Histoire délirante, peu crédible, sans foi ni loi. La fin est étonnante et fascinante. Incontournable ! Paru en 1926.
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