L'auteure, le livre :
Cécile Cerf est agrégée de lettres : il n'en fallait sans doute pas moins pour oser s'atteler à l'histoire du légendaire tableau de Courbet, L'origine du monde.
Son enquête historique nous permet de découvrir
À l'origine, La femme derrière le tableau.
On aime :
❤️ L'histoire passionnante de ce tableau mythique et sulfureux que ses propriétaires gardaient secret (la couverture du livre en témoigne !) et dont on perdit la trace pendant plus d'un siècle.
❤️ le point de vue résolument féminin de l'auteure.
le contexte :
L'histoire vraie du célèbre tableau du jurassien et athée Gustave Courbet : L'origine du monde.
À la fin du XIX°, Courbet est le chef de file des peintres Réalistes, exclus des salons parisiens encore confits dans l'académisme romantique tandis que Paris se remet difficilement de la Commune, celle des pétroleuses.
Le tableau fut commandé par un diplomate d'origine turque, Khalil Bey et l'on veut croire que le modèle (dont on ne voit pas le visage) était peut-être sa maîtresse, Constance Quéniaux, une danseuse.
Khalil Bey, ruiné, fut bientôt obligé de vendre ses collections, et l'on perdit la trace de ce petit tableau sulfureux pendant plus d'un siècle jusqu'à ce que le psychanalyste
Lacan en fasse l'acquisition et que ses héritiers le cèdent finalement au musée d'Orsay.
L'intrigue :
La crudité réaliste du sexe peint en gros plan déchaina les passions, à l'époque tout comme encore aujourd'hui : en 2013 même, une nouvelle affaire défraya la chronique des arts.
Cécile Cerf se régale (et nous avec) à rapporter les propos particulièrement féroces des bourgeois phallocrates du XIX° et l'intelligentsia parisienne ne ressort pas vraiment grandie de ces pages, c'est le moins qu'on puisse dire : les
Alexandre Dumas (fils),
Théophile Gautier,
Gustave Flaubert,
Maxime du Camp,... se déchainent avec une rare violence contre Courbet en particulier et les femmes en général.
Le narrateur (
Maxime du Camp) mène l'enquête pour enfin savoir quelle était donc cette femme qui avait osé poser pour Courbet : le prétexte à visiter et "interviewer" ce qui compte dans le Tout-Paris de l'époque.
On aime moins :
Le bouquin nous donne quelques belles pages (édifiantes !) sur les danseuses de l'Opéra dont Constance faisait partie : c'est le sujet de prédilection de l'auteure qui veut nous faire partager sa passion. Mais ces digressions sont un peu trop nombreuses et envahissantes au point que souvent, le tableau de Courbet passe au second plan.
On aime moins aussi les derniers chapitres sur Charcot et la Salpêtrière : ces pages féministes sont peut-être salutaires et nécessaires, bien sûr, mais flirtent un peu trop avec le guide touristique wikipédia.
On regrette aussi un peu que le roman se cantonne à son titre, son époque et son sujet (l'origine du tableau) sans aller plus loin pour retracer toute l'histoire mystérieuse et mouvementée de cette peinture jusqu'au musée d'Orsay.
Pour celles et ceux qui aiment les dessous (de la peinture).
Lien :
http://bmr-mam.blogspot.com/..