Ce tome 20 paru en 2003 est mal nommé "Le Dogue de Brocéliande" puisque le Robin des Bois breton est moins au centre du récit que Frère Anselme le miraculé et ses reliques de Saint Yves Hélori…
Nous sommes en Bretagne durant la Guerre de Cent Ans, et les reliques de Saint Yves Hélori rapportent beaucoup d'argent à l'Église. Les autorités veulent les mettre en sécurité à Vitré, mais les campagnes pullulent de soldats, de mercenaires et de brigands :
- un convoi commandé par l'évêque Richard de Poiriers et le Seigneur Guy de
Fougeray suit la route traditionnelle du Tro Breiz persuadés que les Godons n'oseront pas s'attaquer à un pèlerinage
- un convoi plus discret conduit par Frère Anselme et ce bon vieux Vasco suit lui l'ancienne route romaine allant de Rennes à Carhaix en traversant la Forêt de Brocéliande et ses chemins de Nulle Part
Gilles Chaillet se fait plaisir en mettre en scène toutes les légendes qui y sont liées par le texte et par l'image, comme il se plaît également à développer une ambiance joyeux compaings de la Forêt de Sherwood, mais au bout du bout le chef anglais Bamborought et le chef bandit Bertrand du Guesclin réclament rançon pour les reliques mais aucun des deux ne possèdent les vrais…
Jusque là on est un peu dans un « cosy mystery » médiéval à la "Ellis Peters" et c'est cool, sauf qu'il ne reste que 10 pages pour tout résoudre. L'auteur choisit de réaliser une ellipse de 6 ans, et Bertrand du Guesclin général français qui a reçu les confessions d'un mourant offrent à Tintin et Haddock la clé du mystère.
On a voulu mettre en parallèle les jumeaux Anselme et Eudes, Anselme le zélote bienveillant emporté par son altruisme, Eudes le fanatiques malveillant emporté par égoïsme. C'est bien sauf que n'est pas raccord car Vasco ne voit pas la ressemblance entre les jumeaux dans les tomes 7 et 8, et ne voit toujours pas la ressemblance entre eux dans ce tome 20 (mais van Loo qui n'a pas connu le premier et qui a à peine rencontré le deuxième si, allez comprendre !). Si c'était juste pour dessiner le Mont-Saint-Michel, ce n'était pas la peine et on aurait pu et dû rester dans le temps présent et aller plus loin encore mettant en parallèle Frère Erwan l'illuminé chrétien et la pseudo Morgane qui tenait elle de l'illuminée païenne…
En bref, un tome sympathique mais inabouti comme pas mal des tomes de la série !
PS3 :
Gilles Chaillet nous gratifie d'une magnifique planche à la
Milo Manara rempli de schnecks et de teubes, mais il y a encore de grands intellectuels pour clamer haut et fort que les bandes dessinées ce n'est que pour les enfants… (les cons ça ose tout, d'ailleurs c'est à cela qu'on les reconnaît !)
PS2:
Gilles Chaillet a longtemps été un puriste de la Ligne Claire, mais après la parution du dernier tome consacré à Rienzo l'élaboration d'un style propre est de plus en plus sensible, et ce dernier est plus agréable même si parfois on perd un peu en détail
PS3: il est fin énervé notre
Gilles Chaillet dans ce tome 20, il est même carrément lutte des classes car il ne perd pas une occasion de vomir les bourgeois qui parle valeurs moralité mais ne la pratiquent pas, clercs qui parlent valeurs chrétiennes mais ne les pratiquent pas, et seigneurs qui parlent valeurs nobiliaires mais n'en possèdes aucune, les classes aisées ne pensant qu'à engranger du pognon sur le dos gens qu'ils haïssent tant… Rien n'a changé, et on trouve encore de grands moralisateurs pour cracher leur venin suprématistes sur ceux « roulent au diesel et fument des clopes » (
Benjamin Griveaux copyright : ce mec-là il faut lui marcher dessus, et du pied gauche ça porte bonheur) !