Les neuf vies de Sappho

Excellent essai sur la poétesse Sappho, la dixième Muse selon Platon, celle à qui on prête mille vies, des plus philosophiques, poétiques, féministes mais aussi femme de peu, femme dangereuse, lesbienne (elle en serait même a l'origine, sans mauvais jeu de mots), immorale, et j'en passe, "femme" parfois suffisant à quelques uns pour la discréditer ou la rabaisser. Et pourtant quelle femme... La première des ecrivain...Es. Non pas que Sappho ait eu 9 vies, mais notre autrice fait le tour de neuf "présentations" (pour faire court tant c'est dense) au gré des époques. Excellent essai parce que j'ai énormément appris (presque envie d'apprendre le grec ancien !), sur elle, la première des féministes (si on devait la réduire à cela, mais ce serait tellement réducteur). Essai à mettre entre toutes les mains ; c'est fou ce que les croyances nous mettent en erreur et font des dégâts.

Sappho est communément connue comme l'icone lesbienne et féministe, véritable sorcière de l'Antiquité. Laure de Chantal revient sur la véritable saphoo : écrivaine, poétesse, musicienne, muse, féministe et philosophe.
Elle est la première à écrire 12 000 vers en parlant d'elle à la 1ère personne et non en relatant des exploits divers, ce qui fait d'elle la première écrivain de l'Histoire.
Bien que beaucoup de ses écrits n'existent plus, faits des hommes et des chrétiens; d'autres ont de tout temps vantés ses mérites et son talent. C'est par les écrits de ses hommes que le talent de Sappho prend cette dimension.
Quel plus beau compliment de la plagier, de s'en attribuer ses oeuvres.

“il me parait l'égal d'un dieu, celui qui peut te faire face, se pencher plus près pour t'écouter parler doucement. Pour t'écouter rire de ce rire qui excite le désir, et qui moi, m'a fait fondre le coeur” et en voici la pâle copie de Catulle : “il me parait être égal à un dieu, il me parait, si l'on peut dire, surpasser les dieux, celui qui sans cesse assis face à toi te regarde et t'écoute doucement rire, ce qui-pauvre de moi!-m'arrache tous mes sens”

Laure de Chantal retrace les vies et les influences de la poétesse Sappho de son époque jusqu'à la nôtre: certaines choses restent immuables et d'autres bougent doucement.
Que ce soit les grands philosophes de l'époque - Platon, Socrate, ..- ou les femmes tout au long de l'Histoire (certes elles aussi oubliées) - Christine de Pisan, Madeleine de Sudery, Anne Dacier, Renée Vivien, ... - Tous tentent de traduire et de mettre en avant cette merveilleuse poétesse.

Cet essai est dans la veine de tous ces livres qui sont publiés depuis quelques années pour faire bouger les lignes et NON! les femmes ne se sont pas découvertes écrivaines, poétesses, peintres, .. au XXeme siècle. Elles étaient là bien avant, cachées, spoliées, usurpées, brûlées. Merci à toutes ses autrices et auteurs qui les font revivre et les remettre au centre de l'Histoire.

Merci à #Netgalley et aux Editions Stock

Un ouvrage dans lequel j'ai mis du temps à entrer, essayant de comprendre où il m'emmenait. Mais progressivement j'ai compris la division en neuf chapitres et la vision de plus en plus approfondie de la perception de Sappho, de sa figure antique, à son impact littéraire jusqu'à sa reprise en icone féministe et queer. J'ai beaucoup apprécié l'écriture claire et vive de Laure de Chantal.

Mon plus grand reproche serait l'absence de notes de bas de pages car cet ouvrage soulève l'immense désir d'approfondir ce discours et cela est compliqué sans sources ou bibliographie excepté les suggestions de traduction de Sappho à la fin.

Néanmoins, "Les neuf vies de Sappho" reste une belle lecture, agréable, moderne et rafraichissante dans le milieu des Lettres classiques.