#machronique
Dix-neuf secondesPierre Charras
Folio
Quatrième de couverture
Sandrine et Gabriel se connaissent depuis vingt-cinq ans. Pour éviter l'usure irréparable de leur couple, ils imaginent un jeu. Ils se donneront rendez-vous dans la rame du RER de 17h43, nom de code ZEUS, à Nation. Sandrine décidera de descendre ou non de la porte arrière de la troisième voiture.
19 secondes, 18 secondes, 17 secondes :
Pierre Charras déroule son intrigue au fil d'un impitoyable compte à rebours.
Dix-neuf secondes suffiront pour que le train quitte le tunnel, emerge dans les lumières du quai, stationne et reprenne sa course.
Dix-neuf secondes au terme desquelles on bascule sans préavis d'une banale affaire de rupture à une tragédie brutale, irréversible...
Mon avis
Ou comment la vie des gens peut changer en
dix-neuf secondes.
Gabriel, en attendant Sandrine, fait le bilan de sa vie et de son couple. C'est là tout le sujet du livre.
Le couple s'exprime à tour de rôle, ce qui entretient une espèce de suspense.
Et dès le début, on sent qu'il y a quelque chose de grave dans l'air et que quelque chose de dramatique va se passer.
Ce livre est un compte à rebours. Une galerie de personnages très hétéroclites et ayant tous des raisons très différentes de se situer à l'endroit où ils se trouvent. Nous sommes dans la tête de chacun d'entre eux et assistons à leurs dernières pensées. Un seul spectateur, Gabriel.
À jouer avec la vie, on la perd parfois. On y survit aussi.
Un arrêt sur image de
dix-neuf secondes où l'auteur imagine la vie de plusieurs personnages qui chacun s'exprime à leur tour. Tous sont étrangers les uns aux autres mais tous ont quelque chose en commun : ces
dix-neuf secondes. C'est extrêmement bien ficelé. Ils ont également en commun quelque chose de bien plus tragique... leur destin.
La question qui me vient est : pourquoi échafauder ce plan au lieu de prendre la décision?
Les thèmes présents sont : le temps qui passe, le couple et la routine, le défaitisme, les pièges de l'habitude, l'amour, l'adolescence, l'absence d'enfant, le regret, les minorités, les préjugés, le remord, le désamour, les différences, la solitude, la remise en question, le destin, le doute, la fierté mal placée, les drames, le chagrin, la colère, la vengeance, la fin...
La fin est comme un uppercut. Rideau.
Citations
« Sans doute pensions-nous que si nous nous comportions comme des enfants, nous nous en tiendrions, pour les blessures, aux genoux couronnés et aux bosses sur le front. »
“Qui sait, même, si notre naufrage n'avait pas commencé ce jour-là ? Si ce qui nous écrasait aujourd'hui n'était pas la somme de nos silences forcés ?”
“Il ne suffira pas de repeindre les murs et de changer les rideaux, ils devront emménager dans de nouveaux coeurs.”
« Qu'il y ait de nombreuses victimes ou seulement une ou deux ne change rien. La peur est la même. Et sera la même. Les gens ne sortiront plus de chez eux avec la même insouciance. Il a déstabilisé Paris. La France ! le monde, pourquoi pas ? Lui. Lui tout seul. Alors, qu'est-ce que tu dis de ça, papa ? »