Ce court roman de
Pierre Charras était dans ma PAL depuis longtemps, offert par mon amie bloggeuse Sandrine & ses rêveries. Je l'avais emporté, parmi d'autres, en août dernier, pour le lire au cours des cinq semaines d'hôpital qui m'attendaient. Son titre,
Dix-neuf secondes, m'avait toujours intriguée.
C'est une histoire de rupture scénarisée : Sandrine et Gabriel se connaissent depuis vingt-cinq ans. Pour éviter l'usure irréparable de leur couple, ils imaginent ensemble un jeu. Ils se donneront rendez-vous dans la rame du RER de 17h43, nom de code ZEUS, à Nation. Sandrine décidera de descendre ou non de la porte arrière de la troisième voiture et de rejoindre Gabriel qui l'attendra sur le quai…
C'est une polyphonie de points de vue : dans le RER, il y a beaucoup de passagers qui se croisent, souvent sans se voir, parfois en se remarquant à cause d'un signe ou d'une attitude particulière.
19 secondes, 18 secondes, 17 secondes…
Pierre Charras déroule son intrigue au fil d'un compte à rebours d'une impressionnante précision... Il nous donne à lire les pensées de ses personnages et élargit la fin annoncée de l'amour de Sandrine et Gabriel aux vies de quelques autres usagers du RER.
Deux parties aux titres en rapport avec la tragédie antique, censée provoquer horreur et pitié : « Zeus » et « Styx »…, le dieu suprême de la mythologie grecque, aux innombrables aventures amoureuses, mais aussi et surtout dieu protecteur des familles, associé ici au fleuve qui mènent aux enfers.
Dix-neuf secondes suffiront pour que le train quitte le tunnel, émerge dans les lumières du quai, stationne et reprenne sa course.
Dix-neuf secondes au terme desquelles nous basculerons sans préavis d'une banale affaire de rupture à une tragédie brutale, irréversible...
Je ne savais pas que les rames du RER ont des noms de codes à quatre lettres… En revanche, la notion de basculement en enfer me parlait davantage. Je peux difficilement en dire plus car ce serait dommage, pour celles et ceux qui n'ont pas lu ce livre, de divulgâcher la suite…
Je garde de ma lecture un sentiment d'urgence, égrené par les longues secondes qui passent ; une seconde égale quelques pages, quelques instants de vie… Je pense aussi au secret de l'intime de chacun(e), zone interdite, personnelle, inconnue des autres.
Un court récit captivant et percutant !
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