Pour le dire sans détour, après 50 pages, je me suis demandé si j'allais poursuivre. L'histoire présentait peu d'intérêt, la psychologie des personnages était inexistante (ils mouraient peut-être trop vite pour cela…) et le style était minimaliste à un point inédit, du genre : il ouvrit la porte, la referma et dit etc. (je caricature à peine).
Et puis, après l'apparition du détective privé (p. 110), mon intérêt s'est éveillé. L'affaire prenait un peu plus de relief et j'ai fini par entrer dedans. L'extrême fin étant même bonne (c'est un roman noir en fait, et je ne m'en étais pas rendu compte, un comble). Donc, pour conclure, ce n'est pas grandiose, ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais ça se lit. On en a fait un film, paraît-il. C'est encore ce qui pouvait arriver de mieux à ce bouquin, parce qu'on dirait en effet un scénario de film noir américain. Bon, ceci dit, le film est peut-être un navet, je n'en sais rien.
Ce
James Hadley Chase, c'est quand même un homme du passé (le livre a été écrit en 1939). On se pince un peu quand on lit certaines choses. Tenez, par exemple, je vous choisis la page 122 (mon édition date de 1985). Je lis (le détective pour se débarrasser de sa secrétaire) :
« Il la fit pivoter et lui appliqua sur les fesses une claque qui la catapulta jusqu'à la porte »
Un peu avant (même page), il lui avait dit (toujours le même à sa secrétaire) : « Sois pas gourde, poulette ». Parce qu'on comprend à le lire que, les femmes, c'est souvent gourde…
Toujours la page 122 :
« Paula attendait son arrivée avec anxiété. Elle avait appris à ses dépens que, dans la vie, il importe avant tout de ne pas faire attendre les hommes »
Vous avez compris que notre
James Hadley Chase est un homme d'un autre temps. Les femmes sont souvent de belles idiotes (je me demande si dans son esprit ce ne sont pas deux synonymes), ou nymphomane (page 86-87 par exemple et la « gamine », comme il l'appelle, a 17 ou 18 ans, mais elle n'hésite pas à attirer dans son lit un gangster qu'elle n'a jamais vu auparavant) ou vénale (Maisay page 160-161, dont il est dit en passant page 159 « elle avait l'air passablement cruche » ) et forcément, évidemment, un peu pute (Maisey encore, elle avait bu, elle faisait sa sainte nitouche, mais page 166 « Maisey poussa un soupir de satisfaction lorsqu'il la prit dans ses bras »).
Voilà, voilà. Un seul
James Hadley Chase me suffira. Je n'en lirai pas d'autres.