Le dessin de la couverture annonce le propos : une jeune femme interrogative, face à ses parents vieillissants, un père au faciès de chien battu et une mère à la tronche de dogue furieux.
Roz Chast, fille unique, met en graphisme son devoir filial d'assistance, quand le grand âge oblige à prendre des décisions et contraint à s'immiscer dans une intimité de couple. Elle y met toute une palette de sentiments, d'introspection et de réflexion pour tenter de décoder la relation filiale, tendre avec le père, particulièrement compliquée avec la mère. Se mêlent en vrac culpabilité, gentillesse, amour, rancune, énervement, effroi...
C'est brut, douloureux, épuisant, heureusement parfois amusant et décalé.
Je me suis rarement autant projetée dans une narration. La vieillesse et la fin inéluctable de nos parents nous concernent tous. Mais je reste assez perturbée par le récit d'un honnêteté glaçante que la dessinatrice en fait. Rien ne nous est épargné. On vit dans le réel, au plus près des déchéances corporelles et intellectuelles. On fait face comme on peut à l'aspect pratique du problème: hospitalisations, maisons de retraite, finances, acharnement thérapeutique.
Un roman graphique original, au ton juste, percutant et jamais larmoyant, interrogeant nos propres capacités à faire face à la décrépitude de nos anciens. le crayon est nerveux, comme urgent et n' adoucit en rien la narration. Ça colle vraiment au sujet.
Pour rester dans l'humour macabre: rien ne vaut un bon accident, radical et définitif. (histoire de préserver mes enfants!)
4/5 étoiles