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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Qui a dit qu'une oeuvre steampunk devait toujours se dérouler dans l'Angleterre victorienne ou le Paris de la Belle époque? Certainement pas Emmanuel Chastellière, qui nous offre un recueil de nouvelles à propos d'une cité fondée au 19e siècle par l'empire russe… sur la Lune. S'ensuit un joli mélange entre une uchronie où le 20e siècle prend une tournure complètement différente de celle que nous lui connaissons, et des éléments de fantasy plus ou moins cachés dans les recoins de la cité lunaire. À l'image du duc Nikolaï qui la gouverne, la ville de Célestopol dissimule sous ses fastes une réalité bien plus sordide et désespérée… mais n'en reste pas moins fascinante.

Cela m'a pris quelque temps avant d'embarquer réellement dans ce recueil : je rejoins les avis selon lesquels les premières nouvelles sont les plus faibles malgré la qualité du worldbuilding. L'ensemble finit toutefois par décoller et bien que toutes les histoires ne se valent pas, j'en ai trouvé certaines très réussies (en particulier celles avec les automates, on ne se refait pas). de prime abord indépendantes, les nouvelles finissent par se répondre les unes les autres, parfois au gré de fausses pistes habilement mises en place par l'auteur, et s'achèvent sur un final en apothéose. L'écriture se lit très bien mais peut-être de précision par moments, j'ai parfois dû revenir en arrière pour comprendre ce qui se passe ou qui parle à qui.

Somme toute, ce recueil n'est pas sans défauts mais l'auteur parvient à lui insuffler une âme, qui donne bien envie de revenir à Célestopol. Et ça tombe bien, un second opus est paru, centré cette fois sur la cité en 1922…
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Ce que j'ai ressenti:

▪️Et partir vers la Lune…

J'ai pris tout le mois d'août pour lire ce recueil de nouvelles, pour apprécier ce voyage hors du commun. Regarder la Terre de loin, voir des océans d'étoiles, marcher sur un sol de poussières de sélénium lunaire et se perdre dans une autre atmosphère…Et c'est génial de prendre le temps, pour découvrir une destination fabuleuse, dans une ambiance totalement dépaysante, naissant dans la poussière de lune…J'ai adoré ce voyage vers Célestopol, parce que dès les premières lignes, tu sais que tu es déjà Ailleurs, dans un lieu imaginaire entre rétro et futur avec une petite touche de folie Steampunk, mais en plus, Emmanuel Chastellière a une très belle plume. Une plume qui t'embarque vers la Lune, et te laissera des heures durant, un brin rêveur. Ce qui rend bien sûr, la découverte encore plus plaisante. Cette cité sous dôme a le potentiel de nous émerveiller, et on se laisse bercer par ses aventures extraordinaires…En avant toute vers Célestopol, vous ne le regretterez pas!

"Il aimait les mots, leur patine, leur écrin."

▪️En 15 étapes…

15 nouvelles lunaires, lumineuses, brumeuses, hantées, merveilleuses pour faire le tour d'une ville qui use et abuse de démesures…Et lire ces histoires, c'est connaître les petits secrets de ses habitants, son duc extravagant, ses jeux politiques, ses enjeux économiques, les bruits de froufrous, les pleurs des fantômes…C'est aussi entrer dans les coeurs des hommes ambitieux, rencontrer les fous rêveurs égarés, danser avec les intelligences exacerbées, ramasser des trésors fauves brillants, se confronter aux automates, succomber aux charmes de volupté, écouter les légendes contées…Quand je vous dis que c'est un voyage fabuleux! Mais je ne vous dévoilerai pas tous les mystères de cette ville, il vous faudra prendre la prochaine fusée et vous laisser envoûter… Et peut être, aller vous décrocher la Lune…

"Alors, une brume luminescente s'infiltrait entre les tombes, reliant des fantômes aux histoires diverses."

▪️Et rentrer les bras chargés de merveilles…

Pour ma part, c'est fait, je me suis envolée et je reviens avec des étoiles pleins les yeux, des panoramas de paysages lunaires plein la tête, et des émotions stellaires dans mon coeur. J'ai eu mes préférences de nouvelles, car c'est le jeu avec les recueils, mais toutes ont été joliment lumineuses et poétiques, pour que j'en revienne agréablement surprise et partante pour un nouveau tour dans les rues de Célestopol…Du pur plaisir que cette destination!

"Promets-moi que tu ne renonceras pas à tes rêves."



Face cachée 🌙🌙. La chambre d'ambre 🌙🌙🌙. Dans la brume🌙🌙. Les lumières de la ville 🌙🌙🌙. Les jardins de la Lune. Oderint dum metuant🌙🌙. Une note d'espoir🌙🌙🌙. le boudoir des âmes 🌙🌙🌙. La douceur du foyer 🌙🌙. La danse des libellules 🌙🌙🌙. Convoi 🌙🌙. le chant de la Lune 🌙🌙. Fly me to the moon 🌙🌙. Tempus fugit 🌙🌙🌙. le roi des mendiants🌙🌙🌙.


"-Tu veux que l'on enquête sur ces fous qui ne trouvent plus le sommeil et qui prétendent que la Lune leur parle?"



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Au 19ème siècle, l'empire russe parvient à envoyer des hommes sur la Lune. Quelques décennies plus tard, notamment grâce à l'exploitation d'une ressource précieuse nommée "sélénium", la colonie lunaire a prospéré et sa capitale est devenue une métropole capable de rivaliser avec le pouvoir central de Saint-Pétersbourg... De la SFFF française inspirée par la Russie ! il fallait que je me penche sur la question et que je finisse un jour ou l'autre par acheter mon billet de traversier-obus, direction Célestopol... Sa récente réédition chez Libretto, une collection en laquelle j'ai toute confiance, ainsi que ma rencontre avec Emmanuel Chastellière dans le cadre d'un salon où nous faisions tous deux partie des invités, m'en ont enfin donné l'occasion.

Pour en avoir discuté avec l'auteur avant de lire son recueil de nouvelles, je comprends qu'il ait du mal à définir à quel(s) genre(s) le rattacher. Le récit d'une colonisation lunaire, cela semble pourtant évident : c'est de la SF... mais en fait, non. On est ici à des années-lumière de ce qu'a pu faire, par exemple, K.S. Robinson pour l'exploration et la colonisation de Mars. "Célestopol" se caractérise par une absence d'explications scientifiques ou techniques. Ce n'est pas ce qui intéresse l'auteur, qui cherche plutôt (et qui y arrive fort bien ! ) à susciter chez le lecteur l'étonnement, l'émerveillement. Tout le recueil baigne ainsi dans une ambiance Fantasy. Si l'étrange cité de Célestopol a été bâtie sur la Lune, dans un grand nombre de nouvelles cela n'aura pas vraiment d'impact sur le déroulement des événements ; certaines intrigues, à quelques détails près, auraient tout aussi bien pu se développer dans un univers de type médiéval-fantastique. D'ailleurs le ton en est très différent, mais la démarche d'Emmanuel Chastellière m'a rappelé celle de Cédric Ferrand dans "Wastburg" : une suite d'épisodes, souvent sans liens directs les uns avec les autres, dressant le portrait d'une ville imaginaire qui, de fait, endosse le rôle de personnage principal. Ma lecture de cet auteur commence à dater, mais il me semble également avoir retrouvé dans les rues de Célestopol une atmosphère à la Mathieu Gaborit. Il y a pire comme parenté !

L'ouvrage est donc constitué de quinze nouvelles comptant en général autour d'une quinzaine ou d'une vingtaine de pages – le format idéal de la nouvelle selon moi. Prises indépendamment les unes des autres, j'aurais sans doute jugé la plupart d'entre elles bonnes, sans plus ; mais on a là un ensemble de textes homogène, à la qualité constante, qui forment un tout très cohérent. Difficile d'en faire ressortir deux ou trois, toutes ces histoires ont leur intérêt, ne serait-ce qu'en donnant chacune un éclairage différent sur la ville et ses habitants. Célestopol a tant de secrets à nous révéler ! J'aurais peut-être tout de même une petite préférence pour les textes mettant en avant les automates : ceux-ci, par les questionnements moraux qu'ils suscitent, apportent une profondeur supplémentaire à l'univers.

Au rayon des imperfections, j'ai tiqué sur quelques maladresses d'écriture, sur certains passages manquant de fluidité, et noté plusieurs répétitions intempestives qui auraient dû sauter au cours du travail éditorial. Rien de bien méchant toutefois. Petit regret dû à mes penchants russophiles : dans les rues de Célestopol, le lecteur sera amené à rencontrer des sujets de la tsarine, bien sûr, mais aussi de nombreux Français, des Anglais, des Allemands, des Asiatiques, une Québécoise, une Islandaise... bref l'élément russe, qui m'a fait m'intéresser à l'ouvrage en premier lieu, est finalement assez dilué dans le cosmopolitisme de la ville et apparaît en conséquence un peu superficiel, du moins à mon goût. Exemples triviaux mais assez significatifs : il semble qu'à Célestopol on boive plus volontiers une pinte de bière qu'un verre de vodka, et on y utilise le système métrique au lieu des traditionnelles verstes et sagènes...

Ces quelques points faibles ne remettent pas en cause la qualité générale du recueil. Les lecteurs de SF purs et durs risquent de rentrer déçus de leur excursion à Célestopol, mais étant à la base plutôt amateur de Fantasy j'en reviens pour ma part enchanté. Si à l'avenir l'auteur publie d'autres nouvelles dans cet univers (ou pourquoi pas un roman cette fois ?) je serai certainement de la partie.
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C'est grâce aux filles de Bookenstock que j'ai obtenu ce livre dans le cadre du Mois d'Emmanuel Chastellière, pour le mois de Mars 2020.

Je tenais donc dans un premier temps remercier mes amies et l'auteur pour l'envoi de ce beau livre, très sympathiquement dédicacé.

Visiter le blog des copinautes est souvent pour moi l'occasion de m'aventurer vers des lectures différentes pour moi, plus tournées vers l'imaginaire. Genre que j'apprécie mais vers lequel je ne vais pas forcément souvent...

Alors merci de m'avoir permis de m'aventurer sur Célestopol et quel voyage j'ai pu faire, waouh !!!!

Un univers riche s'est déployé sous mes yeux, oui Emmanuel Chastellière à le don assurément de dresser un univers très photogénique.

Oui des images naissent lors de notre lecture. Pour ma part les mots de l'auteur ont fait apparaître des images de dessins animés, de bandes dessinés mais également de films !

Ce recueil de 15 nouvelles aux titres évocateurs et poétiques aborde les vies des habitants de Célestopol, cité lunaire en pleine expansion. Des habitants de chairs et de sang mais aussi des automates de rouages et de mécanismes. Des femmes, des hommes et des automates mais également des animaux et des bêtes semi hommes.

Tous ont des destins plus ou moins sympathiques... Et l'humanité n'est pas toujours là où on penserait la trouver...

J'ai corné un nombre important de pages ( et oui trop pour devoir mettre des marque pages à chaque citation...).

Chaque personnages décrit par Emmanuel Chastellière nous touchent, nous intriguent, nous émeuvent, nous révoltent, nous effraient...

Ai-je des préférences, oui mais je préfère vous laisser faire leur connaissance et les découvrir.

Ce recueil de nouvelles est comme une boite de chocolat dans laquelle il y a 15 goûts différents et on ne sait sur lequel on va tomber et c'est savoureux !

Il n'y a pas d'histoire à proprement parlé, ce n'est pas une critique de ma part car il s'agit bien d'un recueil de nouvelles.

Mais je pense que sur la fin, je vous l'avoue j'aurais souhaité que toutes les 15 histoires finissent par s'entremêler et donner une histoire "globale".

C'est un peu ce qu'il se passe sur les dernières nouvelles et parce que certains personnages se retrouvent dans plusieurs nouvelles et certains même les traversent presque toutes.

J'aurais aimé encore plus de liens entre elles et que les rouages s'imbriquent encore davantage.

Le duc Nikolaï est le personnage traversant toutes les histoires où presque... Son omniprésence dépasse même le temps ...

L'auteur a annoncé sur son blog, l'arrivée d'un deuxième recueil de nouvelles !!! Youpi !

Je serais au rendez-vous, car je gage qu'Emmanuel Chastellière va creuser les histoires et les relier encore plus ! Je serais là, à la faveur d'une remontée ou d'une avancée dans l'espace temps ... Pré apocalypse ou post apocalypse ... Célestopol renaîtra -t-elle de ces cendres ....

Un réel plaisir de lecture dans cet univers foisonnant, étonnant et merveilleux. Un univers où la beauté peut côtoyer l'abject et inversement et où l'humanité surgit là où on ne l'attends pas !

Une belle fable lunaire véritable parabole de la vie sur terre...

Merci Emmanuel Chastellière et bravo à vous.
Je vous souhaite encore d'écrire de si belles histoires !

Je ne manquerais pas de faire valider mon passeport pour la lune... Et même si je ne l'obtiens pas, j'aurais l'audace de m'embarquer sans papier pour alunir ! Quant à vous chers lecteurs, n'hésitez pas, embarquement immédiat pour la lune !


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Célestopol, seule ville sise sur la Lune, vitrine de la puissance de l'empire russe, se dévoile tout entière à nous dans ce recueil de nouvelles très réussi. Emmanuel Chastellière nous promène dans ses rues et sur ses canaux, dans ses bas-fonds sordides et dans les fastes du palais ducal. Il nous présente ses habitants, courageux ou lâches, résigné ou pleins d'allant. Il nous fait rêver et nous effraie, nous terrifie ou nous émerveille. Mais il ne laisse pas indifférent. Bienvenue à Célestopol !

Du steampunk sur la Lune
Célestopol, c'est la ville rêvée des lecteurs de steampunk. Une Venise sélénite, aux canaux emplis de selenium, un gaz brillant aux vapeurs toxiques. Des palais aux structures métalliques et vastes panneaux de verre reflétant le dôme protecteur. Des automates si perfectionnés que certains semblent presque humains, malgré leurs rouages mécaniques et leur carburant lunaire. Des moyens de transport typiques : dirigeables, bateaux à vapeur, obus-traversiers (pour passer de la terre à la Lune, merci Monsieur Verne). Bref, tout un monde classique pour l'amateur et en même temps si bien pensé, si intelligemment conçu, qu'on la croirait presque réelle, cette merveilleuse cité.

Le fantastique en embuscade
Plusieurs de ces nouvelles ont une tonalité franchement fantastique. Dans « Une note d'espoir », par exemple, Emmanuel Chastellière fait intervenir la célèbre guest star des contes russes, Baba Yaga. Cette sorcière iconique est parfaitement intégrée dans les bas-fonds de Célestopol et apporte à la ville cette tonalité inquiétante qu'on retrouve avec le personnage du duc Nikolaï, présent dans beaucoup de textes, dans des registres variés. Fantastique évidemment dans cette nouvelle, mais aussi dans l'une des dernières, « Tempus fugit », où un portrait le représentant évoque le classique portrait de Dorian Gray.

Mais un fond historique
Bien sûr, pas historique au sens strict. C'est à sire que l'auteur s'appuie sur quelques éléments de notre Histoire et il les revisite et les inclut dans sa propre chronologie. Mais les évènements évoqués semblent très réalistes et auraient pu exister si Célestopol avait vécu. Révolte des ouvriers et des plus pauvres, des délaissés, cantonnés dans les sous-sols de la ville tandis que les plus riches s'encanaillent Chez Hécate, le bordel de luxe aux péripatéticiennes automates (« Tempus fugit »). Intervention d'un héros anonyme et masqué qui mène une lutte contre la patrie russe, afin de permettre peut-être à Célestopol de s'affranchir de cette tutelle trop contraignante (« Oderint dum metuant »). Émancipation des automates qui, peu à peu, parviennent à la conscience et ont des envies de liberté, de sortir de leur rôle d'esclaves (« Fly me to the Moon », « Les lumières de la ville »). Et tout cela, sous la direction d'un personnage aussi fascinant qu'effrayant, le duc Nikolaï. Il est le maitre de cette ville et le fait savoir. Il a son destin entre ses mains et agit tantôt comme un souverain capricieux, tantôt comme un démiurge sûr de son pouvoir. Il donne son âme à cette cité, entame l'histoire et la clôt.

Et d'autres histoires
Emmanuel Chastellière nous raconte également des morceaux de la vie de simples figurants, sans grand enjeu sinon leur bonheur ou juste leur survie. Et il le fait de façon souvent touchante. Car si Célestopol semble vivante, c'est en grande partie grâce à ses habitants à qui l'auteur donne de la consistance, de la chair, du sang. le héros malheureux des « Jardins de la Lune » est bien là, devant nous, avec sa détresse, son impuissance. L'automate narrateur du « Boudoir des âmes » est touchant dans son témoignage qui donne envie de crier et d'aller l'aider dans sa prison. L'auteur sait créer en quelques pages des personnages, tout simplement humains (même les automates), aux sentiments si réalistes qu'on peut les ressentir de notre côté.

Célestopol a été pour moi une belle découverte. Même si j'ai été surpris de m'apercevoir que j'avais affaire à un recueil de nouvelles et non à un roman (ce qui n'était pas clairement indiqué dans mon édition), les talents littéraires d'Emmanuel Chastellière m'ont permis de voyager et me croire, moi aussi, dans la Lune, sous ce dôme si fragile et si beau, avec cette foule bigarrée, aux rêves si forts. Et cette lecture me donne envie de me plonger dans l'autre ouvrage consacré à cette même cité, 1922 Célestopol, paru en mars aux éditions de l'Homme sans nom.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Emmanuel Chastellière, co-fondateur du site Elbakin.net et traducteur, s'étaient lancé dans l'écriture en 2016 avec un premier roman fantastique raté, le Village.
Délaissant par la suite le fantastique pur et dur pour le steampunk et la science-fiction, l'écrivain français changeait également de format en s'essayant cette fois à l'exercice fort complexe de la nouvelle avec Célestopol, son second ouvrage initialement publié par les défuntes Éditions de l'Instant en 2017.
Depuis, ce fix-up de nouvelles a connu un destin surprenant après la banqueroute de son premier éditeur. Réédité dans l'excellente collection Libretto, Célestopol se retrouve de nouveau sur les tables des librairies pour donner une seconde chance à un univers alléchant et intriguant, celui d'une gigantesque cité lunaire aux influences slaves assumées.

Dobro Pozhalovat'…sur la Lune !
Célestopol, contrairement au précédent ouvrage d'Emmanuel, n'est pas un roman mais un fix-up de nouvelles, c'est-à-dire un ensemble de quinze histoires courtes se déroulant toutes dans le même univers et dressant un portrait impressionniste d'une Cité Lunaire fantasmée construit dans les années 1900 par l'Empire Russe.
Cette immense cité devient donc, de facto, le principal personnage de Célestopol en mixant les villes de Saint-Petersbourg et de Venise tout en remplaçant l'Eau par le Sélénium, ressource principale de ce bout de roche pas si stérile que ça au final.
Emmanuel Chastellière croque donc petit à petit cet univers à consonance slave (rappelons que la ville est sous la domination de l'Empire Russe) tout en dressant de façon plus générale un portrait de son uchronie personnelle.
En effet, cet hommage à Jules Vernes et Bioshock en passant par le roman russe et le roman-pulp se veut aussi, et surtout, une uchronie où la Russie domine le monde, où Napoléon IV règne sur l'Amérique et où le Siam et l'Empire Chinois se tirent la bourre. Par petites touches discrètes, l'auteur nous plonge dans une histoire alternative du XXième siècle et imagine un monde bouleversé à la fois par l'automate et le sélénium.
Le résultat forme un background idéal pour la Cité Lunaire qui se dévoile durant quinze histoires et forme un lieu fantasmé et irréel du plus bel effet.

Vive le Duc !
Pourtant, au fil de ces nouvelles, Emmanuel Chastellière va surtout ébaucher le portrait d'un homme, le Duc Nikolaï, visionnaire, dictateur, esthète, rêveur et grand illusionniste. Au fil du temps, le lecteur apprend à connaître directement (ou indirectement) le maître de Célestopol tout en l'accompagnant dans ses rêves de grandeurs et de pouvoirs. de sa régate à la révolution de L'Oiseau de Feu en passant par ses démêlés avec un jardinier véreux, Nikolaï devient l'autre personnage principal de Célestopol pour en incarner toutes les contradictions.
Dans l'ombre du Duc, un duo de héros pulp qu'affectionne tout particulièrement l'auteur : Wojtek, un homme dont l'esprit a été transféré dans le corps de l'ours qui l'a tué, et Arnrún, une islandaise rebelle et fine gâchette s'il en est. Ici, Emmanuel rend hommage aux héros-pulps de la SF (et du western) tout en dévoilant la facette mystique/fantastique de Célestopol qui ne manque ni de surprises…ni de fantômes !
Car si l'ouvrage se veut avant tout steampunk et uchronique, le français n'hésite jamais à brasser les genres, abattant les barrières entre fantastique, horreur, thriller et policier. Une prise de risque payante qui offre à Célestopol une diversité thématiques réjouissante.

Mécanique grippée
Bien sûr, tout n'est pas parfait dans Célestopol. Si Emmanuel Chastellière a fait de gros progrès sur le plan du style et de la fluidité, il lui reste encore quelques problèmes d'écriture à résoudre notamment au niveau des dialogues trop souvent mécaniques ou fonctionnels pour leur propre bien. de même, et malgré son goût évident pour les fins abruptes, l'auteur français conclut parfois de façon bien trop précipitée ses histoires. On citera notamment la fin de la Douceur du foyer, avec un épilogue de quelques lignes pour conclure une histoire qui avait pourtant un tout autre potentiel. Ces menus défauts sont cependant cette fois contrebalancés par la réussite évidente de certaines nouvelles comme Les Lumières de la ville ou le Boudoir des âmes qui mettent d'ailleurs toutes deux en scène des automates, autre grand atout dans la manche de Célestopol. L'idée très simple (mais payante) de faire des machines une main d'oeuvre pour la Cité Lunaire amène Emmanuel Chastellière sur les terres de l'esclavage et de la liberté, offrant de magnifiques moments à l'ouvrage et produisant certains des plus beaux personnages de l'auteur.
Mieux encore, cela offre une vision différente de celles des personnages humains rencontrés et permet de relativiser l'exploit technique représenté par la Cité devant le sacrifice qu'elle a demandé pour naître…et survivre.
Finalement, c'est véritablement dans l'ajout de ces créatures froides que le récit trouve le plus de chaleur.

Le travail paye, et celui d'Emmanuel Chastellière sur Célestopol en est la preuve évidente. Avec ce recueil où les genres entrent en collision, l'écrivain français nous offre une balade dépaysante et enivrante sur la plus proche compagne de la Planète Bleue. Et malgré ses défauts, le lecteur en ressort charmé, prêt à retourner sur la Lune pour un nouveau voyage plein de rouages, de sélénium et de manipulations politiques.
Lien : https://justaword.fr/c%C3%A9..
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Il y a bien longtemps, j'ai gagné un concours organisé par l'auteur. Je me suis donc retrouvée avec cette belle édition de Célestopol. Je lis peu de recueils de nouvelles, c'était donc une très bonne occasion de redécouvrir cet exercice de style. Mais dans le genre steampunk cette fois ! Qu'en ai-je pensé ?

J'ai globalement beaucoup apprécié cette oeuvre. L'ensemble des nouvelles souffrait moins des inégalités de qualité que j'avais pues voir dans d'autres recueils ou anthologies. C'est sûrement parce que toutes sont reliées par un fil rouge : Célestopol, la cité lunaire. Il n'est donc pas rare de croiser des personnages déjà vus, des concepts connus... Ce qui rend l'oeuvre très cohérente.

Chaque nouvelle présente la ville sous un nouveau jour. On découvre aussi bien les parties les plus éclatantes de Célestopol que les moins reluisantes. L'univers est très créatif, le format permet à l'auteur de développer mille idées. Ainsi, la lune dispose se ressources propres, d'une politique qui lui est spécifique menée par un duc charmant, ambitieux et retors. Une grande partie de la ville fonctionne grâce à des automates, des mécaniques proches de la robotique, et une ressource aux propriétés multiples, le sélénium. L'histoire prend même des couleurs uchroniques. Sur terre, c'est la France qui domine l'Amérique du Nord. Ainsi, de la technologie jusqu'aux légendes, on observe la construction d'une plus large histoire.

En effet, Célestopol propose des nouvelles sur des dizaines d'années. Des balbutiements jusqu'à la chute. Certains personnages comme Arnrun, une chasseuse de primes islandaise, et son compagnon Wojtek (un ours qui parle) sont récurrents. Cela permet de s'attacher à eux de manière plus pérenne. le duc Nikolai est un exemple de personnages qui dévoile des facettes de sa personnalité au fil de la lecture, ce qui le rend assez complexe et réussi.

En outre, le format des nouvelles permet à Emmanuel Chastellière de jouer sur les genres. Parfois mystiques, souvent mystérieuses et ésotériques, les fins sont également douce-amères. Entre maisons hantées, chasse au trésor et mystérieux complexe scientifique abandonné, Célestopol regorge de secrets et de surprises. du coup, l'ensemble est très varié et propose des expériences émotionnelles variées. Drame, aventure ou nostalgie, chaque nouvelle parvient à distiller un parfum différent.

Je mets un bémol sur la première nouvelle. Sans être catastrophique, je trouve qu'elle est un peu inférieure au reste du recueil, ce qui en fait une entrée en matière peu convaincante.

En conclusion, c'est pour moi un très bon recueil qui repose sur un univers original et fouillé. J'aime beaucoup l'aspect steampunk qui vient se mélanger à d'autres genres pour donner des histoires qui offrent à la fois des curiosités scientifiques et des moments plus dramatiques. L'ensemble dispose de très bonnes trouvailles et propose une aventure palpitante dans les rues fascinantes de Célestopol.
Lien : https://lageekosophe.com/
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Au final Emmanuel Chastellière nous offre un recueil d'une grande richesse et d'une grande variété qui a réussi à m'offrir un très bon moment de lecture, que ce soit à travers sa représentation de Célestopol, son univers qu'il construit, mais aussi dans les différents personnages que l'on croise. Il se dégage ainsi quelque-chose d'envoutant et de poétique de cette ville étrange, à la fois intrigante et sombre. Il joue aussi avec le lecteur, distillant à travers chaque textes des éléments plus ou moins important que l'on s'amuse à tenter de relier pour en comprendre les buts de chacun. On sent clairement que l'auteur peaufine ses textes, tant ils paraissent maîtrisés, soignés et denses, et même s'ils ne sont pas obligatoirement tous au même niveau, dans l'ensemble ils méritent franchement, je trouve, d'être découverts. le côté un peu frustrant vient peut-être du fait que cette ville, à la fois magique et captivante, garde encore de son côté de nombreux secrets, de nombreuses questions en suspend. Qui sait peut-être que d'autres nouvelles seront publiées un jour. Dans tous les cas Emmanuel Chastellière confirme tout le bien que je pensais des ses écrits et je lirai sans soucis d'autres livres, ce qui est une bonne chose car j'ai cru comprendre qu'il avait une année 2018 chargée.

Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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La vitrine de l'Empire russe, la cité de toutes les splendeurs, l'intelligence de l'Homme dans ce qu'elle a de plus créatif
C'est sur la Lune, en ce début de XXe siècle un peu misère, un peu décadent , très très surveillé par le Duc Nikolaï .
Une ville gigantesque sous un dôme de cristal démesuré, une ville dont les rouages secrets plongent dans les entrailles du sol lunaire, là où se terrent les ouvriers , où on les cache comme une maladie honteuse.
Celestopol, ce sont des monuments , des aérostats, des bouges et des ateliers, des mines et un barrage géant qui retient le sélénium, la matière permettant tous ces prodiges.
Celestopol, ce sont surtout des gens. A commencer par le Duc, un personnage lunatique et désespéré, l'âme slave telle qu'on la fantasme, portée à son paroxysme. Puis des artisans, des musiciens, et des automates qu'on croit dénués d'émotions. A tort.
Celestopol, c'est un recueil de nouvelles, chacune s'attachant au destin d'un personnage particulier. Des histoires qui finissent souvent mal, mais qui sont souvent touchantes, empreintes d'humanité. Certes, on s'y perd un peu. Mais qui ne se perdrait pas dans une ville étrangère ? Et finalement, on conserve de cette lecture une impression mélancolique, l'idée d'un projet démesuré qui aurait pu faire le bonheur de tous et qui a ruiné tous les espoirs.
Un bon moment de steampunk, en tout cas.
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Oubliez un instant l'histoire tel qu'on vous l'a enseigné et partez à la découverte de Célestopol.

Car en cette année 1913, une course de régate se déroule dans cette cité lunaire. Lunaire ?

Oui, l'empire russe a créé une ville vitrine sur la surface de l'astre céleste, dirigée par le duc Nikolaï.

Venez donc découvrir ce livre à la couverture si évocatrice qui referme 13 nouvelles, nous narrant l'histoire de Célestopol.

Les nouvelles semblent un format parfois frustrant par le faible nombre de pages, insuffisant pour entrer dans un monde, découvrir des personnages. Pourtant, rien n'est plus faux avec ce recueil.

Ici l'auteur tisse 13 nouvelles ayant pour cadre la cité lunaire. Ce recueil se lit donc aussi comme un roman.

Célestopol est belle et nauséabonde. Riche et décadente.

Les automates y sont plus doués de raison qu'il n'y paraît, considérés comme des objets à user et jeter. Les puissants profitent d'une vie délicieusement décadente alors que les plus pauvres sont relégués dans les sous-sols de la cité. Les voyages jusqu'à la lune n'empêchent pas les baba yaga et autres demovoï du folklore russe de se joindre à l'aventure.

Certains personnages se retrouvent d'une nouvelles à l'autre mais c'est surtout une trame de fond, qui se joue nouvelle après nouvelle, qui assure la cohérence au tout.

En cette période de confinement, je me suis évadée grâce à ce recueil que je vous recommande.
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