L'Empire du Léopard est un très bon roman de flintlock fantasy signé
Emmanuel Chastellière. On y découvre le sort des colons de Coronado, un royaume conquérant, sur la péninsule de la Lune d'Or. Loin de leur patrie, les hommes sont livrés à d'immenses difficultés pour faire prospérer leurs terres et assurer leur sécurité au milieu d'indigènes soumis mais hostiles. le soutien de l'armée s'avère nécessaire, une tâche incombant au régiment du Colonel Cérès Orkatz, appelée la Salamandre, jeune prodige de l'académie militaire exilée pour une raison initialement inconnue et qui tente tant bien que vaille de maintenir le calme tout en essayant de contenter chaque parti. Mais l'équilibre de la situation vacille lorsque le vice-roi de la colonie, Philomé, reçoit une invitation de la part de la famille régnante de
l'Empire du Léopard, un lointain voisin aussi prospère que mystérieux. Ainsi commence un voyage vers cette contrée étrangère qui réservera bien des surprises aux protagonistes.
J'ai passé un moment de lecture vraiment très agréable en compagnie de
l'Empire du Léopard. J'ai apprécié en premier lieu un univers original, tant il est vrai que le flintlock fantasy - ou fantasy “poudre à canon”, qui voit des éléments magiques se marier avec les armes à feu - est sous-représentée en France. le background a été troussé avec beaucoup de soin et d'attention faite aux détails, permettant au lecteur de s'immerger totalement dans ces jungles étrangères grâce au style vif et imagé de Chastellière. Les problématiques colonisatrices ne sont pas occultées et se voient décrites avec justesse. On retrouve des personnages hauts en couleur, avec une héroïne au caractère trempé (Cérès, très beau personnage pleine de charisme et de fêlures) et des seconds rôles de bonne composition, Camellia la jeune indigène sauvée d'un sacrifice magique, Cortellan le mercenaire arriviste, Amaru le prince du Léopard brisé dans sa chair, et il y en a tant d'autres. J'ai un peu moins accroché à certains autres protagonistes, le vice-roi Philomé sans grand charisme (certes voulu comme tel) ou encore des personnages plus juvéniles dans leurs réactions comme Jolyon ou encore Alario, le neveu de l'alchimiste, ce d'autant que le contexte guerrier contraste avec quelques caractères immatures (fait que souligne encore un certain manque de personnages “âgés”, mais c'est un détail).
L'intrigue est un peu lente à démarrer - avec un début de roman plus versé dans la description de la vie des colons et des personnages dans la région de la capitale Carthagène. Mais si on peine à voir au départ où cette galerie de personnage nous conduit, cette réserve se voit gommée par une fin de parcours menée tambour battant. En effet, le rythme du roman va crescendo, l'auteur nous entraînant à sa suite dans un périple qui réserve de gros retournements de situation et une fin tout bonnement haletante, ce qui fait de
l'Empire du Léopard un “page turner” captivant dans ses deux cents dernières pages, ne ménageant nullement les nerfs de ses protagonistes ni de ses lecteurs ! Au final c'est un superbe roman que je classerai personnellement juste derrière
Célestopol du même auteur, certes dans un registre totalement différent.