Le signal

L’horreur avait le pouvoir de s’imposer, elle tachait l’âme plus sûrement que le plus sombre des vins sur une chemise blanche. L’horreur était persistante. 

-Je crois au pouvoir des mots dans les livres, oui.
-Ce sont eux qui dirigent le monde, que ce soient les livres religieux, ceux de loi, de sciences ou même de littérature, sans eux, notre monde s’effondrerait. 

L'épouvantail ne criait plus, cependant ce qui remontait de ses entrailles n'était pas moins terrifiant. Un grognement rocailleux, entre souffrance et colère.

Quelque chose était en train de le ronger.
Il baissa les yeux et vit deux silhouettes noires qui lui dévoraient les pieds et les mollets, et il s'aperçut que ce qui leur servait de gueule l'engloutissait jusqu'au genoux.
Et elles aspirèrent.
XXX sentit son sang fuir ses membres, la chair de ses mollets coula à l'intérieur de lui jusque dans leurs gorges de ténèbres, et bientôt il eu mal à en crever alors que les organes dans sa poitrine se mettaient à descendre, aspirés eux aussi.
Il ne lâchait pas.
Avec une soif insatiable, les Éco le buvaient et jamais XXX n'eût cru qu'il pourrait endurer un calcaire pareil de toute sa vie.
Lorsque ses joues se creusèrent et ses globes oculaires disparurent dans son crâne, les doigts du garçon tenaient encore bon autour de la rambarde.
Puis tout son être se replia comme une baudruche de peau tatouée et de cheveux sur une armature d'os.

En effet, l'horreur avait le pouvoir de s'imposer, elle tachait l'âme plus sûrement que le plus sombre des vins sur une chemise blanche.

- (...) Je suis flattée que vous pensiez à moi ! Cela dit, en toute modestie, personne dans la région n’en sait autant que moi sur les crimes. Je ne rate pas une émission ! (...) Je vous le dit : je suis une fan. Je suis « appui » de connaissance !

Tom fut tenté de corriger l’expression avant de capituler.

- Ce que je veux vous faire comprendre, insista Martha en se penchant vers lui par dessus son bureau, le visage altéré par la fumée de l'encens, c'est que l'homme fabrique ses peurs, il façonne ses mythes, et même ses monstres.

Olivia allait la tuer. Les conséquences auraient pu être terribles. La fillette aurait pu perdre un doigt, et Gemma s’imagina venir la chercher une heure plus tard et découvrir d’énormes rats dodus en train de lui sucer les yeux, mâchouillant les os de ses mains et de ses pieds, un de ces monstres enfoui dans son ventre tendre en plein festin de boyaux de bébé.
Gemma réprima un haut-le-cœur à cette idée. Son imagination allait trop loin.
(...)
Gemma et Zoey sortirent sur le palier et elle referma la porte.
Dans leur dos, le visage d’une poupée se fit écraser subitement par une force invisible, avant qu’on ne lui arrache les bras et les jambes comme si un enfant en colère passait ses nerfs dessus.
Un enfant mauvais.

Elle hurla, à s’en déchirer les cordes vocales. Des bulles sombres crevèrent la surface, emprisonnant ses cris étouffés.
L’eau gicla sur les murs ainsi qu’un peu de mousse, laissant une traînée dans son sillage. Une trace qui, dans l’obscurité, apparaissait noire.
Juste en dessous, un bouillon d’écume, de mains, de pieds et de peau arrachée tourbillonnait tandis qu’un râle interminable s’échappait depuis le lavabo non loin.
Soudain le silence.
Puis la lumière revint dans toute la maison.
L’eau du bain tanguait encore.
Rouge.

Derek Cox, Jamie Jacobs et Tyler Buckinson, la diabolique trinité des enfers de Mahingan Falls. Stars de l'équipe de football locale, les Wolverines.