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EAN : SIE152625_720
Nelson (30/11/-1)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Miss Rovel, c'est Meg. Une ravissante anglaise. L'être le plus fantasque, le plus tourbillonnant, le plus irrésistible... Exactement le genre de femme que Raymond Ferray déteste rencontrer.
Misogyne à la suite d'un échec sentimental, ce jeune savant s'est installé en Suisse pour y vivre auprès d'Agathe, sa soeur aînée. II suffit d'un hasard de voisinage... Miss Rovel a tôt fait de conquérir l'indulgente Agathe, mais elle irrite son frère. Ce trop joli, cet in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Aujourd'hui encore, « Miss Rovel » reste l'un des plus célèbres romans de Victor Cherbuliez, et l'un des mieux vendus et des plus réimprimés de son vivant. C'est pourtant loin d'être le meilleur de cet auteur, qui fut en bien des occasions l'un des observateurs les plus habiles et les plus délicats de son temps. Mais avec cette histoire d'amour improbable et tumultueuse, Victor Cherbuliez a posé les bases littéraires d'un genre qui a fait école : la comédie romantique.
En effet, si Victor Cherbuliez a toujours beaucoup manié l'humour, c'était toujours au sein d'une problématique sérieuse ou d'un drame familial. Ce mélange de frivolité et d'intrigue, dénonçant souvent, sans aménité mais avec une argumentation intelligente et rationnelle, les conventions stupides de la bourgeoisie et le manquement de bien des personnes aux valeurs morales qu'elles prétendent pourtant incarner, est pour beaucoup dans la qualité littéraire de l'éminent travail de Victor Cherbuliez.
« Miss Rovel » raconte l'histoire d'un vieux garçon bourru, Raymond Ferray, qui après un grand chagrin d'amour et un voyage autour du monde pour y semer sa peine aux quatre vents, s'est résolu, aux abords de la quarantaine, à se recroqueviller chez lui, dans la campagne genevoise, en compagnie de sa soeur Agathe, boiteuse et restée elle aussi vieille fille, afin d'y étudier les grands textes de la littérature antique et orientale. Cette existence studieuse et misanthrope se déroulerait sans heurts, si sa propriété "L'Ermitage" ne se trouvait avoir de singuliers nouveaux voisins en la personne d'une aventurière anglaise, Lady Rovel, et de sa jeune fille de 17 ans, Meg, avec laquelle elle a des rapports très conflictuels.
Raymond est déjà très irrité d'avoir surpris la jeune fille, volontiers sauvageonne, grimpant dans ses arbres pour y chiper des fruits. Un jour alerté par des hurlements incessants émanant de la maison Rovel, Raymond s'y rend pour se plaindre, trouve avec stupeur toutes les portes ouvertes et finit par découvrir que ces cris émanent d'une armoire dans laquelle Lady Rovel a enfermé sa fille. Après avoir délivré l'adolescente, Raymond Ferray attend de pied ferme la mère indigne qui ose traiter ainsi sa progéniture. Mais Lady Rovel, noble séductrice, grande dévoreuse d'hommes, n'est pas habituée à entendre des reproches de la part d'hommes qui ne s'agenouillent pas devant elle. Puisque Raymond Ferray se préoccupe tant de la santé de Meg, elle le nomme son tuteur, lui recommandant d'envoyer chaque mois toutes les factures nécessaires à l'entretien de la donzelle, qu'elle payera rubis sur l'ongle.
Tiraillé entre sa misanthropie farouche et la bonne éducation reçue dans sa jeunesse, Raymond Ferray ramène, un peu perdu, la jeune Meg chez lui, où Agathe accueille avec un plaisir non dissimulé cette adorable pupille tombée du ciel, tant elle-même vivait plus douloureusement l'existence recluse à laquelle la contraignait son frère.
Petit à petit, Meg prend une place dévorante au sein de ce foyer, qui gagne en joie de vivre ce qu'il perd en tranquillité, du moins aux yeux de Raymond. Car privée d'amour et de considération depuis sa naissance, Miss Rovel a un terrible besoin d'exister aux yeux de ses parents adoptifs et de focaliser leur attention en permanence, allant même jusqu'à gribouiller ou déchirer les précieux documents latinistes de son tuteur. Celui-ci tente en vain de modérer son tempérament en lui donnant une éducation en littérature et en histoire, mais pour autant, le tempérament fougueux de Meg ne change pas, il évolue même dangereusement au fur et à mesure que la jeune fille se sent devenir de plus en plus femme.
Raymond s'en rend compte un jour, où jetant son chapeau dans la rivière toute proche, Meg pousse de grands hurlements et va se réfugier dans un arbre. Paniqué, Raymond se lance dans la rivière, appelant en larmes la jeune fille qui, hilare, se révèle alors dans sa cachette haut perchée, ravie de consatter qu'on tient tant à elle. Pour Raymond, cette moquerie cruelle de femme lui en rappelle une autre et, blessé, il ordonne que Meg quitte la maison, terrifié lui-même par l'attachement de plus en plus ambigü qui le lie à la jeune femme…
Sonnée par le dédain de Raymond, Meg Rovel n'est pourtant elle-même plus capable de renoncer définitivement à lui.
Aussi va-t-elle mettre en place un stratagème astucieux pour le faire venir là où sa mère l'a momentanément reléguée pour la marier : dans la ville de Florence en Italie. Par courrier, elle lui demande de venir juger les prétendants qui veulent l'épouser, puisque s'il a chassée Meg de chez lui, Raymond n'a pas officiellement annoncé à Meg ou à sa mère qu'il renonçait à son rôle de tuteur.
Il pourrait le faire par retour de courrier, mais souffrant déjà d'une terrible dépendance à la jeune femme, qui lui manque plus qu'il ne le supposait, il part sur l'heure pour Florence où il parvient à se brouiller avec quasiment tous les prétendants, à l'exception d'un seul dont la sincérité des sentiments parvient à l'émouvoir, mais Meg le juge trop jeune et elle laisse entendre à Raymond qu'elle préfèrerait épouser un homme plus âgé, si seulement il se déclarait.
Une fois encore, Raymond Ferray ne parvient pas à assumer ses sentiments pour Meg, qui se heurtent à un choix de vie misanthrope auquel il veut se tenir, et il repart pour Genève. Mais quelques semaines plus tard, alors que Lady Rovel vient se plaindre que Meg a été enlevée par le soupirant choisi par Raymond, le sang de ce dernier ne fait qu'un tour. Il parvient non sans mal à retrouver le jeune homme, et comme celui-ci refuse de lui dire où est Meg, Raymond le provoque en duel. Comme le jeune homme lui rétorque qu'un tuteur n'a pas se battre pour sa pupille, Raymond lui répond qu'il ne se bat pas en tant que tuteur, mais en tant que rival, car il aime Meg de toutes ses forces et préfère mourir que de ne plus jamais la revoir. Alors il a la surprise d'entendre une voix claire et familière qui jaillit d'une cache en répétant : "Il l'a dit ! Il l'a dit !"
Et Meg de présenter à son futur mari celui qu'elle a fait passer pour son soupirant : William, son frère, lequel vivait avec son père dans de lointaines colonies jusqu'à son retour il y a quelques mois. Vaincu par l'opiniâtreté de la jeune Meg, partagée par William qui reconnait en ce tuteur un homme de grande valeur qu'il ne peut que souhaiter pour sa soeur, Raymond n'a plus d'autre choix que de faire à Lady Rovel une demande en mariage en bonne et due forme…
L'histoire est charmante, et Victor Cherbuliez est suffisamment un bon écrivain pour doser à merveille les multiples rebondissements de son récit, mais il faut bien admettre, que contrairement à la plupart de ses autres romans, celui-ci est bien peu crédible. Il faut retourner aux tout débuts de Cherbuliez et à son roman "gothique" « le Comte Kostia » pour retrouver un tel irréalisme.
Il n'empêche, le public a tranché et s'est laissé porter par le charme sirupeux de cette romance improbable entre un ermite blasé et une jeune chipie. Et même si, pour ma part, je trouve ce roman plutôt trivial, assez prévisible même, ce qui n'est pas dans la nature des récits de Cherbuliez, sa lecture en est tout à fait plaisante.
Néanmoins, pour les lecteurs contemporains, « Miss Rovel » peut se révéler gênant à cause de multiples allusions racistes dont, là aussi, Cherbuliez n'est pas coutumier. Meg Rovel a en effet une demoiselle de compagnie d'origine africaine, à laquelle l'auteur prête un tempérament un peu exalté. Or, Meg Rovel se moque souvent d'elle, lui reprochant de se croire belle alors qu'elle a un "nez camus". La plaisanterie, bien lourde, revient à plusieurs reprises, chaque personnage croisant Pamela étant quelque peu gêné par le caractère épaté de son nez. Curieusement, la couleur de la peau ne pose pas problème, mais la forme du nez, si. C'est en ce sens que la remarque est moins raciste qu'on le suppose, car elle ne s'appuie pas sur une question de "race" mais sur une définition de l'esthétisme en art : il était convenu d'avoir au XIXème siècle des canons de beauté inspirés de l'Antiquité et des statues grecques ou romaines. le "nez grec" était considéré comme la perfection sur un visage féminin. Un célèbre critique d'art de la même époque avait écrit que "la femme japonaise est la négation de la beauté grecque". Là aussi, il faut voir dans ce genre de déclaration hautement stupide une simple évidence de ce que pouvait être les diktats en matière de beauté pendant un siècle où la beauté ne se percevait que dans une quête de perfection académique.
Aujourd'hui, évidemment, nous sommes loin de ces idées étriquées, et nous savons que chaque type ethnique possède son genre de beauté et ses propres critères, que l'on peut apprécier autant, voire plus, que d'autres. Néanmoins, cette remarque réitérée au sujet du nez de la servante africaine Pamela peut apparaître de nos jours comme ouvertement raciste, et très agaçante par ses répétitions, mais l'intention de l'auteur n'était originellement que de faire ce qu'on appelle actuellement un "running gag" autour d'un personnage de jeune fille un peu coureuse, qui a trop confiance en ses charmes pourtant discutables. Il faut donc se remettre dans le contexte de l'époque, pour comprendre pourquoi une telle plaisanterie était plus drôle et inconséquente à l'époque qu'elle ne nous le parait aujourd'hui.
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