"Blanche, espionne de la Reine" ne fait certes pas échec à sa souveraine, mais à la lectrice que je suis, si.
Cuisant, l'échec.
J'étais pourtant ravie de recevoir ce roman dans le cadre de la dernière masse critique consacrée à la jeunesse, et je tiens d'ailleurs à remercier chaleureusement Babelio et les éditions Pocket Jeunesse pour cet envoi, mais Blanche n'a pas tenu ses promesses.
Sur le papier, l'ouvrage d'
Angélique Chevalier avait tout pour me plaire: j'ai clamé assez haut mon amour pour les romans de capes et d'épées et les héroïnes qui dissimulent entre leurs jupons des fleurets aux lames bien aiguisées.
Ainsi, forcement, lorsqu'une quatrième de couverture me parle de 1633 et de la reine Anne d'Autriche, évoque le Cardinal de Richelieu et des complots à tout-va, me vante -enfin-une jeune fille intrépide, fille d'honneur doublée d'une espionne hors-pair, je ne peux qu'être attrapée et fébrile. Je ne peux qu'attendre avec impatience le moment de me plonger dans le roman et m'imaginer m'en délecter avec gourmandise.
Que nenni, mes amis, que nenni!
Il n'y a rien dans ce roman, absolument rien.
L'intrigue a l'épaisseur d'une crêpe, voire d'une feuille de brick et est d'une cohérence plus que douteuse, assaisonnée d'une narration sans travail ni consistance. Trop peu de parties narratives pour contextualiser, expliquer alors même que les intrigues mises en place en exigeraient dans cette histoire construite comme une succession d'actions, façon mauvais film d'aventures, gros budget mais pas de scénariste digne de ce nom. Je passe sous silences les anachronismes aussi nombreux qu'insupportables, les personnages manichéens et monochromes, aussi peu crédibles que possibles et travaillés à l'emporte-pièce made in China ainsi que la tentative -lamentable- de rattacher "Blanche espionne de la Reine" au plus grand roman du Monde. Ce n'était pas bête sur la papier, mais encore faudrait-il avoir lu les Trois Mousquetaires pour se permettre de s'en servir. L'auteur, ici, n'a manifestement lu ni Dumas (et en soi, ce n'est pas tragique) ni aucun livre traitant de la cour de
Louis XIII (et quand on veut écrire un roman sur le sujet, même pour la jeunesse, ce n'est rien de moins qu'un crime).
Vide et mauvais de bout en bout.
Pour être honnête, je m'en suis voulue d'éprouver une telle aversion pour ce roman -fort joli objet au demeurant- et je me suis questionnée.
C'est peut-être moi? de ma faute à moi? Peut-être suis-je à présent trop vieille pour ce genre de lectures qui se destine à la jeunesse? Certes, oui, j'adorais ce genre d'histoires quand j'en avais l'âge, mais aujourd'hui?...
Sauf que je lis encore aujourd'hui pas mal de romans "jeunesse" et nombreux sont ceux qui m'emportent, même si je ne suis pas le coeur de cible: je pense à
Timothée de Fombelle, à
Flore Vesco et à tant d'autres... Je pense, pour rester dans le thème à cette merveille qu'est "Olympe de Roquedor"...
Le problème n'est donc pas cette estampille "jeunesse" et je suis allée chercher des réponses autre part.
Je me suis demandée, du coup, si cette "Blanche" que je n'aimais pas aujourd'hui aurait pu me plaire à l'époque, alors que j'étais bien moins exigeante et je suis allée fureter du côté de ma bibliothèque d'enfants où un promeneur pourrait ramasser à la pelle les romans historiques "à la Blanche". J'ai mis de côté ceux que je n'ai jamais cessé de lire et d'aimer (oui, oui, c'est à vous que je pense "Les aventures de la Chevalière" et "La Chevalière et le panache blanc") pour relire ceux que j'adorais mais qui me semblent moins miraculeux qu'avant à présent que j'ai grandi: "Les Orangers de Versailles" et autres Anni Pietri; mon duo gagnant signé Annie Jay "Complot à Versailles" et "A la poursuite d'Olympe"... Ils ne sont pas exempts de défauts propres au roman historique destinés au jeune lectorat, mais ils sont aussi pleins de qualités: narration soignée et précise, personnages travaillés, contexte historique explicité et respecté autant que faire se peut... et quel plaisir de les relire aujourd'hui, même en tant qu'adulte! C'est autre chose que "Blanche, espionne de la reine" dont je suis convaincue que je l'aurais détesté il y a vingt ans autant qu'aujourd'hui.
J'ai cherché, vraiment, mais pour moi, c'est un verdict sans appel: ce roman est un mauvais roman. Mauvais roman qui, en outre, fait le choix de faire injure à l'intelligence de ses potentiels jeunes lecteurs qui valent et méritent mieux que cette chose bâclée et mal troussée.