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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jeannette, elle rêve de rencontrer Eleonore. Une crocodile recueillie par le zoo de Vannes, après un sauvetage des égouts de Paris. Sauvetage ou évacuation, question de point de vue.
Pour ses dix ans, sa mère lui a promis. Cette fois, c'est la bonne. On se lèvera tôt, on se préparera un pique-nique, on se racontera où c'est qu'on va aller, quand on aura vu Eleonore, et puis l'océan, et puis. Et puis la mère noyée dans sa bouteille de vodka. Vide.
On ira une autre fois.
C'est pas la mer à boire.

Onze ans.
Douze ans.
Treize...
Elle en fête, des anniversaires, Jeannette. Entre sa mère qui boit trop, puis qui boit moins. Et puis un peu trop à nouveau. Son oncle autiste, et toute cette tendresse qui déborde de partout, des sourires, des mots, des pages. de l'établissement où il a été placé. Son meilleur ami. Les parents de son meilleur ami.

Rien que la vie, finalement.
Tu vois, Jeannette. Rien que la vie. Qui passe. Reprend tout. L'usine qui ferme. le bled qui crève, d'économie, d'ennui.

Et Eleonore alors ?
On la verra quand ?

Un roman d'une tendresse folle, qui oublie de se lamenter, de pleurer sur ses personnages. Même quand ça secoue méchamment. On sourit, on rit, on picole trop, on se fait licencier, on batit des rêves avec trois bâtons ou trois brindilles trouvés sur le chemin. On en fera des histoires ! On a peur du temps qui passe. Et puis tout le reste.
"Qu'est-ce qui reste"

Un coup de coeur
Pour le titre. Pour l'histoire. Pour cette putain de belle écriture, absolument réaliste, absolument rythmique. Vous savez, quand il n'y a rien à retrancher. Plus rien à ajouter. Puisque tout est là.
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Plus qu'un roman, ce livre est un recueil d'humanités - humanités malmenées, blessées, perdues, mais surtout des humanités excellemment réalistes... et attachantes.
Séverine Chevalier possède une impressionnante habileté pour dépeindre des femmes et des hommes rongés par ces maladies rampantes que sont la solitude, la soumission, la culpabilité, la pauvreté ou l'alcoolisme. Ses tableaux ne nous épargnent ni la brutalité de ces vies bousculées ni les errements de personnalités soumises au flux et au reflux de leur volonté, entre bonnes résolutions et sévérité du quotidien, entre soutien amical et manipulation perverse. Ce résultat doit autant à son écriture, vivre et précise, qu'à son regard courageux sur les humains, leurs beautés, leurs travers et leur aptitude inégalable à rêver et à détruire leurs rêves.
Cela dit, en toute honnêteté, l'autre raison qui me pousse à dire que ce texte est autre chose qu'un roman, c'est que l'ensemble des portraits qui le composent m'a paru tissé de liens artificiels. L'intrigue n'en est pas vraiment une et je retiendrai en réalité de ma lecture l'impression d'avoir visité un patchwork de fragments de vie. Certains de ces fragments prennent la forme de nouvelles, comme les 30 premières pages, puissantes, bouleversantes, magnifiquement construites, qui tournent autour de trois personnages principaux, Jeannette, sa mère Blandine et son oncle Pascal, accompagnés par deux autres protagonistes superbement décrits : la nature auvergnate et l'alcool.
D'autres passages, plus courts, parviennent pourtant à nous secouer avec autant de force : les remords d'un fils au décès de son père ; la violence meurtrière d'un mari, surgie au coeur d'un moment tranquille, dans un décor banal ; la révélation faite à des enfants que la nature qu'ils aiment peut, elle aussi, être cruelle ; le sentiment de relégation des habitants de cette France rurale en pleine déréliction ; l'isolement des personnes au fonctionnement mental inhabituel ; et l'alcoolisme, encore, comme un fil directeur insidieux qui coule de chapitre en chapitre.
Ce n'est donc clairement pas comme un roman qu'il faut envisager ce livre, mais comme une galerie de personnages et, surtout, comme une preuve d'un talent d'écriture supérieur.
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À bas bruit et à basse fureur, le choc sourd entre les espérances intimes et les chaos socio-politiques, dans la trace d'une fillette n'ayant pas pu voir le crocodile dont elle rêvait.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/07/30/note-de-lecture-jeannette-et-le-crocodile-severine-chevalier/

Publié en mars 2022 à La Manufacture de Livres, « Jeannette et le crocodile » ne doit pas être raconté, mais doit absolument être vécu, en se coulant dans l'écriture lancinante, subtilement obsessionnelle, de Séverine Chevalier. Sachez seulement que la petite fille, pour ses 10 ans, rêvait d'aller voir le crocodile du parc animalier voisin, mais que cela n'arrivera pas, puisque sa mère Blandine, qui voudrait bien mais ne peut point, a une nouvelle fois rechuté dans l'alcool la veille de la visite prévue. Ce sera donc partie remise, encore et encore… jusqu'à ce que Jeannette, quelques années plus tard, conclue à sa propre manière ce rêve toujours décalé, en imprimant sa marque sur un chaos intime qui est bien l'empreinte d'un chaos plus vaste, socio-politique s'il en est dans cette petite ville thermale en perdition industrielle, raconté à bas bruit et à basse fureur en une narration dont le héraut exemplaire, logiquement, est le jeune oncle neuro-atypique, Pascal, désormais placé en foyer, et dont la lutte acharnée et pourtant douce avec l'oubli et avec l'obsession résonne en profondeur avec la trame des événements, anodins en apparence et lourds porteurs de sens, in fine.

De Séverine Chevalier, on avait beaucoup aimé, il y a huit ans, son « Clouer l'Ouest », où, déjà, les lieux de l'enfance forçaient à un retour sans complaisance sur les occasions perdues de vies conduites au bord du gouffre, consciemment ou non, mais s'acharnant pourtant toujours à élaborer du rêve. Après « Les Mauvaises » en 2018, elle nous offre ici une extraordinaire leçon de chocs systémiques se produisant à un niveau largement invisible, de la manière dont les très grands prédateurs et les tout petits, dont les hasards et les nécessités qui n'en sont pas toujours, dont les accidents programmés ou non, orchestrent lentement mais sûrement la rencontre entre le chaos des vies individuelles – et de leurs rêves qui ne se réalisent jamais – et la spirale démente du collectif qui n'en est pas un, en roue libre par avidité à court terme et frustrations polycellulaires bien décidées à s'exprimer, tôt ou tard.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Jeannette et le crocodile c'est l'histoire d'une promesse d'anniversaire faite à une petite fille au fil du temps et des années qui passent. Rencontrer un crocodile, Eléonore, qui des égouts de Paris s'est retrouvée dans un zoo, Jeannette en rêve, Jeannette l'imagine, Jeannette la dessine.
Les promesses, c'est fait pour être tenu, non? Pas toujours, quand la vie passe par là...
10 ans... Jeannette a tout préparé, le pique nique, les habits, le petit déjeuner, elle attend patiemment sa maman. Elle attend et elle y croit. Et puis, la voix dans la chambre, à l'étage: "Jeannette, je ne me sens pas bien...". C'est la bouteille de vodka bue pendant la nuit par sa maman qui l'a emporté contre la promesse.
Vodka 1 - Jeannette 0!
Jeannette, ce sont des anniversaires à répétition, mélancoliques, faits de petites déceptions, de promesses non tenues, d'attentes éperdues. Parce qu'il n'y a pas d'argent, parce que les fins de mois sont difficiles, parce que l'alcool passe par là, parce que la vie n'est pas un conte de fées, c'est juste la réalité d'une vie où l'on se débrouille, on fait avec ce qu'on a, ou ce qu'on n'a pas.
11 ans, 12 ans, 13 ans... La vie passe, les déceptions sont là, les promesses envolées, le quotidien étriqué.
Jeannette a des rêves, oh oui! Elle a aussi un oncle placé dans un centre d'accueil parce qu'il ne rentre pas dans les cases, un oncle qu'elle aime, plein de poésie, plein d'empathie. Elle a un ami, avec qui elle imagine des projets, des rêves pour après. Elle a des idées aussi pour faire changer le monde, ce monde dans lequel elle vit sa jeunesse, passant de déceptions en renoncements, ce monde où le chômage rode, où les adultes y croient puis abandonnent. Parfois. Souvent.
Jeannette, c'est une histoire de vie qui pourrait arriver à chacun d'entre nous, écrite avec finesse, réalisme et nostalgie à la fois, on referme le livre, l'histoire est finie, ah oui, déjà... Et Jeannette nous reste dans un petit coin de la tête...


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Dans un hameau en pleine nature, mère et fille vivent de trois fois rien. Jeannette, ça lui va. Elle a des rêves.
Le plus grand est de rencontrer Eléonore, ce crocodile trouvé dans les égouts de Paris et qui vit maintenant à Vannes.
Blandine lui a promis de traverser la France et de l'emmener la voir.
Mais Blandine est accro à la Vodka…

Dans cette ancienne région minière, où l'industrie s'effondre, chacun vit comme il peut et s'accroche à des routines dérisoires faute de courage pour aller chercher mieux ailleurs.

Dans cette désolation, arrive Dirck.
Dirck séduit tout le monde, appuie sur le bon bouton de chacun pour charmer, se faire aimer au fil des années et Blandine s'accroche à lui autant qu'à sa bouteille.
Seule Jeannette n'est pas dupe…

Séverine Chevalier donne la parole à une galerie de personnages tous plus authentiques les uns que les autres. C'est noir, poisseux. Mais tellement humain!

Son récit est ancré dans une réalité sociale et écologique très actuelle, et Jeannette représente très bien cette enfance cabossée à qui le monde des adultes et le monde à venir n'offrent plus aucun rêve.

Un très bon roman!
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