Discrètement, en passant, sans quasi-prévenir de peur de déranger,
Séverine Chevalier donne de ses nouvelles avec Une Campagne.
Une campagne comme on en trouve un peu partout en France, un lieu ancestral et sans histoire, où « comme partout, ça taffe, ça tâte, ça ôte, ça taille, ça taloche, ça touille, ça traîne, ça tremble et même, ça tue. »
Et même ça vit d'ailleurs, différemment sans doute, mais ça vit. Au bar PMU, à l'Intermarché de Marilyn, le long des chemins où l'on entend les saisons qui passent, sous le regard des pierres qui restent et observent.
Mais une campagne qui disparaît, par étapes successives pour ne pas alarmer ceux qui ne veulent pas être alarmés, qui s'enfonce et retourne dans sa matrice originelle. Voilà, c'est fait. Personne n'a rien vu. Pour les autres, vous pouvez reprendre vos occupations.
Une Campagne est un cri ; un cri paradoxal de calme, de silence, de gravité ; un cri intime et pudique à l'image de son auteure qui traverse le livre cachée avant d'apparaître en notice 85 ; un cri qui nous rappelle la différence entre anonymat et disparition, et nous apprend le verbe débarouler.
Un livre sorti chez Ours éditions, « maisonnette » artisanale qui « fabrique » elle-même ses objets et affiche fièrement ses valeurs : « En mettant ces livres dans vos poches, nous ne cherchons pas à remplir les nôtres… »