La dernière fugitive

Comme d'habitude, Tracy Chevalier nous emmène dans une contrée et à une époque particulière : ici dans l'Ohio, au XIXème siècle, au sein de la communauté quaker. On suit le destin d'une jeune femme arrivant de Grande-Bretagne, en deuil de sa soeur, et qui va devoir construire sa vie…
Même si l'ambiance m'a plu, je dois avouer que ce roman m'a (un peu) ennuyée. Sans doute y a-t-il trop de choses dedans : une histoire de famille à peine esquissée, la religion mais pas beaucoup, l'esclavage et les fugitifs mais pas beaucoup non plus, la maternité un peu… En fait, trop de multiples sujets juste évoqués, un peu pâles, qui ne donnent pas à ce roman la puissance romanesque qu'il aurait méritée.

J'ai trouvé ce roman très long et j'ai été au fil des pages dans l'attente d'un événement qui n'ai jamais vraiment arrivé. L'histoire tourne autour des Quakers et des patchwork dont les descriptions sont quand mêmes longues et répétitives. le roman aborde également le rôle du "chemin de fer clandestin" permettant aux esclaves noirs du Sud de fuir vers le Nord mais de manière trop superficiel.
Une histoire cousue de fil blanc, au sens propre comme au figuré, et qui se termine plutôt bien.

Autant le dire tout de suite, je ne partage pas l'engouement général pour ce roman ! Et pourtant, la communauté Quaker, l'émergence de la société américaine et les prémices de l'abolition de l'esclavage sont des sujets qui me parlent, et je me faisais une joie de plonger dans cette lecture.

J'admets que, comme toujours, Tracy Chevalier a su donner vie à ses décors. Que ce soit pour décrire les tissus chamarrés des quilts, le goût délicat du maïs grillé ou les bois sauvages et menaçants, son talent descriptif est indéniable.

En revanche, la structure simpliste de l'intrigue, les évènements convenus qui s'enchaînent sans surprises et les ficelles évidentes ont progressivement émoussé mon intérêt. Comprenez-moi bien, ce n'est pas le rythme lent ou l'absence de rebondissements spectaculaires qui m'ont fait défaut. Non, c'est bien plus ténu, plus impalpable que ça, et je suis bien en peine de mettre des mots sur ce ressenti ! D'ailleurs, si je savais ce qui donne de la consistance à un texte, j'écrirais des romans à succès et je deviendrais riche et célèbre et j'aurais un pied à terre à Chamonix et un autre sur la côte d'Azur et... Ahem. Excusez-moi, je m'emballe.

J'ai tout de même goûté cette petite initiation à la couture, des sages courtepointes aux chapeaux frivoles. Je me suis même surprise à taper "Étoile de Bethléem" et "Étoile de l'Ohio" sur Google image pour en apprécier les différences ! Mais est-ce suffisant ?

Ma déception est certainement à la hauteur de mes attentes, j'espérais un coup de coeur, j'ai plutôt eu un coup de barre !
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A mon grand désarroi, je suis pour la première fois un peu déçue par T. Chevallier. Peut-être que l'héroine manque un peu de charisme !
Sinon, le sujet traité est intéressant car trés documenté tant au niveau historique (on apprend que la déclaration d'Indépendance ne considère pas les Noirs comme des citoyens à part entière), on découvre le mode de vie de la discrète communauté des Quakers dont le rôle actif dans le "Chemin de Fer Clandestin" (réseau pour faire passer les esclaves en fuite au Canada)est connu.
Du point de vue des arts populaires, la fabrication des quilts est largement évoquée et l'auteur s'y est même essayée !
Malgré tout, j'ai trouvé l'ensemble un peu mou. Mais j'attends son prochain avec impatience....

Ce qui m'a le plus intéressé dans ce livre « la dernière fugitive » c'est la richesse de sa documentation. J'ai appris une foule de choses sur des sujets que j'ignorais totalement (la vie au sein d'une communauté de quakers, les contradictions entre leurs positions religieuses strictes et leurs mises en application notamment sur la question l'esclavage, les usages très codifiés concernant les « quilts » (c'est clair je ne verrai plus un édredon de la même manière).
L'auteur nous dépeint une Amérique en pleine construction à travers le regard de l'héroïne, anglaise, qui peinant à trouver sa place et souffrant quelque peu du mal du pays, se livre constamment à une comparaison entre les deux pays, les deux peuples. Et ces petites ou grandes différences sont brossées avec beaucoup de réalisme à travers la peinture très vivante du quotidien
Les personnages des femmes en particulier sont puissants et bien retranscrits : la belle-mère, la modiste, la femme noire qui abrite les esclaves en fuite.
Pas de romance, pas de sentiment amoureux dans ce livre. On sent bien que, surtout à ce stade de la vie de cette jeune femme, il s'agit avant tout de survie et d'adaptation.

Tracy Chevalier possède l'art de vous faire voyager dans des époques et des univers très différents. Mon roman préféré reste "La jeune fille à la perle". Ici nous sommes chez les Quakers en 1850 à peu près. Honor Bright est une jeune fille qui a quitté l'Angleterre pour venir vivre avec sa soeur aux Etats-Unis. Or, sa soeur meurt de la grippe et Honor se retrouve seule dans un pays inconnu. Elle va découvrir une nouvelle culture, de nouveaux aliments, des façons de faire différentes. Elle sera confrontée au bien et au mal à travers la problématique de l'esclavage. Il existe un réseau de personnes autour d'elle qui aident les esclaves en fuite mais il y a aussi des chasseurs d'esclaves. Il lui faudra se positionner au sein de la communauté des Quakers.
Petit à petit, elle va finir par trouver sa place, en se mariant et en devenant vraiment elle-même. Un joli roman, plein d'humanité, bien écrit mais manque de force peut-être.